C'est un véritable plan de réforme que ce dernier a annoncé hier au Palais des nations. «Je tiens tout d'abord à souligner qu'aucun changement n'a été apporté sur les cinq rapports que nous présentons aujourd'hui, à la 26e session du Cnes, lesquels ont été élaborés par l'équipe de mon prédécesseur». C'est par cette précision que le président du Cnes a tenu à commencer son discours hier au Palais des nations. Si la nouvelle équipe a su rester fidèle à l'esprit du travail fourni par M.Mentouri, il n'en demeure pas moins qu'aussitôt clôturée, cette session consacrera la rupture avec «les anciennes méthodes». Une nouvelle ère sera amorcée avec M.Mohamed Seghir Babès. Elle commencera avec «un travail d'autocritique et une révision de fond de la gestion et d'organisation» au sein du Cnes. Contrairement à son prédécesseur, qui insistait sur l'indépendance de cette institution, M.Babès a rappelé hier que «le Cnes est tout d'abord une institution de l'Etat avec comme principal rôle d'éclairer et de soutenir l'Exécutif dans ses orientations socio-économiques». Il s'agira, nous l'aurons compris à travers cette précision, de réorienter la mission du Cnes et de l'aligner aux «efforts entrepris par le gouvernement». Sans pour autant critiquer explicitement l'organisation du Cnes, l'orateur a néanmoins annoncé un certain nombre de mesures, lesquelles lui permettront de se rapprocher le plus de la réalité. Plaidant de prime abord pour un travail de proximité il précisera «(qu')il est important de retourner sur le terrain» dit-il. Babès a annoncé l'organisation de «tables de concertation régionales autour desquelles le Cnes se réunira avec toutes les parties concernées, notamment les administrations, la société civile.» Cela permettra d'assurer, à son avis, une plus grande fiabilité des statistiques énoncées dans les rapports. C'est un véritable plan de réforme du Cnes que vient d'annoncer M.Babès. Ce dernier a affirmé qu'il est temps d'aller au-delà des notes de conjoncture pour traiter des questions de fond, et élaborer des rapports annuels sur la bonne gouvernance, «sachant que l'Algérie a adhéré au Mécanisme d'évaluation par les pairs dans le cadre du Nepad», ou encore le développement humain ou les libertés économiques. Le nouveau président du Cnes a, dans ce sens, salué les efforts du gouvernement qui, a su «résister aux difficultés» pour mener des réformes économiques dont les conséquences seront ressenties à long terme. Quelles relations entretiendra le Cnes avec l'Exécutif dans le cadre de cette nouvelle vision qui tranche avec l'époque de M.Mentouri? Le Cnes sera-t-il un appareil du gouvernement? M.Babès a précisé que «notre travail est guidé par le souci de servir l'Algérie et rien que l'Algérie». La nouvelle vision se base sur «les partages des rôles dans le cadre de la complémentarité» sans pour autant fixer les limites de cette nouvelle étape entamée dans la relation entre les deux instances. Babès est revenu sur les notions de la saisine et de l'autosaisine du Cnes qui a alimenté des polémiques pour attester qu'«il faut arriver à faire un équilibre entre les prérogatives attribuées au Cnes lui permettant d'élaborer des rapports et la possibilité offerte au gouvernement de saisir le Cnes sur certaines questions importantes d'ordre économique ou social».