«Pendant 30 ans, il y a eu un lavage de cerveau au Maroc.» Trouvée possession de documents hostiles à l´intégrité territoriale du Royaume et de numéros de téléphone d´activistes pro-Polisario installés à El Ayoun, une journaliste espagnole, Maria Cristina Berasain, a été expulsée d´El Ayoun. Les autorités marocaines ont expliqué leur décision par le fait que la journaliste «avait prétendu être pharmacienne venue à El Ayoun pour y passer des vacances». Cependant, bien que Maria Cristina ait décliné sa profession de journaliste, elle a tout de même été expulsée. Réaction épidermique du Royaume chérifien, en butte à une pression sans précédent. Après les manifestations antimarocaines du 22 mai, à El Ayoun, à Rabat, à Agadir, et Tan Tan et les sit-in de solidarité organisés dans les différentes villes des territoires occupés, la contestation s'est étendue, ce week-end, à l'Espagne où des responsables politiques, des intellectuels et des associations ont dénoncé «la répression violente» qui s'est abattue sur le peuple sahraoui. Ce sont les plus importantes manifestations antimarocaines depuis 1999 à avoir provoqué une levée de boucliers sur l'affaire du Sahara occidental. Quelque 200 personnes se sont rassemblées, mercredi en fin de journée, devant le consulat du Maroc à Madrid, pour «protester contre les violations des droits de l'homme» dans les territoires occupés du Sahara occidental et «exiger le droit à l'autodétermination» du peuple sahraoui. La manifestation qui s'est déroulée, suite à l'appel des associations des amis du peuple sahraoui, a reçu le soutien des partis politiques et des organisations sociales. Le coordinateur du parti Izquierda unida (Gauche unie), Gaspar Llamazares, le président de la Ligue espagnole des droits de l'homme, Francisco Jose Alonso Rodriguez, la présidente de la Plate-forme des femmes artistes et ambassadrice de la paix des Nations unies, Cristina del Valle, et le député de Esquerra republicana, Joan Puig Cordön, entre autres, ont pris part à la manifestation. La Coordination a appelé le gouvernement espagnol à oeuvrer pour que le Maroc «accepte et applique les résolutions des Nations unies, notamment le Plan pour l'autodétermination du peuple sahraoui (Plan Baker), qui a reçu l'aval unanime du Conseil de sécurité». S'exprimant sur les ondes de la Radio algérienne, le journaliste marocain, Ali Lamrabet, n'a pas été tendre à propos des «exactions du Royaume» envers le peuple sahraoui. «Le gouvernement (marocain) doit réagir avec sagesse, essayer de discuter, de négocier avec la Rasd, il n´y a pas d´autre issue», a affirmé M.Lamrabet depuis Madrid, à la suite de ces manifestations. «Pendant 30 ans, il y a eu un lavage de cerveau au Maroc. Le gouvernement a essayé d´occulter le fait qu´il y avait un problème sérieux au Sahara occidental. On nous a répété qu´il n´y avait pas de problème au Sahara occidental», a ajouté le journaliste indésirable au Royaume, soulignant que «le Maroc a un sérieux problème au Sahara occidental». Par ailleurs, selon l'agence de presse sahraouie SPS, des parlementaires espagnols ont exprimé leur «profond rejet de la répression exercée contre la population sahraouie d´El-Ayoun et Smara depuis le 22 mai dernier par les forces policières marocaines». Qualifiant ces «faits de contraires aux droits humains et aux libertés politiques les plus élémentaires», ces parlementaires ont exprimé leur «ferme soutien à la liberté d´expression et de manifestation de la société sahraouie dans sa légitime aspiration à l´exercice de son droit à l´autodétermination conformément à la légalité internationale», ajoute un communiqué de cette délégation, cité par SPS. La délégation parlementaire espagnole (Psoe, PP, IU, Parti d´Aragon) qui a été reçue mardi par le président sahraoui, Mohamed Abdelaziz, a en outre appelé à l´organisation d´un référendum d´autodétermination du peuple sahraoui, indique la même agence de presse. De son côté, le Conseil consultatif de l´Union du Maghreb arabe (UMA) a lancé un appel à la poursuite de l´édification de l´UMA et demandé la convocation rapide d´un nouveau sommet de l´organisation régionale, dans une déclaration officielle rendue publique vendredi à Tunis. Le Conseil consultatif maghrébin a tenu les travaux de sa 6e session réunissant 140 parlementaires de l´UMA, les 1er et 2 juin à Tunis. Cette réunion intervenait au lendemain du report sine die d´un sommet des chefs d´Etat prévu en Libye en raison de la position de Rabat sur le conflit du Sahara occidental.