Les slogans politiques, affichés et scandés par les étudiants, sont de véritables cris de guerre. L'agitation islamiste au sujet de la suppression de la filière sciences islamiques, se poursuit. Après l'université des sciences islamiques de Constantine où la situation a failli dégénérer, c'est au tour de l'institut islamique de l'université Hadj-Lakhdar, de monter au créneau. En effet, l'assemblée générale organisée, hier, dans l'un des amphithéâtres de l'Institut islamique de la ville de Batna sous la bannière de la confédération des étudiants de cet institut n'a fait que durcir le ton des étudiants à poursuivre la grève déclenchée le 21 mai 2005 et le boycott des contrôles et des soutenances. Cette assemblée générale a été décidée, semble-t-il, pour ressouder les rangs du mouvement suite à la rencontre des étudiants de cet institut avec le recteur, Docteur Mohamed Khezzar, tenue samedi dernier. Il convient de rappeler que le recteur avait proposé aux étudiants de rompre le mouvement de grève et de reprendre les études. Un appel qui n'a pas apporté les fruits escomptés. Les slogans politiques, affichés et scandés par les étudiants, sont de véritables cris de guerre pour une large mobilisation contre ce qu'ils considèrent comme une trahison ou infidélité à la religion islamique. «La suppression de cette filière du secondaire est une atteinte à l'islam», nous fait remarquer un étudiant rencontré sur les lieux. Le représentant de la Ligue nationale des étudiants algériens va plus loin et considère que «cette décision est une honte», puis il la qualifie de «nar oua laïssa karrar» (du feu et non une décision). A la fin sur un ton dur, il renvoie la balle dans le camp de la société pour décider en disant: «Seul le peuple algérien pourrait trancher dans cette affaire et non un ministre ou un chef de gouvernement.» Dans tous les discours qui nous ont été tenus, nos interlocuteurs voyaient des «forces occultes» qui oeuvrent pour affaiblir la religion et détruire l'union des musulmans. Rares sont les étudiants qui ont vu le contraire dans cette décision et considèrent que c'est un pur stratagème ou un large front, selon leurs termes, pour faire avorter la réforme du système éducatif. «L'expédient auquel certains partis islamistes ont recours est habile pour saborder la réforme du système éducatif et l'esprit moderniste de la réforme», appuie un autre responsable sans vouloir dévoiler son nom. Le doyen de la faculté, le docteur Saïd Dikra consulté sur le sujet, nous renvoie au recteur de l'université, puis se ravise et nous dit: «En tant qu'administrateurs, nous n'allons pas abdiquer et nous allons prendre les décisions nécessaires contre les grévistes en temps voulu. (...). Ce n'est pas en recourant à la grève que l'on va annuler la décision de la suppression de la filière des sciences islamiques dans le secondaire. Leurs revendications ont été transmises. Qu'ils reprennent leurs études.» «Voilà le discours d'un administrateur», finit-il par dire. Interrogé sur les sanctions qui seront prises dans le cas où les étudiants persisteraient dans leur grève, il répond: «Les responsables à la tête de l'université verront...» En sus des wilayas de Constantine et de Skikda, la menace des étudiants en sciences islamiques risquerait de «contaminer» l'université d'Alger.