La rencontre israélo-palestinienne s'est soldée par une douche écossaise, n'apportant rien de nouveau. Cela entre un peu dans la coutume des tractations entre les Palestiniens et Israël lesquelles se sont toujours achevées en queue de poisson et alimentant davantage le dépit de ceux qui feignent encore attendre monts et merveilles de la part d'Israël, et singulièrement de son Premier ministre retors Ariel Sharon. Celui-ci a de tout temps pratiqué le double jeu et joué au chat et à la souris avec les Palestiniens, attendant toujours plus d'eux, sans que lui-même fasse le moindre effort pour donner à l'Autorité palestinienne de jouer son rôle d'administrateur des territoires palestiniens occupés. De fait, pour Sharon, l'existence de l'Autorité palestinienne reste inopportune alors que les dirigeants palestiniens ne sont pour lui, a défaut de terroristes, que de méchants «garnements» qu'il faut savoir tenir en laisse. Et c'est ce qui vient de se passer après le «sommet» de mardi à Jérusalem-Ouest entre Mahmoud Abbas et Ariel Sharon, où le dialogue de sourds-muets a été encore une fois à l'honneur. De fait, le chef du gouvernement israélien ne s'adresse pas aux Palestiniens comme à des partenaires (incontournables) d'Israël, mais à des subalternes qui doivent exécuter les ordres du maître, «faites ça et ça» et je vous concède «ceci et cela». Ce qui n'est ni sérieux ni politique pour quelqu'un qui prétend travailler à établir la confiance entre les deux parties pour instaurer la paix dans la région, alors que sa préoccupation unique reste de voir comment contenir les Palestiniens, sans qu'Israël honore ses obligations internationales envers le processus de paix au Proche-Orient. En réalité, le seul point qui importe et hante les Israéliens, est celui de la sécurité, feignant de ne pas voir que la sécurité d'Israël est conditionnée par l'existence d'un Etat palestinien indépendant disposant de tous les attributs de la souveraineté. Or, la seule chose que Sharon semble attendre des responsables palestiniens, sans que lui-même fasse quelque chose en contrepartie, c'est de désarmer les «terroristes», comme si un pays occupé par des forces étrangères pouvait se payer le luxe de désarmer sa résistance. De fait, Mahmoud Abbas, rappelait pertinemment mardi que le peuple palestinien, en l'élisant, ne lui a pas donné mandat pour «désarmer» la résistance. Or, ce qu'Israël ne semble pas prendre en compte, ou ne veut pas admettre, est que l'occupation renforce la résistance. Aussi, si Israël est réellement soucieux d'assurer sa sécurité, il doit d'abord mettre en application les résolutions de l'ONU d'une part, par le retrait total des territoires occupés, d'autre part accepter, comme n'ont cessé de le demander les Palestiniens, la mise en place d'une force d'interposition entre les deux pays. Il faudra bien un jour ou l'autre qu'Israël considère les territoires palestiniens occupés comme un étant un pays, la Palestine, avec lequel, d'une manière ou d'une autre, il doit avoir des relations de bon voisinage et de coexistence pour, notamment, assurer la sécurité de la communauté juive. C'est celle-là la réalité, dire le contraire n'est, au mieux, que de l'affabulation. Car, Israël dans le même temps où il discute avec les dirigeants palestiniens, n'a pas abandonné sa politique répressive, dont l'assassinat ciblé, comme l'a été la tentative, mardi, d'assassiner un responsable du Jihad islamique au moment même où Sharon recevait le président palestinien. Ainsi, Israël a confirmé, hier, avoir tenté de liquider mardi un membre de ce mouvement dans la bande de Gaza. Dès lors que seul l'intérêt d'Israël semble être pris en compte, il n'est pas étonnant que le sommet Abbas-Sharon ait finalement abouti sinon à une impasse, certainement à un non-événement. De fait, en conditionnant, -par l'arrêt total de ce qu'il appelle le «terrorisme»-, la poursuite du processus de paix, dit de la Feuille de route lequel n'a été suivi d'aucune mise en application depuis 2003, Sharon montre bien que le processus de paix reste pour lui marginal et ne constitue pas sa préoccupation majeure. En fait, commentant le sommet de mardi, le Premier ministre palestinien, Ahmed Qorei, qui a participé à la rencontre, n'a pas caché sa déception en indiquant que «ce qui nous a été proposé n'est pas suffisamment satisfaisant pour qu'on puisse parler d'accord». Pouvait-il en être autrement quand Sharon a, et depuis toujours, habitué le monde à dire une chose et à faire son contraire. Ainsi, la semaine dernière, après avoir assuré la secrétaire d'Etat américaine, Condoleezza Rice, que rien ne sera fait dans les colonies qui puisse envenimer la situation, le Premier ministre israélien fait tout à l'opposé, une fois Mme Rice partie, en autorisant la construction de 700 nouvelles habitations dans les colonies du nord de la Cisjordanie. Aussi, c'est dans l'ordre des choses que Sharon s'évertue à compliquer au possible la tâche du président Abbas et de l'Autorité palestinienne, car il n'a jamais envisagé une paix véritable entre les deux communautés juive et palestinienne. Car c'est surtout celle-là la nature véritable du Premier ministre israélien, foncièrement anti-palestinien, qui a excellé ces dernières années à mettre de l'huile sur le feu.