Mais le pari est grand: les précédentes grandes mobilisations sociales, contre la réforme du marché du travail décidée par le président socialiste François Hollande en 2016, ou la réforme des retraites, en 2010, n'ont pas fait reculer les gouvernements de l'époque. Grèves et manifestations sont prévues demain en France contre l'assouplissement du code du travail engagé par le président Emmanuel Macron, confronté à la première mobilisation sociale de son quinquennat mais très déterminé à imposer ces délicates réformes. Cette journée aura également valeur de test pour le monde syndical, profondément divisé sur la conduite à tenir face à la loi travail de l'exécutif. Parmi les trois principaux syndicats français, FO et la Cfdt sont critiques envers la réforme mais n'appellent pas à manifester, parfois contre l'avis de leurs adhérents. La CGT a de son côté appelé à protester demain contre le nouveau texte, qui selon elle «donne les pleins pouvoirs aux employeurs». Des grèves sont attendues dans les transports aériens et ferroviaires. Fonctionnaires, étudiants, lycéens sont conviés à participer au mouvement. Considéré comme le principal opposant au président selon un récent sondage, le héraut de la gauche radicale, Jean-Luc Mélenchon battra aussi le pavé demain contre ce qu'il qualifie de «coup d'Etat social». Il a également appelé à manifester le 23 septembre. «Plus de 180 lieux de manifestations ont été recensés», a déclaré dimanche au journal Le Parisien le secrétaire général de la CGT Philippe Martinez, y voyant le signe d'»une effervescence et d'un très fort mécontentement». Mais le pari est grand: les précédentes grandes mobilisations sociales, contre la réforme du marché du travail décidée par le président socialiste François Hollande en 2016, ou la réforme des retraites, en 2010, n'ont pas fait reculer les gouvernements de l'époque. Plafonnement des indemnités en cas de contentieux, réduction des délais de recours des salariés, possibilité de négocier sans syndicat en dessous de 50 salariés: les ordonnances font la part belle aux petites et moyennes entreprises qui représentent près de la moitié des salariés en France. L'exécutif a opté pour la procédure accélérée des ordonnances, qui lui permet de décider du contenu de la réforme sans passer par un débat parlementaire. L'objectif affiché par le président Macron est de donner plus de flexibilité aux entreprises et de les encourager à embaucher alors que le chômage reste massif. Il touche 9,5% de la population active, contre une moyenne de 7,8% en Europe. Il s'agit également aussi de regagner la confiance de l'Allemagne, qui réclame depuis longtemps des réformes structurelles à Paris. Le chef de l'Etat n'a aucune intention de céder sur cette réforme, qui constitue l'une de ses promesses phares de campagne.Vendredi, il a prévenu qu'il «serait d'une détermination absolue et ne céderait rien, ni aux fainéants, ni aux cyniques, ni aux extrêmes», quelques semaines après avoir regretté que les «Français détestent les réformes». «De qui parle le président lorsqu'il dit qu'il ne cèdera rien aux fainéants? De ces millions de privés d'emplois et de précaires?», a vertement réagi le patron de la CGT, Philippe Martinez. Cette réforme du code du travail, vue par les syndicats comme une «remise en cause» des droits des salariés, sera le fil rouge de la mobilisation mardi. Mais d'autres réformes annoncées inquiètent aussi, comme la baisse des aides personnelles au logement (APL) ou encore, dans la fonction publique, le gel du point d'indice (qui sert aux calcul de la rémunération des fonctionnaires) et les réductions d'effectifs. Pour Emmanuel Macron, dont la cote de popularité a fortement chuté depuis son élection, la séquence n'est pas anodine après «un été difficile en matière de sondages», relève le politologue Jean-Daniel Lévy (Harris Interactive). «Le sentiment que la réforme n'est pas juste commence à s'installer, ce qui n'est pas un bon signe» pour Emmanuel Macron, relève de son côté Frédéric Dabi, directeur général adjoint de l'institut de sondages Ifop. L'enjeu, selon lui, est «de ne pas céder en début de quinquennat, pour ne pas donner un mauvais signe à son électorat». Mais il doit aussi être «vigilant» pour que la fronde ne se transforme pas en une «contestation globale de l'action de l'Etat».