La situation du pays nécessite l'ouverture d'un dialogue politique, économique et social pour régler les problèmes Le gouvernement doit déployer de gros efforts pour convaincre le maximum de partenaires sociaux à s'associer à sa démarche sur le dialogue social. Face à une rentrée sociale qui s'annonce très difficile, le Premier ministre prend le devant de la scène. En pompier, il intervient pour désamorcer le front en prenant des clés. Pour ce faire, pas moins de quatre Conseils interministériels ont été tenus sous sa direction et les dossiers abordés ne sont pas des moindres: le foncier industriel, le lait, le médicament. Hier, il a tenu un Conseil interministériel consacré à l'étude du projet du port de Hamdania à Tipasa. Depuis sa désignation à la tête du gouvernement, Abdelmadjid Tebboune s'engage à débloquer tous les dossiers qui restent en suspens. Objectif, donner plus de célérité au traitement des problèmes à travers un dialogue constructif avec les différents intervenants pour écarter toute éventuelle action de protestation. Sachant que la question des transferts sociaux est une véritable bombe à retardement, le Premier ministre a été très diplomate dans sa démarche pour ne pas se heurter au mur. Abdelmadjid Tebboune compte faire appel à l'aide des partenaires sociaux pour trouver des solutions à la question des transferts sociaux qui pèsent lourd sur le Trésor public. Vu les réactions mitigées qu'a provoquées l'annonce de cette décision, le Premier ministre a pris ses précautions en invitant tous les partenaires sociaux à débattre le sujet. Partis politiques, syndicats, associations et tous les représentants de la société civile seront conviés à un congrès qui sera consacré à la question des transferts sociaux. Abdelmadjid Tebboune attend juste que l'instruction soit validée et promulguée par le président de la République pour entamer ses contacts. «L'instruction relative à l'ouverture des canaux de dialogue et de concertation entre les composantes du tissu national est fin prête et a été transmise depuis peu au président de la République», a affirmé le Premier ministre lors de la visite qu'il a effectuée samedi dernier dans la capitale. L'annonce portant sur l'ouverture d'un dialogue national avec les partenaires politiques n'a pas tardé à faire réagir les concernés. Certains partis se sont précipités pour se positionner avant même que le contenu de ce projet ne soit rendu public. La classe politique est divisée sur le sujet. Hormis les partis de la coalition, qui soutiennent cette démarche et signent un chèque en blanc au gouvernement, les autres sont partagés entre refus catégorique et exigence. «Nous sommes pour l'ouverture d'un dialogue, mais à condition qu'il ne soit pas limité à l'aspect social», a affirmé Fillali Ghouini, président d'El-Islah. Ce dernier rappelle que le consensus national était l'une des recommandations de l'université d'été qu'il a organisée la semaine dernière à Alger. Selon lui, le dossier des subventions sociales doit concerner les couches moyennes et celles à faible revenu. Le Mouvement de la société pour la paix (MSP) a critiqué également l'offre du gouvernement qui se limite à l'aspect social. «La situation du pays nécessite l'ouverture d'un dialogue politique, économique et social pour régler les problèmes dans le fond», soutient le président du parti, Abderrazak Makri qui plaide pour un dialogue général. Le Front de la justice et du développement (FJD) n'est pas indifférent. Le député Lakhdar Benkhelaf affirme que le parti est favorable à tout dialogue qui tend à sortir le pays de la crise, tout en soutenant que le dialogue doit être libre et ouvert pour débattre de tous les problèmes. Le Front des forces socialistes (FFS) a rejeté la proposition du Premier ministre Abdelmadjid Tebboune. «Participer à ce soi-disant dialogue servirait plutôt de caution», a affirmé le parti dans un communiqué sanctionnant la réunion de son conseil national. Le Parti des travailleurs qui n'a pas encore exprimé son avis sur cette offre, va sans douter critiquer cette démarche, vu qu'il conteste la décision de revoir les subventions sociales et dénonce à chaque fois la réduction dans les transferts sociaux. Dans cette énième initiative, le gouvernement fait preuve de bonne volonté envers les partenaires sociaux. Il doit déployer de gros efforts pour convaincre le maximum des partenaires à s'associer à sa démarche. Ce qui est certain, hormis la complexité de la mission, c'est que cette démarche nécessite beaucoup de temps et de concession pour garantir l'adhésion des différents partenaires sociaux. L'expérience de la révision de la Constitution a démontré à quel point le consensus est difficile à atteindre. Tebboune va-t-il réussir son test? Attendons pour voir.