Acheter un mouton oui, mais à quel prix? A peine remis des dépenses du mois sacré, de l'Aïd El Fitr et de celles des vacances, que les ménages sont pris dans la spirale de nouvelles dépenses. A moins de trois semaines de la célébration de la fête de l'Aïd El Adha et la rentrée des classes, le stress se fait de plus en plus sentir chez les chefs de familles. A l'ombre de la précarité du pouvoir d'achat les ménages sont contraints de faire face à cette autre rude épreuve. Intervenant à un moment bien précis de l'année, l'achat du mouton de l'Aïd El Adha et des fournitures scolaires, outre qu'il soit synonyme de dépenses obligatoires, est depuis quelques années la période la plus redoutée par les familles. Qu'ils soient aisés, moyens ou démunis, les ménages appréhendent les mois de l'été, pour leurs dépenses successives. Le jeûne avec tous ses frais accentués par ceux de l'achat des vêtements de l'Aïd et la confection des gâteaux pour la circonstance. Viennent après les écarts financiers occasionnés par les vacances d'été, le tout couronné par un coup de cornes, apporté par l'achat du mouton de l'Aïd, aux bourses de tous les ménages qui sont obligés en même temps de subir de plein fouet les dépenses de la rentrée scolaire. Un coup de grâce à les sonner jusqu'à perdre le sens de l'orientation. A Annaba comme dans toutes les villes du pays, on compte ses sous pour acheter le mouton de l'Aïd El Adha et satisfaire les dépenses de la rentrée scolaire. Ne faisant pas exception, les deux événements passent impérativement par là. Un passage qui de ménage en ménage arrive à la conclusion commune: les fêtes religieuses et la rentrée scolaire difficiles à gérer au sein de la spéculation grimpante. Au moment où le ministère du Commerce annonce la stabilité du prix des ovins, la mercuriale à Annaba est tout autre. Situation plutôt difficile pour certains ménages, qui de par les dépenses de la rentrée scolaire font l'impasse sur le sacrifice cette année. Tel le cas de Hasna, mère de quatre enfants scolarisés, qui ne peut se permettre de faire le sacrifice de l'Aïd El Adha. «Même à 30.000 DA, je ne pourrais pas acheter le mouton. Je ne touche que 22.000 DA», a déploré l'interlocutrice qui travaille chez un privé dont-elle a préféré ne pas révéler le nom. «Heureusement que ma famille m'aide du mieux qu'elle peut, surtout dans l'achat des fournitures scolaires. Le sacrifice pour moi, c'est de faire en sorte que mes enfants étudient, c'est mieux que la sacrifice d'un mouton», a ajouté la bonne femme. A Annaba, bien que les points de vente n'aient pas encore été désignés, les revendeurs spéculateurs ont, d'ores et déjà, annoncé la couleur. Entre 32.000 et 40.000 DA, c'est le prix que devrait coûter, cette année, le mouton de l'Aïd, selon certains éleveurs et maquignons de la région de Chorfa et El Eulma dans la wilaya d'Annaba. Des prix légèrement inférieurs, comparativement à ceux de l'an dernier où le mouton moyen était cédé entre 38.000 et 46.000 DA, pendant que d'autres avaient prévu 85.000 DA. Un fait permettant au veau de prendre le relais. Selon certains consommateurs, ce sont les revendeurs qui sont à l'origine de la hausse du prix du mouton. «Les prix n'ont pas changé. Il est encore trop tôt pour dire si les prix sont abordables ou non car les marchés autorisés n'ont pas encore ouvert. Il faut attendre encore quelques jours afin de se prononcer», nous dit Saif, rencontré dans un enclos d'ovins, à El Kantara, dans la localité de Hadjer Eddis. Entre hausse et baisse des prix c'est la qualité qui est mise en avant, notamment s'il s'agit d'ovins élevés et nourris par le maquignon lui- même. Pour l'heure, rien n'est encore joué. Les pères de familles ne font que scruter le marché et connaître le prix des bêtes. Car l'achat du mouton n'est pas le seul souci. La fin des vacances et la rentrée scolaire ne s'annoncent pas du tout festives pour les ménages à Annaba. C'est une autre et inévitable saignée, tout autant que l'achat du mouton de l'Aïd. A Annaba pères, mères et enfants font le lèche-vitrine à la recherche de la bonne occasion, tant pour les vêtements de l'Aïd que ceux de la rentrée scolaire, tabliers et cartables également. Ces effets vestimentaires ne font pas l'exception, mais ils sont la priorité. Les prix affichés depuis quelques jours, donnent le tournis. Made in China ou en Turquie, les prix des cartables, tablier et chaussures ne descendent pas du seuil des 1500 DA. A vous de faire les comptes pour une famille comptant quatre enfants scolarisés. C'est pour dire qu'il faut débourser une moyenne de 100.000 DA, uniquement pour les vêtements, sans compter les fournitures scolaires. Des dépenses auxquelles s'ajoutent les factures d'eau et d'électricité. Ces charges interviennent au même moment que l'Aïd El Adha et la rentrée scolaire. Deux événements plutôt perçus comme une contrainte majeure et une saignée de plus, même si les on-dit affirment que les prix du mouton ne devraient pas connaître de flambée. En somme, au sein d'une précarité distinguée du pouvoir d'achat, les ménages ne sont pas rassurés quant à ce qu'ils vont débourser pour respecter le rituel de l'Aïd El Adha et les inévitables dépenses de la rentrée scolaire.