La présidente élue de l'Assemblée constituante du Venezuela, Delcy Rodriguez Delcy Rodriguez, ex-chef de la diplomatie vénézuélienne surnommée la «tigresse» par le président Nicolas Maduro pour son verbe haut, est devenue à 48 ans la présidente de la toute-puissante mais contestée Assemblée constituante. Cheveux lisses noirs, collier de perles et grosses lunettes: sous ses airs sages et derrière sa petite voix, cette avocate cache une pugnacité de tous les instants. Vendredi, fidèle à sa ligne, celle qui est devenue un des principaux personnages du pays, a envoyé un message de fin de non-recevoir à la communauté internationale, très critique à l'encontre de Caracas: «nous, les Vénézuéliens, résoudrons notre conflit, notre crise, sans aucune sorte d'interférence étrangère». Delcy Rodriguez a été ministre vénézuélienne des Affaires étrangères de décembre 2014 à juin dernier. Une période marquée par de fortes tensions avec les Etats-Unis, des gouvernements d'Amérique latine, l'Espagne et au sein des organisations internationales, par exemple l'Organisation des Etats américains (OEA). Sous sa houlette, le Venezuela a d'ailleurs décidé en avril de quitter l'OEA, une première pour cet organisme régional, après avoir insulté copieusement son secrétaire général Luis Almagro, le traitant de «menteur», «malhonnête», «malfaiteur» et «mercenaire». Elle s'est aussi vivement accrochée avec les présidents Mauricio Macri (Argentine) ou Pedro Pablo Kuczynski (Pérou), accusé d'être le «petit chien» des Etats-Unis. Après avoir abandonné son poste de ministre des Affaires étrangères pour devenir candidate à l'Assemblée constituante, Delcy Rodriguez a été félicitée par Nicolas Maduro pour avoir «défendu comme une tigresse la souveraineté, la paix et l'indépendance du Venezuela». Fille d'un dirigeant communiste assassiné en 1976 et soeur de l'influent dirigeant Jorge Rodriguez, cette ancienne leader étudiante a fait partie du gouvernement d'Hugo Chavez, qui a été pour elle «un rayon de lumière». En tant que présidente de l'Assemblée constituante, elle promet du «dialogue», mais prévient qu'elle «fera justice» pour les «crimes» commis par l'opposition lors des manifestations contre le président Maduro. Elle a promis qu'il n'y aurait pas de chasse aux sorcières. «On a installé une Assemblée constituante dotée du pouvoir pour agir. Ne croyez pas que nous allons attendre des semaines, des mois, des années, dès demain (hier) nous allons agir (...) Ne vous étonnez pas», a-t-elle lancé. Par ailleurs, Delcy Rodriguez, a rejeté toute «interférence étrangère», notamment américaine, dans la crise politique qui frappe le pays. «Pour la communauté internationale (...) le message est clair, très clair: nous, les Vénézuéliens, résoudrons notre conflit, notre crise, sans aucune sorte d'interférence étrangère, sans aucune sorte de mandat impérial», a affirmé l'ex-ministre lors de son discours d'investiture. Interpellant les Etats-Unis, qui ont décrété des sanctions contre le président Nicolas Maduro, elle a lancé: «Empire sauvage et barbare, ne plaisante pas avec le Venezuela, le Venezuela ne se décourage et ne se rend jamais». «Je promets de défendre la patrie de toute agression ou menace», avait déclaré auparavant cette avocate de 48 ans, un drapeau vénézuélien et un exemplaire de la Constitution à la main.