Cette nomination déroge quelque peu aux traditions politiques de l'Hexagone, du fait que M.de Villepin n'a jamais été élu. Un nouveau gouvernement a été nommé hier en France par le président Chirac au lendemain de la victoire du Non au référendum sur la Constitution européenne. L'on notera la nomination de Dominique de Villepin à la tête de la nouvelle équipe, en sus du retour, du reste, très remarqué de Nicolas Sarkosy à l'Intérieur. Beaucoup d'observateurs avaient même pensé que l'enfant terrible de la droite française allait remplacer Jean-pierre Raffarin qui quitte la scène française sur un double échec, au plan européen et également intérieur avec un taux de chômage historiquement élevé en France. Le choix de Chirac a été donc porté sur Dominique de Villepin, un de ses fidèles. Agé de 51 ans, le nouveau Premier ministre français doit l'essentiel de sa popularité, non pas au portefeuille de l'Intérieur qu'il occupait avant sa nomination à la tête de l'Exécutif, mais en défendant à l'ONU l'opposition de la France à la guerre en Irak en 2003. Cela dit, cette nomination déroge quelque peu aux traditions politiques de l'Hexagone, du fait que M. de Villepin, un diplomate de carrière, n'a jamais été élu. Un handicap disent les observateurs au sens où le Premier ministre ne peut prétendre à une popularité prouvée, estiment les mêmes observateurs. Cependant, il a à son actif une réputation sans faute au sein de la majorité présidentielle, puisqu'on ne lui connaît pas d'adversaire direct. C'est en quelque sorte l'homme du consensus, essentiel pour la conjoncture difficile que traverse le camp du Oui, sorti grand perdant de la dernière consultation référendaire. Quant à Nicolas Sarkozy, président du parti majoritaire UMP, il est donné comme numéro deux de cette équipe et ministre de l'Intérieur, un poste qu'il a fait de lui la «star» de la politique en France entre 2002 et 2004, au vu des résultats positifs qu'il a obtenus dans la lutte contre la criminalité. Personnalité très appréciée à droite, il n'a pas manqué d'afficher son ambition pour la présidentielle de 2007. La rapidité du changement du gouvernement, traduit le souci de Jacques Chirac de «sauver» la fin de son mandat qui s'achève en 2007. Seulement, le profil de M.de Villepin, aristocrate et haut fonctionnaire de carrière, perçu comme le choix de la continuité, semble peu adapté pour répondre aux fortes inquiétudes des électeurs, notamment ceux de gauche, qui réclament une politique plus sociale. Première réaction à cette nomination est la poursuite de la dégringolade de l'euro face au dollar. La sphère économique ne cache d'ailleurs pas sa préférence pour M.Sarkozy, connu pour ses penchants libéraux. Mais Chirac semble vouloir jouer la carte de la prudence en réservant le poste de Premier ministre à l'un de ses plus proches collaborateurs qui a déjà occupé la fonction de secrétaire général de la présidence de la République pendant sept ans, de 1995 à 2002. Près de la moitié des Français (48%) souhaitent l'organisation rapide d'élections législatives anticipées, après la victoire du non, selon un sondage. 55% des personnes interrogées estiment également que M.Chirac est «durablement discrédité» par le non au référendum.