Les sénateurs adopteront, mot pour mot, et sans aucune objection, la politique gouvernementale. Deuxième et ultime étape: le Conseil de la nation. C´est aujourd´hui que le chef du gouvernement présente la déclaration de politique générale de son équipe, fraîchement remaniée, aux sénateurs. Ce rendez-vous qui fait suite à son passage «houleux» à l´APN, s´inscrit dans un contexte politique plutôt «chaud» marqué notamment par la crise que traverse l´Alliance présidentielle. Les présidents du FLN et du MSP, eux, ont bien fait chorus pour crier tout haut le marasme qui, semble-t-il, ronge cet é politique contractée à la veille de l´élection présidentielle pour soutenir Abdelaziz Bouteflika, alors candidat indépendant. C´en est, dès lors, un coup dur pour cette troïka qu´on a présentée comme étant le parangon de la maturité de la classe politique algérienne. Ce n´est pas en tout cas la première fois que les conflits sont portés sur le devant de la scène. Les divergences de vues sont telles qu´il serait naïf de faire de ce «cartel» politique le temple de l´unité. Abdelaziz Belkhadem, ayant déjà la tête pour les élections générales de 2007, craint, à plus d´un titre, le retour en «rouleau compresseur» du RND. Et il n´est pas allé chercher midi à quatorze heures pour dire, en dénonçant Ouyahia, sans prendre le soin de le nommer, l´opération mains propres que ce dernier mènerait pour des considérations, selon le chef de file du FLN, purement politiciennes. Boudjerra Soltani, lui, sait agir en franc-tireur. Et il ne manque aucune occasion pour en faire la démonstration. La polémique née au lendemain de la suppression par les pouvoirs publics de la filière islamique du baccalauréat, lui a servi, à cet effet, d'arme redoutable pour faire pression sur le gouvernement. Même la réunion du lundi 6 juin n´a pas réussi à décrisper l´atmosphère du moment que la déclaration finale s´est bornée à ressasser les mêmes refrains sauf toutefois l´accord sur la participation des trois formations aux élections locales partielles en Kabylie. Donc sur fond de «crise» avec ses partenaires de l´alliance, le chef du gouvernement revient, aujourd´hui, au perchoir du Conseil de la nation pour présenter sa feuille de route. Mais réduire sa prestation à une simple formalité protocolaire serait aller trop vite en besogne car Ouyahia n´est pas de nature à rater les occasions pour distiller, avec soin, ses messages politiques. Les deux partis, le FLN et le MSP en l´occurrence, l´attendent au tournant. Abdiquera-t-il aux pressions de ses partenaires ou continuera-t-il à jouer l´indifférent, un art qu´il cultive avec beaucoup de doigté? Lors de son passage, devant l´APN, le chef de l´Exécutif a eu à affronter les troupes de Belkhadem et, à degré moindre, ceux de l´ex-Hamas qui ont fait montre d´une virulence particulière. L´ambiance à la deuxième chambre du Parlement, bien évidemment, n´est pas du tout celle de l´APN. Majoritairement Rndiste, les membres du Sénat, adopteront, mot pour mot, et sans aucune objection, la politique gouvernementale qui passera donc comme une lettre à la poste et le chef du gouvernement s'en sort, au bout du compte, haut la main, n´en déplaise à ses alliés, lesquels n´ont, semble-t-il, d´autre issue que de composer avec lui.