Me Abdenour Ali Yahia, président de la Laddh a animé, hier après-midi, sur le campus de Hasnaoua, une conférence-débat et ce, après que le défenseur des droits de l'homme eut essuyé, et à au moins deux reprises, des interdictions d'animer une conférence à la Maison de la culture Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou. Sous le thème «De l'hégémonie au désordre et du désordre à l'hégémonie», la conférence, qui a attiré une foule d'étudiants et d'étudiantes, se voulait un tour d'horizon de la situation du pays tant au plan politique que social et ce, à la suite d'une décennie de terreur marquée par un terrorisme aveugle. Après avoir rappelé que «les droits de l'homme sont indivisibles et universels, et donc s'appliquent à tout le monde», Me Ali Yahia précise qu'«il n'y a pas de droits spécifiques et ils ne sont pas la propriété de l'Occident». Comme il affirme que l'Algérie apporte sa contribution à la défense et à la promotion des droits de l'homme. Il explique, à l'appui de son affirmation, que «la Laddh avait défendu tout le monde et sans aucune exception, y compris durant la décennie noire». L'avocat regrette cependant que dans le pays, «les décisions ne soient pas prises par la justice», et sur ce point, il tonne: «Ce qui veut dire qu'il n'y a aucun respect des droits.» Revenant sur la politique d'amnistie générale, le président de la Laddh pense que «l'Algérie n'a pas encore trouvé un équilibre, car pour arriver à une amnistie, il est recommandé au président de commencer par réunir toutes les forces et toutes les énergies nationales autour de la question». Pour l'avocat, «la réconciliation ne concerne pas uniquement le volet de la violence terroriste. Il faut aller vers la paix qui, seule, peut régler les problèmes». Comme Me Ali Yahia ajoute que «le référendum ne doit pas être un plébiscite. Car en ce cas, il constitue une menace pour la paix et ne saurait régler les problèmes posés». Considérant que la politique de concorde est un échec, Me Ali Yahia revient sur «le flou qui entoure le projet d'amnistie». Sur ce plan, Me Ali Yahia dira: «Celui qui a commis un crime, doit payer!» Et d'évoquer «les cas de tortures, de massacres, de disparitions et de viols qui sont des crimes contre l'humanité». Et l'avocat de s'écrier: «L'amnistie peut-elle régler tout cela?» Dans sa conférence, Me Ali Yahia n'a pas omis de toucher à d'autres questions, telles que le code de la famille. A ce sujet, il explique: «On dit que le dossier est ouvert et fermé en même temps.» De son analyse de la situation, il considère que «le citoyen est devenu plus un sujet, car après la libération nationale, le droit de l'Etat de disposer de lui-même est devenu le droit de l'Etat de disposer de son peuple». Même assez âgé, l'avocat et défenseur des droits de l'homme est resté égal à lui-même, le propos incisif et la parole libre n'hésitant guère à brocarder les uns ou les autres en se basant sur le bréviaire qui a toujours été le sien: les droits de l'homme!