Outre le souci de préserver les rapports entre les deux pays, les visites intermittentes des officiels français, entre le pôle Chirac et le pôle Jospin, obéissent à des objectifs électoralistes. Delanoë arrivera demain à Alger pour un séjour de deux jours. Cette visite, qui entre dans le cadre d'un périple au Maghreb, a débuté au Maroc et prendra fin en Tunisie. Selon l'entourage du maire de Paris, le voyage était prévu au lendemain de son élection, en mars dernier. Lors d'une conférence de presse de présentation de sa visite, Delanoë a déclaré que les thèmes qui seront abordés au cours de ce voyage porteront notamment sur l'urbanisme, l'assainissement, ainsi que la préparation de l'Année de l'Algérie en France. Par ailleurs, M.Delanoë a indiqué que, par ce voyage, il entend transmettre un «message aux Maghrébins de Paris». «Je veux que la collectivité parisienne se rassemble au-delà de ses différences, que tous les Parisiens soient également respectés», a-t-il déclaré lors d'une soirée conviviale organisée à la mairie de Paris avant l'Aïd El-Fitr. Avant Bertrand Delanoë, d'autres officiels français, ont défilé au Maghreb transitant par Alger au courant de cette année 2001. Nicholas Sarkozy le député prochiraquien, puis Hervé Decharette, proche de Jospin et plus récemment le président candidat Jacques Chirac se sont succédé au Maghreb. Il est évident qu'au-delà du souci de consolider les rapports entre la France et l'autre rive de la Méditerranée, ce mouvement pendulaire oscillant entre le pôle Chirac et le pôle Jospin obéit à des objectifs électoralistes. Pour la seule ville de Paris les trois pays du Maghreb (Maroc ; Algérie, Tunisie) représentent 35% des étrangers, non communautaires avec l'Algérie en tête du classement. C'est sur ce gisement que semblent miser les politiques français pour extraire un maximum de voix lors des prochaines élections. Lesquelles voix, à elles seules, peuvent élire ou disqualifier un candidat notamment au deuxième tour de la présidentielle. Ce terrain, jusque-là laissé en jachère, a brusquement fixé l'intérêt de la classe politique française. Selon des observateurs, en plus du recentrage de la position officielle de la France envers l'Algérie dans la lutte antiterroriste après les attentats du 11 septembre aux Etats-Unis, le match de football France-Algérie a révélé des vérités tout simplement ignorées. En effet, l'événement sportif ayant drainé des dizaines de milliers de jeunes supporters, a fait comprendre à bien des hommes politiques que, malgré tout, le sentiment d'appartenance à l'Algérie n'est pas érodé dans le coeur de cette deuxième génération de beurs. Il est donc devenu politiquement normal de convoiter ce vivier électoral qui, lui, n'a pas attendu le jour du match pour se manifester puisqu'il y a longtemps que la ville phocéenne a été surnommée la 49e wilaya d'Algérie, bien avant le bipôle Chirac-Jospin.