Il est difficile de ne pas être révolté par cette loi qui représente une cécité mentale confinant au négationnisme et au révisionnisme. «C'est avec le plus grand mépris que nous observons les perversions de l'histoire auxquelles se livrent depuis quelque temps les nostalgiques d'une Algérie colonisée et les laudateurs d'un terrorisme aussi crapuleux que celui que nous venons de vivre au cours de cette dernière décennie». C'est ainsi que le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a dénoncé les «laudateurs d'un terrorisme» à propos de la loi française du 23 février glorifiant le rôle positif de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord. C'est un président sûr de lui qui s'est exprimé, hier, devant les cadres de l'Armée nationale populaire la veille du 43e anniversaire de la Fête de l'indépendance et de la jeunesse. Le chef des forces armées a condamné en outre les pitoyables tentatives de falsification de l'histoire et cela au moment où l'Algérie s'apprête à célébrer son indépendance chèrement acquise. «Au moment où nous fêtons notre indépendance au prix d'une lutte qui a fait frémir tous les peuples du monde, nous tenons à dire que nous avons acquis suffisamment de maturité dans cette lutte et dans notre combat contre le terrorisme pour savoir accueillir avec sang-froid ces tentatives pitoyables de falsification de l'histoire», a affirmé M.Bouteflika pour qui «la réalité des faits finira par apparaître aux yeux de tous». Pour le chef de l'Etat qui regrette que ces «nostalgiques de l'Algérie colonisée» occultent une vérité historique, trouver des aspects positifs au colonialisme dont les méfaits se font encore sentir dans toutes les régions qui ont eu à le subir relèverait «du ridicule s'il ne s'agissait pas en fait de l'immense tragédie à laquelle ont été condamnés des peuples peu soucieux de la civilisation qu'on prétendait leur imposer» si ce n'est de l'aberration. Haussant le ton, le chef de l'Etat a averti: «Nous n'accepterons pas que notre passé soit manipulé à quelque fin que ce soit» avant d'affirmer que le devoir revient aux historiens de retracer la vérité à partir des archives qui, «nous l'espérons, leur seront accessibles sans restriction et qui les aideront à rétablir une vérité ne souffrant d'aucune complaisance». Pour rappel, la loi française «portant reconnaissance de la nation et contribution nationale en faveur des Français rapatriés» prévoit que les programmes scolaires français «reconnaissent et accordent à l'histoire et aux sacrifices des combattants de l'armée française issus de ces territoires la place éminente à laquelle ils ont droit». Une loi que Abdelaziz Bouteflika a qualifié auparavant de «cécité mentale confinant au négationnisme et au révisionnisme» avant de s'interroger: «Comment un parlement peut glorifier une présence coloniale coupable de massacres contre un peuple entier, et prétendre que cette présence a rendu service aux peuples colonisés?» Néanmoins, et avec un esprit de sagesse et dans une tentative de dépassionner les débats, Abdelaziz Bouteflika a appelé la jeunesse algérienne à envisager l'avenir sans appréhension et sans amertume et «en plaçant sous le signe de l'amitié et de la compréhension leurs relations entre eux ou avec les jeunes du monde entier», car, a-t-il souligné «nous ne voulons pas que nos jeunes soient nourris de haine et de revanche». C'est dans ce sens que le président de la République a rappelé son initiative de réconciliation nationale «dont vous aurez à approuver les contours et les modalités à travers le référendum auquel vous serez bientôt appelés», cela après avoir rendu un vibrant hommage à l'ANP pour tout ce qu'elle a «apporté pour la sauvegarde et le prestige de l'Algérie, suivant en cela l'exemple héroïque de l'Armée de libération nationale».