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Le long combat pour tamazight
TARIK DJERROUD PUBLIE UN LIVRE EN 2 TOMES
Publié dans L'Expression le 27 - 12 - 2017

Tarik Djerroud a fait le choix de faire voyager le lecteur dans les méandres de l'amazighité depuis les temps les plus lointains.
L'écrivain et romancier Tarik Djerroud vient de publier un nouveau livre en deux tomes aux Editions «Tafat». Il s'agit d'un essai intitulé «Tamazight, âme de l'Afrique du Nord» et où il revient sur le long chemin parcouru par tamazight, langue, identité et histoire. Même s'il s'agit d'un essai, le livre de Tarik Djerroud se lit comme un roman dont le style d'écriture employé est élaboré à bien des égards. Tarik Djerroud a fait le choix de faire voyager le lecteur dans les méandres de l'amazighité depuis les temps les plus lointains. Il traverse par la suite les étapes les plus importantes avant d'arriver à la crise dite berbériste de la fin des années quarante. Ceci, dans le premier tome. Dans le second tome Tarik Djerroud continue de livrer les «secrets» du long chemein vers le recouvrement de l'idendité amazighe en Algérie.
En narrant ces différentes étapes et les différents rebondissements ayant émaillé ce parcours exceptionnel du combat d'un peuple pour sa langue et son histoire, Tarik Djerroud parle aussi des grands hommes qui ont marqué cette lutte. Tarik Djerroud (auteur déjà de plusieurs romans dont «J'ai oublié de t'aimer», «Hold-up à la Casbah», «Le sang de mars», «Un butin de guerre»...) évoque ainsi Mouloud Mammeri, Taos Amrouche, Matoub Lounès, Bessaoud Mohand Arab, Mohand Haroun et la liste est bien sûr longue. Divisé en deux tomes, «Tamazight, âme de l'Afrique du Nord», se veut un long voyage dans l'Histoire ponctué d'interrogations, d'un examen sur les conditions du déclin et de la renaissance de tamazight.
Bref, cet essai analyse avec une approche scientifique ce duel séculaire entre les facteurs endogènes (attachement populaire) et facteurs exogènes (pressions coloniales) ayant imprimé à tamazight un destin plutôt cruel que florissant, nous confie Tarik Djerroud à propos de son nouveau livre.
Notre interlocuteur précise que ce voyage dans l'Histoire a aussi pour ambition de jeter un regard serein dans le miroir du récit national: chaque chapitre en est un fragment. «En trente chapitres, des faits saillants émergent: la proximité entre le punique et tamazight; le voisinage entre tifinagh et le latin; l'instabilité politique comme facteur empêchant tamazight de se hisser de langue officielle sur son propre territoire», enchaine Tarik Djerroud. Ce dernier précise en outre que l'arrivée des Arabes est une étape qui a lancé tamazight dans une sorte de rivalité avec la langue du texte coranique, c'est-à-dire l'arabe, laquelle est accompagnée du sceau de la sacralité dont le profit politique est cueilli comme un fruit mûr, du gouverneur de Damas Abdelamlek jusqu'au zaïm du PPA: Messali Hadj. Tarik Djerroud tente, dans son ouvrage, de déconstruire «une histoire rédigée avec des oeillères».
Il essaye de «démonter une mécanique huilée par l'idéologie arabo-baâthiste agrémentée d'un fanatisme morbide; à mettre en relief aussi la poussée contraire d'une conscience à la sauce amazighe amorcée depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale». Tarik Djerroud précise que «tamazight, ignorée sinon traînée dans la boue, ressemble à un choc, à une inconsolable déception. Mais, à l'indépendance du pays, tout va basculer, dans la difficulté il est vrai. Avec l'Académie berbère, la chanson engagée, le mouvement sportif avec une JSK dont chaque victoire résonne comme un clairon identitaire, avril 80, ce sont les chaînes de la peur qui explosent et la parole se met à se libérer peu à peu».
L'écrivain Tarik Djerroud, qui campe ici la casquette d'Historien et d'analyste politique, explique que «tamazight a été pendant des décennies un enjeu majeur ayant secoué la société en profondeur et créant, par ricochet, du rififi dans les arcanes des sphères dirigeantes». Pour l'auteur, la question de l'amazighité reste un livre ouvert et l'officialisation n'est pas suffisante, les défis à venir sont nombreux, rappelle-t-il. Et les derniers événements lui donnent raison.


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