L'engagement pris par le wali quant à la cessation de toutes poursuites la convocations par la police des manifestants est de nature à apaiser la tension en vigueur depuis samedi dernier à la suite de l'interdiction d'une manifestation culturelle. De développement en développement, la situation de tension qui mine la ville d'Aokas, une station balnéaire de la côte-est de Béjaïa, vire vers l'apaisement. La dernière rencontre ayant regroupé le wali de Béjaïa et les représentants du café littéraire et la société civile reste un indicateur qui ne trompe pas sur cette évolution positive d'un conflit qui aurait pu ne pas en être un si ce n'est les suspicions et les manipulations des uns et des autres. Sur invitation du président de l'APW de Béjaïa, une institution dominée par le Front des forces socialistes, qui a refusé quelques jours avant d'inscrire le problème du café littéraire lors de sa session, les représentants de l'association Azday Adelsan n weqqas et du comité citoyen d'Aokas se sont rendus au siège de la wilaya, où ils ont été introduits chez le wali afin d'exposer le problème des convocations de trois personnes, identifiées comme manifestants, par la sûreté de daïra d'Aokas. Le wali, convaincu du fait que «l'apaisement ne peut se faire sans le consentement des deux parties, a décidé d'instruire la sûreté de daïra d'Aokas de ne plus importuner les personnes en question et d'annuler toutes les poursuites engagées», écrit Mouloud Tiakout dans un compte rendu de la réunion publié sur son mur, ajoutant qu'il «a été également rappelé au wali que la marche et la conférence d'aujourd'hui étaient maintenues et seront toujours organisées par le comité citoyen» mais non sans appeler à son tour les citoyens d'Aokas et d'ailleurs à rester vigilants et mobilisés pour réussir la marche d'aujourd'huii à 13h avec le seul slogan trilingue: «Adlis g fus, afus g fus, Un livre dans la main, la main dans la main, Ktab f lyed, lyed f lyed». Cette marche sera suivie de la conférence avec notre invité, Chawki Amari, sur le thème «littérature et engagement» à partir de 14h, soit à l'issue de la marche. Plusieurs personnalités politiques, culturelles sont attendues dans cette ville. Rachid Oulebsir, un écrivain et chercheur a promis 100 livres à distribuer aux marcheurs. D'autres viendront pour le principe de la liberté d'expression et d'activité. Des politiques, des littéraires, des acteurs de la société civile seront au rendez-vous pour dire non à la répression de la vie culturelle et par ricochet le café littéraire de la ville, objet d'interdiction depuis janvier dernier. La présence des «sécessionnistes» ou «indépendantistes», tel qu'évoqué par le délégué à la sécurité lors d'une précédente réunion, «n'est nullement un élément convaincant pour justifier l'interdiction et la répression de l'activité du café littéraire», estime-t-on hier à Aokas, une ville qui ne donnait aucun signe de tension si ce n'est celui du flux d'estivants, qui envahit les plages. «Nos activité s'inscrivent aussi dans l'animation de la saison estivale. Il faut croire que les touristes qui choisissent notre région ne sont pas là uniquement pour les plaisirs de la mer, mais ils espèrent aussi profiter des activité culturelles que nous mettons indépendamment à leur disposition», soutient ce jeune, fervent défenseur du café littéraire. Dans les cafés de la ville et les places publiques, on affiche une sérénité totale et une détermination à réussir une manifestation, qui s'apparente à un défi, qui s'inscrit en droite ligne de la sauvegarde des espaces démocratiques,» seuls remparts contre l'obscurantisme», pour reprendre les termes d'un client de ce café près de la poste, lieu du démarrage de la manifestation. Aokas vivra aujourd'hui au rythme d'une manifestation que tout un chacun espère sereine et calme. «Nous ne voulons pas plus que le matin de nos activités, dénuées de toute arrière-pensée, comme le redoute-t-on», précise ce sexagénaire qui sera de la partie aujourd'hui aux cotés des milliers de femmes et d'hommes attendus. A noter qu'un rassemblement de soutien sera organisé par la communauté algérienne établie au Québec, Canada.