Les racistes et néonazis américains lors d'une démonstration de force à Charlottesville, vendredi dernier Donald Trump a déclenché une nouvelle vague d'indignation à travers l'Amérique mardi en affirmant que la responsabilité des violences qui ont secoué Charlottesville devait être recherchée «des deux côtés». Donald Trump était dans la tourmente hier après son incroyable sortie sur Charlottesville qui suscitait un profond malaise au sein de son propre camp et pourrait marquer un tournant dans sa présidence. En affirmant que «les deux côtés» étaient responsables des violences qui ont secoué cette petite ville de Virginie - où une manifestante antiraciste a été tuée par un sympathisant néo-nazi - le président américain a franchi un cap, un peu plus de 200 jours après sa prise de fonction. Ses propos, livrés sur un ton acerbe et accusateur depuis la Trump Tower et salués par un ancien leader du Ku Klux Klan (KKK) pour leur «courage», ont laissé nombre d'élus sans voix. Et donné l'impression très nette que c'est dans ce torrent de paroles que Donald Trump a dit ce qu'il pensait, plutôt que la veille lorsqu'il lisait sur téléprompteur, depuis la Maison-Blanche, un discours condamnant les «violences racistes». Signe clair d'embarras: les républicains ne se bousculaient pas sur les plateaux de télévision pour défendre l'ancien magnat de l'immobilier. Et les seuls voix qui émergeaient étaient critiques. «A Charlottesville, les torts sont clairement du côté du KKK et des suprémacistes blancs», a tranché sur ABC Ronna Romney McDaniel, qui dirige le parti républicain (RNC). «Il faut qu'il répare les dégâts et il faut que les républicains s'expriment haut et fort», affirmait en écho sur NBC le gouverneur de l'Ohio John Kasich, qui fut rival de Donald Trump lors des primaires républicaines. Et l'élu de mettre en garde contre le risque «d'entraîner la présidence sur un terrain qui n'est pas acceptable pour le pays». Lors d'une conférence de presse improvisée et décousue dans le lobby de la Trump Tower à Manhattan, Donald Trump a renvoyé dos-à-dos les membres de la droite suprémaciste et les manifestants venus les dénoncer. Dénonçant «l'Alt left qui a attaqué l'Alt right (terme qui désigne la droite alternative)», il a aussi souligné, dans un formule qui a marqué les esprits, qu'il y avait des gens «très bien» des deux côtés. «Pourquoi sommes-nous surpris que le président qui avait lancé sa campagne par des appels à l'intolérance donne aujourd'hui des gages à ceux qui la prônent?», s'interrogeait David Axelrod, ancien proche conseiller de Barack Obama. Nombre d'observateurs rappellent que le magnat de l'immobilier a pendant des années alimenté une théorie du complot aux relents racistes sur le lieu de naissance de Barack Obama, avant de virer de bord vers la fin de la campagne. Samedi, peu après les violences, il avait provoqué une première vague d'indignation en refusant de condamner explicitement les groupuscules dont est issu le militant néofasciste ayant projeté sa voiture contre des manifestants. Son prédécesseur démocrate, Barack Obama avait réagi en tweetant une phrase de Nelson Mandela: «Personne ne naît en haïssant une autre personne à cause de la couleur de sa peau ou de ses origines, ou de sa religion». Ce tweet est devenu le plus «aimé» de l'histoire du réseau social, a indiqué Twitter hier. Dans son éditorial, le New York Times déplorait le comportement de M. Trump devenu «malheureusement non surprenant». «Les politiques de Washington espéraient que la nomination récente de John Kelly, un ancien général des Marines, au poste de secrétaire général de la Maison Blanche instillerait un peu de discipline dans cette administration chaotique», écrit le quotidien. «Mais le coeur du problème n'est pas lié à la composition de l'équipe présidentielle: il est lié l'homme qui est au sommet»