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Les jeunes de Ghoufi ressuscitent la tradition de "Laouziâa"
NOUVEL AN AMAZIGH À BATNA
Publié dans L'Expression le 10 - 01 - 2018


Des jeunes du village touristique de Ghoufi, dans la commune de Ghassira (90 km au sud-est de Batna), préfèrent célébrer le Nouvel An amazigh en ressuscitant la séculaire tradition de «Laouziâa» (le partage). Dans une initiative commune, ces jeunes ont décidé de cotiser, chacun selon ses moyens, pour acheter un veau à immoler et sa viande partagée aux familles pauvres de la région pour leur permettre de célébrer Yennayer. Le village vit ainsi au rythme d'une animation singulière pour marquer Yennayer 2018, qui est, pour la première fois, célébré en tant que journée nationale chômée et payée sur décision du président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, a indiqué à l'APS Mohamed Youcef, membre de ce collectif de jeunes. «Nous avons voulu entamer le Nouvel An amazigh par une grande action de solidarité qui a bénéficié à 200 familles par souci de relancer les deux traditions sociales de la «touiza» et «laouziâa» qui ont disparu ces dernières années», a ajouté Youcef (47 ans) employé de son état dans l'auberge de jeunes de la localité. Les caprins, jadis source de la viande de «Laouziâa» à Ghoufi Hadj Othmane Melili (87 ans), qui voit d'un bon oeil l'initiative de ces jeunes, se rappelle que par le passé, «Laouziâa» de Yennayer consistait en la viande caprine du fait que les caprins constituaient l'essentiel du troupeau des habitants de cette zone montagneuse. Les plus aisés de la population se réunissaient un jour ou deux avant Yennayer pour immoler plusieurs boucs et leur viande était répartie équitablement entre cinq ou six familles, affirme cet octogénaire qui précise que la découpe était confiée à un expert qui pouvait couper les morceaux de viande par les articulations sans abîmer les os. Pour célébrer Yennayer dans la région, il fallait, ajoute-t-il, se lever tôt le 11 janvier pour emporter dans «hazouit» (un couffin en alfa) les trois «Aynine» (pierres de cuisson) pour être remplacées par d'autres nouvelles replacées à l'endroit même où se trouvaient les anciennes après l'avoir bien nettoyé. Les femmes s'appliquent en outre, durant cette journée, à embellir l'entrée de la maison et s'affairent à embaumer l'outre d'herbes fraîches, symbole d'une bonne année agricole pleine de récoltes. Elles se consacrent entièrement durant la journée du 12 janvier à préparer le repas de Yennayer avec la viande de «Laouziâa» qui sera présentée avec «Ichermane» (blé trempé dans l'eau puis cuit dans l'eau bouillante avant d'être mélangé au miel et aux fruits séchés), souligne hadj Othmane Melili. «Il est déconseillé ce jour-là de manger des dattes», affirme, de son côté, la vieille Zarfa Maâraf, soulignant que les plus âgés expliquaient cette tradition par le fait que fendre la chair de la datte et découvrir le noyau augure d'une mauvaise année. Beaucoup de traditions liées à la célébration de Yennayer existent dans la région, à l'instar de l'obligation pour les femmes d'achever toute oeuvre tissée avant le Nouvel An et les impératifs de restitution et recouvrement de tout objet prêté avant l'avènement de Yennayer. Côté loisirs, les hommes manifestent leur joie en jouant collectivement à «thakourath». Tous ces rites et us de célébration de Yennayer marquent surtout l'attachement des populations locales à la terre et à l'agriculture et expriment l'espoir en une nouvelle année riche en récoltes.

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