La chancelière allemande Angela Merkel a jugé hier ne pas «pouvoir se taire» face aux atteintes à l'Etat de droit en Pologne, en référence à une réforme judiciaire controversée dont la Commission européenne a réclamé une révision. «L'Etat de droit en Pologne est un sujet sérieux. Les principes de l'Etat de droit sont le fondement de la coopération de l'Union européenne, et ce que dit la Commission européenne à ce sujet, je le prends très au sérieux», a-t-elle dit à l'occasion de sa grande conférence de presse annuelle. «Quel que soit notre souhait d'avoir de bonnes relations, de bons rapports avec la Pologne, notre voisin (...) nous ne pouvons pas tout simplement nous taire, ne rien dire juste pour avoir la paix», a ajouté Mme Merkel. La Commission a menacé de déclencher l'article 7 du traité de l'UE si la Pologne maintenait ses réformes en l'état. Cette procédure inédite peut aboutir à une suspension des droits de vote d'un pays au sein du Conseil de l'Union, l'instance regroupant les 28 Etats membres. La Commission a dans son collimateur plusieurs textes, dont ceux réformant la Cour suprême et le Conseil national de la magistrature. Le veto présidentiel inattendu opposé à ces deux réformes par le président polonais Andrzej Duda n'a pas suffi à la rassurer. Bruxelles a par ailleurs lancé le 29 juillet une procédure d'infraction, plus classique, à l'encontre d'un troisième texte modifiant l'organisation des juridictions de droit commun. Varsovie est aussi en conflit avec Paris, Berlin et Vienne qui veulent un durcissement de la directive européenne sur le travail détaché qui permet aux entreprises des pays à coût moindre d'envoyer temporairement des travailleurs dans les pays riches, au risque de favoriser le dumping social. La Première ministre Beata Szydlo a ainsi jugé «arrogantes» la semaine dernière les déclarations du président français Emmanuel Macron qui qualifiait de «nouvelle erreur» le refus polonais de revoir la directive.