Les tangos sensuels de Buenos Aires ont débarqué à Alger. C'était durant la soirée du mercredi dernier. Leur passage à la salle Ibn Khaldoun d'Alger, n'est pas passé inaperçu. Des centaines de spectateurs se sont déplacés spécialement pour assister au spectacle de danse et de musique donné par la Comagnia Argentina. Dirigés par Annibal Pannunzio et sa collaboratrice Magui Danni, les tangos ont doucement entraîné le public vers les confins de l'Amérique latine. Buenos Aires Tango est une pièce chorégraphique de quatre tableaux. Chacun de ces tableaux raconte une partie de l'histoire de cette danse qui a pris corps dans les couches les plus démunies de l'Argentine. La magie du bruit ingénieusement ordonné par la musique retrace les limites d'un espace clos, clandestin, évoquant aussi bien les lupanars que ces coins perdus dans les fins fonds de Buenos Aires. C'était le tout début aussi bien de la pièce que du tango lui-même. Cette danse est née il y'a cent ans. Au commencement, c'étaient des hommes qui dansaient entre eux, préfigurant la demande dans la période d'attente, créant petit à petit des pas de figure, ouvrant un espace pour cette femme qui arriverait en principe des couches moins «respectables» de la société. L'arrivée de la femme «sauvage» serait le coup de pouce qui a propulsé le Tango au «septième ciel». Mais cette mutation s'est faite à petit pas. Avec des touches légères. Cela est perceptible dans le deuxième tableau de la pièce. Intitulé La Ciudad, ce tableau a cette magie de traverser l'espace et le temps pour s'installer dans l'atmosphère fiévreuse de Buenos Aires d'aujourd'hui. Le temps est pluvieux. Les gens sortent, portant leurs vestons. Des hommes et des femmes se croisant dans la rue, se regardent. Se fuient. Se croisent de nouveau, se regardent encore et se fuient encore. Mais cette fuite ne dure pas longtemps. Les hommes et les femmes s'arrêtent. S'approchent les uns des autres. Les mains s'accrochent. Les jambes se croisent. Les corps se resserrent Le souffle se fait de plus de plus haletant. Et...une danse sensuelle est née. C'est avec ces gestes que la première partie s'est terminée. La deuxième était plus attractive. Le premier tableau de la seconde phase, intitulé Patio Gaucho, invite le public à une virée dans la campagne argentine. Les danses traditionnelles du pays retrouvent leurs «pas» de noblesse. Un enthousiasme manifeste accompagne la jubilation et la cadence complice qui réunit les couples au son d'une «Chacarera» ou d'une «Zamba». Le rythme est redoublé par les pas énergiques des «gauchos» dans un aller-retour «boleadoras». Après cela, c'est le retour en ville. Et c'est aussi le début du quatrième tableau «En El 40». Ce dernier évoque l'époque où le tango était reconnu au niveau international et s'exhibait triomphant à Buenos Aires.