Les Oranais croient dur comme fer que bouder l'isoloir ne constitue toutefois pas la solution idoine pour la sortie de crise. Plus d'un million d'électeurs, soit plus de 50% de la population de la wilaya d'Oran, sont attendus aujourd'hui dans les isoloirs pour élire leurs 18 députés devant les représenter à l'Assemblée populaire nationale, APN. Dans cette course, 20 listes représentant l'opposition et des partis d'allégeance, sont en lice. «Nous sommes prêts», dira un cadre de la direction de la réglementation et de l'administration générale, Drag, ajoutant que «l'administration a mis en place tous les moyens relevant de notre ressort». «Toutes les listes et candidats se valent», dira un professeur en sciences politiques à l'université d'Oran. Et d'ajouter que «tous les postulants partent sur le même pied d'égalité. Le dernier mot revient aux électeurs.» L'enjeu est de taille tant que cette élection survient dans un contexte particulier marqué par la cherté de la vie et la baisse du pouvoir d'achat, l'accentuation de la crise et des chamboulements politiques aussi bien régionaux qu'internationaux. Que faire donc? Une telle question revient sur les lèvres de la majeure partie des Oranais qui, certes, ne croient plus aux changements devant venir par le biais des élections, mais croient dur comme fer que bouder l'isoloir ne constitue toutefois pas la solution idoine pour la sortie de crise. A Oran, tout comme un peu partout dans le reste du pays, les élections législatives, constituent un enjeu particulier, du moins chez les formations politiques inscrites dans cette course. Plus d'un parti, dont les candidats ont sillonné le territoire de la wilaya durant la campagne de persuasion, ont préconisé des traitements de choc. Mais chez plus d'un, les salles remplies lors des rassemblements animés par les postulants ne reflètent aucunement le niveau de la conviction citoyenne, notamment en ce qui concerne leur avenir. Autrement dit, le spectre de l'abstention et le grand froid rôdent en grande vitesse, notamment chez les populations résidant dans les quartiers frappés par tous les maux sociaux. Ce n'est un secret pour personne. Le vote, législatif et local, est, pour les populations, synonyme de la défense par les parlementaires et élus locaux des causes des familles en quête du logement, des jeunes à la recherche du travail, en un mot du développement local. C'est d'ailleurs en ce sens que plus d'un candidat a basé son discours électoral en s'adressant aux électeurs lors des différentes sorties opérées durant les trois semaines de persuasion. Plus d'un candidat a élevé son speech en faisant l'état des lieux de la situation qui prévaut aussi bien dans la wilaya d'Oran qu'au niveau national. Les jeunes, eux, ne sont pas en reste de l'actualité aussi bien régionale que nationale. Plus d'un souligne «ne rien voir de bien venir vu le marasme social». «Ce sont ces députés qui font de nous des incrédules boudant les urnes.» Connus pour être ironiques, plus d'un Oranais n'a pas hésité à qualifier de «récidivistes» des députés-candidats pour un autre mandat. «On ne croit plus au vote», dira un habitant du quartier populaire Saint-Pierre ajoutant que «les candidats, sachant à l'avance que nous avons pris nos distances vis-à-vis d'eux, n'ont pas osé animer un quelconque rassemblement dans notre quartier». Pour plusieurs dizaines de ces jeunes désoeuvrés des quartiers frappés par tous les maux sociaux, aucun discours ne peut convaincre cette fois, du moins pas ceux croyant au changement, notamment au niveau des mentalités et comportements régissant la gestion des affaires de la cité. Sinon, dira plus d'un, comment interpréter le fait que la corruption soit devenue un sport routinier dans la gestion des municipalités sans que ces députés ne daignent faire ne serait-ce qu'une petite sortie médiatique? s'interroge-t-on. Au moins 50% des 26 communes composant la wilaya d'Oran sont touchées par le phénomène lié à la corruption, 13 présidents d'Assemblées populaires communales sont poursuivis en justice pour divers chefs d'accusation liés à la corruption comme la passation de marchés en violation des dispositions du Code des marchés publics, dilapidation et détournement de deniers publics, trafic d'influence, faux et usage de faux, malversations et mauvaise gestion etc. Aucun des élus locaux ou nationaux n'est sorti accompagner les populations dans la lutte contre la corruption, laissant cette mission aux enquêteurs et à l'administration se démenant tant bien que mal dans ses investigations à la recherche de la vérité. Pour plus d'un Oranais, l'explication est toute simple. «Tous les chemins mènent à la corruption!», tancent-ils. De telles stigmatisations indiquent que le vote d'aujourd'hui sera marqué par la sanction des populations, notamment en ce qui concerne le taux de participation.