La déclaration du Premier ministre est tombée pour beaucoup d'observateurs et de citoyens lambda, à point nommé. Ahmed Ouyahia ne sera pas le Premier ministre qui remettra en cause les acquis sociaux. Sa rencontre avant-hier avec les partenaires sociaux et économiques était une occasion pour lui de réaffirmer le maintien de ces acquis. «La politique sociale de l'Etat sera maintenue. Que les travailleurs et tous les citoyens soient rassurés de ce côté », a déclaré Ahmed Ouyahia à l'adresse de ses interlocuteurs. La déclaration du Premier ministre est tombée pour beaucoup d'observateurs et de citoyens lambda, à point nommé. Elle a mis en effet fin, souligne-t-on, à de nombreuses rumeurs portant sur la remise en cause de la politique sociale, particulièrement avec le retour de Ahmed Ouyahia. D'autant plus maintenant que beaucoup d'experts en économie préconisent à l'Etat de suivre comme deuxième solution- après le recours à l'endettement extérieur- de revoir la prise en charge sociale, pour sortir de la crise. «Ce sont les deux seules solutions qui pourront permettre à l'Algérie de s'en sortir», ne cessent de répéter les experts en question sur plusieurs plateaux de télévision. Ahmed Ouyahia a déjà eu à prendre sans implacabilité, témoigne-t-on, des décisions impopulaires. «Ainsi il n'hésitera certainement pas à les reprendre une énième fois», s'accorde-t-on à dire. «Il le fera non par sadisme, mais par prudence», précise -t- on. Par ailleurs, la panique des citoyens était grande en raison particulièrement de l'approche de la rentrée sociale qui rime avec des dépenses tous azimuts. La suspension de la politique sociale signifiera, dit-on, inéluctablement, la revue à la hausse de tous les prix et des charges. C'est le cas de la prise en charge sanitaire, de la scolarité des enfants, des prix de la totalité des produits alimentaires de base (huile, sucre, semoule, etc), de la tarification de l'électricité et de l'eau. Cet état de fait va accélérer, mentionnent des observateurs, sans doute la descente aux enfers à tant de familles qui sont déjà ruinées par la baisse du pouvoir d'achat. Conscient de cette situation, le gouvernement ne procédera jamais, parient des spécialistes en économie, à la suspension de sa politique sociale. Par contre, il sera appelé malgré lui à revoir dans quelques années le système des subventions. Cette idée est d'ailleurs à l'ordre du jour au niveau du gouvernement. Ce dernier, (le gouvernement ndlr), s'attelle à trouver la bonne formule pour réussir le nouveau système de l'octroi des subventions. C'est-à-dire, est-ce qu'il va opter pour la révision des prix des produits en question de sorte que ceux subventionnés ne profiteront qu'aux couches défavorisées ou va-t-il opter pour l'aide directe aux familles nécessiteuses, qui consiste à leur verser de l'argent? La question divise pour le moment, a-t-on appris de sources bien informées. La raison principale de cette indécision, de l'avis de beaucoup d'experts, est tout simplement la volatilité de la valeur de la monnaie nationale. En effet, il sera toujours difficile de classifier avec exactitude les revenus des ménages, explique-t-on. Dans une économie où la production nationale ne vole pas encore de ses propres ailes, la vie demeurera toujours chère y compris pour les familles dont les revenus sont considérés a priori comme moyens ou appréciables. C'est d'ailleurs le cas en ce moment en Algérie.