La résolution rejetant la décision de Trump reconnaissant El Qods «capitale» d'Israël [bloquée au Conseil de sécurité par les Etats-Unis] a été approuvée par un vote écrasant, jeudi, à l'Assemblée générale de l'ONU. Ce vote vient après celui de mardi - 176 voix contre 6 - condamnant la décision de Trump sur la Ville sainte. Toute chose égale par ailleurs, c'est un petit nombre d'Etats sous influence qui a suivi l'oukase des Etats-Unis. De fait, ce pays a été marginalisé comme aucun pays ne l'a jamais été dans le monde. Cela montre que la force ne permet pas tous les desiderata et qu'il existe des lignes rouges que même une puissance s'appelant «Etats-Unis» est tenue de respecter. Le monde unanime refuse le déni de droit dans lequel Trump veut le mener. Marginalisés sur la question d'El Qods, les Etats-Unis n'ont pas eu l'intelligence de reconnaître ce fait: un monde uni - quelles que soient les idéologies en présence - a rejeté la reconnaissance de la Ville sainte comme capitale d'Israël. Même des alliés aussi sûrs que le Royaume-Uni, le Japon et la Corée du Sud se sont désolidarisés d'une décision lourde de conséquences. Ce n'est pas un phantasme, c'est un fait: la décision du président états-unien Donald Trump sur El Qods est non seulement dangereuse et malvenue, elle est inappropriée et à contretemps allant à l'encontre des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité de l'ONU, que Washington approuva dans le passé. Mis en minorité, contrarié dans sa prétention de régenter le monde et de gérer à sa guise les conflits - particulièrement le contentieux israélo-palestinien - Donald Trump a menacé de ses foudres les pays qui voteront la résolution de l'Assemblée générale de l'ONU; de couper les vivres aux Nations unies. C'est ainsi que les Etats-Unis contribuent à solutionner les problèmes qui se posent à la communauté des nations: par la trique et l'injonction. Elle est belle l'«Amérique» de la démocratie et des droits de l'homme! Dans son discours, jeudi à l'Assemblée générale de l'ONU, justifiant la décision de Trump sur El Qods, l'ambassadrice des Etats-Unis auprès des Nations unies, Nikki Haley, a eu ce propos incroyable: «En plaçant pleinement et à mauvais escient la responsabilité de l'échec des efforts de paix sur les implantations israéliennes, la Résolution [cf; il s'agit de la résolution 2334 du Conseil de sécurité du 23 décembre 2016, condamnant les colonies israéliennes dans les territoires palestiniens occupés adoptée par 14 voix et l'abstention...des Etats-Unis sous Obama] a donné un laissez-passer aux leaders palestiniens qui, depuis de nombreuses années, rejettent une proposition de paix après l'autre.» Mme l'ambassadrice conjugue l'amalgame et la mauvaise foi au mépris de la vérité, faisant froidement endosser aux Palestiniens les obstacles à la paix érigés par Israël qui, entre autres refus, mit fin à l'accord d'Oslo. Le président des Etats-Unis et son ambassadrice - plus israélienne que les Israéliens - doivent rafraîchir leurs mémoires en la jetant un regard sut la carte de la Palestine, telle qu'elle a été en 1917, Déclaration Balfour, en 1947, année du partage inique à l'ONU [c'est cette «Maison du Mensonge» dixit le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, qui, cependant, a été derrière la naissance d'Israël qui refuse à la Palestine d'exister] en 1967 (guerre des Six Jours) et les bribes qui subsistent des territoires palestiniens en 2017. Ces cartes de la Palestine sont plus probantes que le discours le plus talentueux sur ce dossier. En fait, par sa décision abusive, par ses menaces contre les pays qui ne se soumettent pas au diktat états-unien, par le chantage financier fait à l'ONU, le président des Etats-Unis a mis à nu son caractère vindicatif, disqualifiant en fait son pays en tant que médiateur ou parrain du processus de paix au Proche-Orient. En prenant clairement partie pour l'un des belligérants, les Etats-Unis, qui se sont exclus d'eux-mêmes de toute future discussion, ne peuvent plus prétendre avoir droit de chapitre sur le devenir de la Palestine. Toutefois, arrogante, méprisante, l'ambassadrice des Etats-Unis assurait - après le vote et le camouflet infligé par l'AG de l'ONU - que les Etats-Unis n'ont pas besoin de «sermons» et de «leçons», affirmant que «le temps où Israël n'était pas traité de manière équitable» dans l'Organisation «était révolu». Equitable? A l'ONU, même la Russie pouvait être sanctionnée, mais pas Israël placé au-dessus des lois et du droit internationaux. Quant à l'affirmation de Mme Haley que les Etats-Unis «restent engagés dans le processus de paix» au Proche-Orient, déniant à quiconque - notamment aux Palestiniens qui refusent désormais tout parrainage des Etats-Unis - la possibilité de rejeter Washington comme médiateur dans ce conflit. C'est beau la confiance en soi, même lorsque on est seul contre tous. Les Etats-Unis pouvaient-ils avoir raison contre tous? La réponse est on ne peut plus claire: le non écrasant à la prétention des Etats-Unis de changer la donne israélo-palestinienne.