Les Nations unies ont mis à l'index hier, la coalition militaire menée par l'Arabie saoudite dans les dizaines de morts au Yémen L'ONU a accusé hier la coalition arabe menée par l'Arabie saoudite d'être responsable d'une frappe aérienne contre des civils cette semaine au Yémen, en soulignant qu'il n'y avait pas d'objectifs militaires dans la région visée. Une vingtaine de civils ont trouvé la mort dans un camp de déplacés dans la région de Mawza, près de Taëz, la grande ville du sud-ouest du Yémen aux mains des rebelles chiites Houthis. Le Haut-commissariat aux droits de l'homme de l'ONU, qui estime lui à 18 le nombre de morts, a indiqué que les frappes ont touché trois familles réfugiées dans des huttes après avoir dû quitter leur foyer il y a trois mois en raison des combats. Dans un communiqué, il a affirmé que l'attaque avait été menée par les «Forces de coalition arabes», alliance dirigée par l'armée saoudienne pour lutter contre les rebelles chiites et soutenir le gouvernement reconnu par la communauté internationale. «Il ne semble pas y avoir un quelconque objectif militaire à proximité immédiate des maisons détruites», a ajouté le Haut-Commissariat. Les civils constituent plus de la moitié des 8000 morts du conflit depuis l'intervention arabe, selon l'ONU. La guerre oppose des forces progouvernementales aux rebelles Houthis, alliés à des unités de l'armée restées fidèles à l'ex-président Ali Abdallah Saleh. La coalition arabe a reconnu des erreurs et promis de modifier les règles d'engagement pour éviter les victimes civiles mais accuse régulièrement les rebelles de se mêler aux civils, voire de les utiliser comme boucliers humains. Certains de ses raids ont suscité de vives condamnations des défenseurs des droits de l'homme, comme celui qui avait fait 140 morts en octobre 2016 parmi des civils participant à une cérémonie de deuil à Sanaa. L'ONU a demandé «une enquête complète et impartiale» sur ce dernier incident. Sur le terrain, les combats se poursuivaient ce weekend. Au moins 22 personnes ont été tuées lors d'affrontements entre forces yéménites et rebelles houthis sur la ligne de front dans la région de Nehm, à quelque 90 km au nord-est de Saana, a indiqué une source militaire. Les affrontements ont éclaté en matinée sur le mont Al-Minsa, qui surplombe la route reliant Sanaa à la province de Marib, que contrôlent les forces gouvernementales. «Les forces gouvernementales, appuyées par des avions de combat de la coalition menée par l'Arabie saoudite, ont tenté de progresser vers des sites près de la capitale, contrôlée par les Houthis soutenus par les forces de l'ex-président Ali Abdallah Saleh», a déclaré la source citée par des agences. «Les deux parties n'ont ni avancé ni fait de progrès lors de ces combats, car les affrontements se poursuivent», a-t-elle précisé. Selon elle, deux soldats gouvernementaux ont été tués et quatre autres blessés, tandis que les Houthis auraient perdu près de 20 hommes. Les affrontements dans la région de Nehm sont fréquents, les forces gouvernementales cherchant sans cesse à se rapprocher de la capitale. Le pays est confronté à une grave pénurie de médicaments et d'aliments importés. En raison de l'effondrement du système de santé dans ce pays qui est l'un des plus pauvres du monde arabe, une épidémie de choléra s'est déclarée fin avril. Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), le nombre de personnes suspectées d'être contaminées a atteint près de 370.000, à la date du 19 juillet et 1828 personnes sont décédées. «Chaque jour, 5000 Yéménites tombent malades avec les symptômes de diarrhée aiguë ou du choléra», a précisé l'agence de l'ONU dans un communiqué. En outre, plus de 7 millions de personnes sont menacées de famine, y compris 2,3 millions d'enfants mal nourris âgés de moins de cinq ans.