Cette danse mûrit, prit de l'ampleur et quitta son bercail pour gagner les grandes métropoles. Vous êtes admirateurs de la danse contemporaine? Vous aimez la chorégraphie et tous les mouvements du corps? Alors rendez-vous ce soir, à partir de 21h, à la salle Ibn Khaldoun. Invités par l'Etablissement Arts et Culture, deux chorégraphes, sont venus des confins de l'Amérique latine pour électrifier vos corps. Il s'agit de Anibal Pannunzio et Magui Dani. Ils présenteront leurs spectacle Buenos Aires Tango, une pièce chorégraphique jouée par huit danseurs. Mais qu'est-ce donc que le tango? Née, il y a de cela cent ans, cette danse, plonge ses racines vers les marges de Rio de la Plata dans les régions périphériques et dans les bas-fonds de Buenos Aires et Montevideo. Il s'agissait alors, plutôt de «Habanera» dont le tango hériterait sa touche humoristique et le redoublement de talons qui se détachent vivace sur fond d'érotisme rituel et de plainte nostalgique. C'étaient des hommes qui dansaient entre eux, préfigurant la demande dans la période d'attente, créant petit à petit des pas de figure, ouvrant un espace pour cette femme qui arriverait en principe des couches défavorables de la société. Plus tard, cette danse mûrit, pris de l'ampleur et quitta son bercail pour gagner les grandes métropoles. Paris était alors une des premières capitales à être fascinée par le tango. Et ce qui est adopté par Paris, le sera forcément par l'Europe. C'est ainsi que les autres pays du vieux continent reçoivent chez eux cette danse contemporaine. Mieux encore, le tango qui n'était jusqu'alors qu'une danse propre aux couches défavorisées, s'introduit dans les salons de la haute société. «Le tango était devenu décent et les couples devaient danser plus séparés tout en laissant une lumière entre les corps. Il s'agissait d'un tango qui accordait de l'importance à la forme, à la pose, au soin des vêtements et aux bonnes manières». Pour ce qui concerne le spectacle qui vous sera présenté aujourd'hui, Buenos Aires Tango, c'est une pièce chorégraphique en quatre tableaux: Arrabal, La cudad, Patio gaucho et En el 40. Le concepteur de cette pièce, Annibal Pannunzio, choisit des moments significatifs de l'histoire du tango contemporain, dans une suite qui répond davantage à l'esthétique de la composition qu'à un ordre chronologique donné. Il n'oublie pas d'enchaîner, dans son élan musical les manifestations de la danse folklorique argentine. Pour que les traditions de la campagne, et les précieuses singularités, se voient aussi reflétées. La musique et la danse argentines ont leurs particularités: elles ont plusieurs facettes, comme les diamants. S'agissant maintenant des têtes de la troupe, ils sont deux: Annibal Pannunzio et Magui Danni. Ils sont Argentins. Tous les deux danseurs. Le premier est chorégraphe et avocat diplômé. Il prit parti de plaider la cause du spectacle en invoquant les arguments de la mise en scène. Avec sa compagnie, fondée en 1976, il fait le tour des théâtres et des plus importants festivals de son pays et d'Amérique latine. Il compte à son actif pas moins de 15 créations. On cite: Buenos Aires Tango, Tango Moi, Tango Macbeth, Tangozo, etc. L'année 2003 serait la plus marquante de toute sa carrière, puisque c'est l'année où cet enfant prodigue de l'Argentine fut adopté au Japon. L'une de ses pièces a eu un franc succès parmi les Nippons. En outre, avec son partenaire Magui Danni, il reçoit en Italie le prix «Leonda Massine» pour l'art de la danse en 1998. En ce qui concerne Magui Danni, elle est licenciée en histoire. Magui s'est associée à cette compagnie il y a vingt- quatre ans, en 1981. Elle est reconnue par les représentants majeurs de la musique argentine.