Depuis quelque temps, c'est de nuit, entre 19h et 21h, que se fait le ramassage. La collecte des ordures dans une grande métropole comme Alger pose des problèmes de logistique et d'organisation fort complexes. Pendant longtemps, soit pendant des décennies, ce secteur a été géré dans l'anarchie la plus totale. Des montagnes de détritus jonchaient certaines artères de la capitale, parmi les plus huppées, comme les rues Ben M'hidi, Didouche, Khelifa Boukhalfa, qui sont censées être la vitrine d'Alger la Blanche. Au manque de moyens évidents, venait s'ajouter l'anarchie totale dans les horaires de ramassage des ordures. Les camions passaient à n'importe quelle heure de la journée, obligeant les citoyens à faire de même, c'est-à-dire à déposer les ordures n'importe où... à n'importe quelle heure de la journée. Il y a aussi le fait que les «belles» poubelles d'antan ont commencé à disparaître du paysage pour être remplacées par les fameux sachets noirs, qui sont vite éventrés, déballant leur contenu à l'air libre, cela sans parler des périodes où les travailleurs, pour exprimer des revendications socioprofessionnelles, souvent légitimes, entamaient des actions de débrayage qui duraient des semaines. La population d'Alger a tout de même constaté une amélioration depuis quelque temps. Et c'est pour en savoir plus que nous nous sommes justement rapprochés de Madame Yaker, responsable de la communication à l'entreprise Net Com, qui s'occupe du nettoyage de la capitale et de la collecte des ordures. L'innovation la plus importante qui a été introduite a porté sur le basculement de la collecte vers la nuit. L'opération se déroule de 19 heures à 21 heures, dans des endroits déterminés, et dans des sachets bien fermés déposés dans des bacs ou des niches prévus à cet effet par Net Com. Il fallait donc changer et la méthode de ramassage et la mentalité des gens. Pour atteindre un tel objectif il fallait d'abord mener une campagne de sensibilisation qui comporte trois volets : les médias, l'affichage, et le porte-à-porte pour toucher directement les ménages. Des flyers sont également distribués en différents endroits de la capitale. Pour porter pleinement ses fruits, la campagne passe également par les établissements scolaires, où on a un retour d'écoute, puisque une fois sensibilisés, les enfants demandent à leurs parents de mieux gérer les ordures. Il y a même une caravane qui sillonne différents quartiers d'Alger, comme Bab El Oued, Bachdjarah ou Bab Ezzouar. Questions moyens et logistiques, Mme Yaker nous assure que Net Com est bien pourvu (camions, niches, bacs...) Madame Yaker ne manque pas de souligner l'intérêt que porte le wali d'Alger à la propreté de la capitale. «Il en fait une action prioritaire», dit-elle. Néanmoins, la collaboration de toutes les autres institutions est requise, pour faire en sorte que l'éboueur ne soit plus seul dans son coin. La propreté de la capitale est l'affaire de tous, aussi bien celle des citoyens, celle des services concernés comme Net Com, que celle de toutes les institutions. Le milieu urbain est déjà un milieu assez difficile à gérer, surtout dans une ville comme Alger qui a connu une expansion exponentielle, un agrandissement anarchique ayant des retombées négatives sur des secteurs aussi sensibles que la voirie, le transport, la collecte des ordures, l'alimentation en eau potable ou en électricité. Une telle opération bien sûr suppose un encadrement de qualité, donc des cadres formés à cet effet et eux-mêmes sensibles à la beauté et à la propreté de la ville. «Licenciée en littérature, j'ai grandi à Alger et cela me faisait mal de voir les quartiers d'Alger se dégrader et perdre leur charme d'antan.» Oui, le charme d'une ville méditerranéenne, attractive et où il fait bon vivre. Net Com a fait les premiers pas. C'est son job et ses travailleurs sont payés pour. Mais tout un chacun devrait se sentir concerné par la beauté et la qualité de vie dans la capitale.