Le mauvais élève vient donc d'être lâché par tout le monde, y compris par ses ex-alliés. La situation est sur le fil du rasoir dans les territoires occupés au Sahara occidental. Depuis mercredi, les manifestations contre l'occupation marocaine se sont étendues à la ville d'Assa au sud du territoire chérifien. Encore une fois, l'armée du palais royal a violemment réprimé une marche pacifique organisée dans la ville d'Assa, en soutien au soulèvement populaire dans les territoires occupés. Le nombre de blessés a atteint douze personnes parmi les manifestants sahraouis d'Assa. Deux personnes ont été également arrêtées à la suite des manifestations. La mission de la Rasd a fait état de violentes répressions subies par les étudiants sahraouis à la cité universitaire de Casablanca. Un étudiant sahraoui, Raji Mohamed, a été également enlevé, mardi dernier, par les forces spéciales marocaines à son domicile près de l'université de Marrakech, rapporte jeudi l'agence sahraouie SPS. Dans la ville rebelle d'El Ayoun, les manifestations reprennent de plus belle depuis mercredi dernier. Les Sahraouis se sont révoltés contre l'arrestation et la torture de Aminatou Haïdar, compatriote militante des droits de l'Homme. La militante sahraouie avait été transférée dimanche à la prison Carcel Negra de la même ville dans un état de santé critique. Le vent de la révolte commence à se faire entendre dans les villes marocaines d'Agadir, de Casablanca, de Fès, de Marrakech et de Rabat. Un soulèvement qui, rappelons-le, a vu le jour tout d'abord dans les villes occupées d'El Ayoun, de Smara et Dakhla. Nonobstant cette manifestation locale et les condamnations internationales, Rabat continue de s'obstiner et tourner le dos à la légalité internationale. La tolérance zéro à l'égard de la position marocaine vis-à-vis des réclamations des Sahraouis a été décrétée aussi par les officiels italiens. Le sous-secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères, M.Giampaolo Bettamio, a déclaré que son pays «est convaincu que la recherche d'une solution à la crise au Sahara occidental doit être poursuivie dans le cadre des résolutions des Nations unies». Lesquelles résolutions onusiennes exigent la mise en place d'un plan d'autodétermination du peuple sahraoui. En tous les cas, la position de l'Italie va dans le même sens que celle d'Alger, de l'Espagne, du Parlement suisse, mais aussi de plusieurs organisations politiques françaises. Rabat est définitivement largué sur la scène internationale au sujet de la question du Sahara occidental. «La situation de crise au Sahara continue d'être suivie de près par l'Italie, de pair avec ses principaux partenaires de l'Union européenne», indique aussi le sous-secrétaire italien aux Affaires étrangères. Mieux, dans sa réponse à M.Drario Rivolta, président de la commission extérieure de la chambre des députés italienne, qui avait interpellé le gouvernement sur la répression marocaine qui s'est abattue sur les manifestants sahraouis, M.Giampaolo Bettamio a souhaité «dans la situation actuelle un engagement plus actif de la communauté internationale pour relancer le dialogue direct entre les parties en conflit et trouver une solution au problème sous l'égide de l'ONU». De son côté, le royaume ibérique, par la voix du ministre des Affaires étrangères, M.Miguel Angel Moratinos, a renouvelé sa position en affirmant que «l'Espagne ne reconnaît pas la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental». Une déclaration des plus importantes, sachant que l'Espagne a sa part de responsabilité dans l'histoire de la région du Sahara. Le mauvais élève vient donc d'être lâché par tout le monde, y compris par ses ex-alliés. Un fait qui réconforte la position de l'Algérie dans son soutien à l'autodétermination du peuple sahraoui. «Les diplomates espagnols aux Nations unies ont cédé en 1975 l'administration mais pas la souveraineté sur ces territoires» dans l'attente de l'organisation d'une consultation à travers «l'exercice de l'autodétermination», a précisé le responsable de la diplomatie espagnole. Dans son élan, M.Miguel Angel Moratinos a réitéré «l'engagement actif» de son pays dans la recherche d'une solution définitive au conflit du Sahara occidental, mais une solution qui, selon lui, «garantira le droit à l'autodétermination du peuple sahraoui dans le cadre des Nations unies». Dans sa dernière sortie médiatique, le ministre des Affaires étrangères, M.Mohamed Bedjaoui, a affirmé quant à lui qu'Alger et Rabat «avaient convenu de laisser la question du Sahara occidental dans le cadre des Nations unies», estimant que Rabat «porte seul» la responsabilité du «blocage actuel». Quoi qu'il en soit, l'Algérie a affiché ouvertement sa couleur, son soutien à l'autodétermination du peuple sahraoui va dans le même sens que les dispositions onusiennes et la légalité internationale.