«Ce sont toujours les mêmes têtes, les mêmes figures et les mêmes partis qui reviennent à chacune des élections municipales», déplore un militant du vieux parti. La course électorale bat son plein dans la wilaya regorgeant d'un important réservoir de votants estimé à plus d'un million d'électeurs. Pas moins de 25 formations politiques, inscrites aux élections locales devant se tenir le 23 novembre de l'année en cours, se disputeront inéluctablement les quelque 500 sièges municipaux des 26 communes en plus de la cinquantaine de sièges prévus à l'APW d'Oran. Si ces partis politiques, anciennement ou récemment créés abordent la dernière ligne droite rentrant dans le cadre des préparatifs pour affronter de plein fouet les joutes du 23 novembre, il n'en demeure pas moins que leur mission a été toutefois rude, notamment en ce qui concerne la collecte des signatures, d'où le spectre de l'absentéisme qui pointe du nez. Autrement dit, les électeurs oranais ne sont pas trop emballés par les locales, estimant que «cette élection n'est qu'une formalité devant aboutir à la reconduction des élus ayant brillé par leur absence durant le mandat écoulé, 2012-2017». D'ailleurs, les votants ne sont pas totalement «chauds» pour cette course qu'ils estiment «totalement identique à celles des éditions précédentes». La sanction n'est donc pas à écarter, tout comme les dernières législatives marquées par l'abstention qui a atteint le plus haut niveau. Hormis l'élection présidentielle qui constitue une épreuve importante où les électeurs sortent le matin pour se rendre aux isoloirs, les locales sont synonymes de tous les maux. «Ce sont toujours les mêmes têtes, les mêmes figures et les mêmes partis politiques, ayant abandonné leurs électeurs qui reviennent à chacune des élections municipales», déplore un militant du vieux parti, estimant que «la place des jeunes est renvoyée aux calendes grecques». Pour ces électeurs, voter pour les locales est synonyme d'une caution inconditionnelle de la corruption et de la mauvaise gestion des affaires de la cité. Cela se passe alors que les partis en lice ne cessent de vanter le bagage et l'éloquence de leurs candidats. Hélas. Le mal est, contre toute attente, fait. Ce sont plus ou moins ces candidats qui font fuir les votants. Ceux-là ne regrettent aucunement le fait qu'ils sanctionnent ces postulants qu'ils estiment «courir derrière des commissions qu'ils prélèvent en accordant des projets à des entreprises». D'ailleurs, c'est à Oran que le concept «Monsieur Fiche technique est né». Dans ce concept, les Oranais lancent des critiques acerbes à l'encontre des tenants du pouvoir local les accusant de tous les maux. 50 communes touchées par la corruption Ce n'est un secret pour personne. La corruption est devenue un sport routinier dans la wilaya d'Oran. Les mis en cause ne sont autres que des élus locaux du peuple, des maires et autres élus issus des dernières municipales. Pas moins de 50% des 26 communes, composant la wilaya d'Oran, sont touchées par la corruption. Dans un décompte fait par L'Expression, 13 présidents des Assemblées populaires communales ont été poursuivis en justice pour divers chefs d'accusation liés à la corruption comme passation de marchés en violation du Code des marchés publics, dilapidation et détournement de deniers publics, trafic d'influence, faux et usage de faux, malversations et mauvaise gestion etc. Le mandat 2012-2017, n'a pas encore expiré que plusieurs représentants locaux ont été auditionnés, d'autres ont été jugés et condamnés pendant que plusieurs autres ont été administrativement suspendus de leurs fonctions en attendant que la justice tranche leurs cas respectifs. Les dernières comparutions ont concerné le maire de Mers El Kebir, en compagnie de trois autres élus, qui ont été placés sous contrôle judiciaire après qu'ils eurent été auditionnés par le juge d'instruction de la première chambre près le tribunal d'Oran. D'autres élus de la même commune seront, eux aussi, entendus demain par le même juge. Le pouvoir local est-il infecté à tel point que le votant se voit «dégoûté» de telle sorte à rendre caducs les résultats des élections en les privant de la légitimité? En dépit de toutes les mesures contenues dans le nouveau Code communal, aucune force ne semble pouvoir stopper ces «préférés» du peuple dans l'exercice de leur sport préféré: la corruption. Tous les chemins mènent à la corruption! Selon plus d'un à Oran, cette maxime trouve son terrain d'application dans la wilaya infestée par tous les maux. Le maire de la commune de Sidi Chahmi a eu des démêlés avec la justice. Son «mal» repose sur le faux et usage de faux, falsification des documents, conclusion des transactions en transgressant le Code communal et le Code des marchés, malversation et mauvaise gestion des affaires de la municipalité qu'il a gérées jusqu'au jour où il a été éjecté de son poste, suite à une décision administrative prise par la wilaya d'Oran. Idem pour la commune de Hassi Bounif, petite localité située à l'entrée est d'Oran. Cette commune, plus déshéritée, n'est pas épargnée par la métastase phénoménale de la gangrène de la corruption. Son maire, à l'instar de 12 autres de ses compères des autres localités, a été suspendu de ses fonctions suite à ses démêlés avec la justice. Des maires ignorent la loi! Ce maire est poursuivi pour trafic d'influence, transgression des textes contenus dans le Code des marchés, malversations et mauvaise gestion. Le maire d'El Kerma, commune située au sud d'Oran, a lui aussi vécu la tourmente judiciaire. La machine judiciaire a été actionnée à son encontre suite à un reproche reposant sur la surfacturation et acquisition des outils et autres équipements en bafouant les règles régissant la dotation et la gestion de la commune. Le maire de Béthioua quant à lui, a subi le même sort, ayant fait l'objet de poursuites judiciaires suite à une série de chefs d'inculpation dont le socle repose sur l'octroi des prestations injustifiées, conclusion des transactions douteuses et des marchés suspects, la transgression du Code communal, etc. Toute la cité en parle: le mal s'est propagé un peu partout dans plusieurs localités comme Bousfer. La liste des exemples est longue à énumérer. En plus des maires, d'autres élus de plusieurs communes, font, eux aussi, l'objet de poursuites judiciaires pour divers chefs d'inculpation. Lors des différents rounds de leurs auditions par les services de la police et la gendarmerie, plusieurs mis en cause n'ont rien trouvé de mieux à dire pour s'en «laver les mains» que d'agrémenter leurs déclarations par «leur ignorance» des lois et des textes, argument qui, selon un juriste, ne peut tenir debout puisque le ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales n'a pas cessé d'organiser des rencontres et séminaires de formations au profit des élus locaux depuis leur investiture. Les électeurs, qui se sont rendus aux urnes au mois de novembre 2012, regrettent-ils, d'avoir mal choisi leurs représentants? «Lors de leurs campagnes électorales, ils (élus locaux, Ndlr) nous ont promis des miracles en nous faisant miroiter qu'ils sont meilleurs!», s'exclame-t-on à Oran. En attendant, les résultats de ces élections du 23 novembre prochain confirmeront-ils les «mesures» décidées par les Oranais, sanctionner les revenants de si loin dont plusieurs élus commencent à séduire les électeurs sans juger utile de présenter un quelconque bilan.