La production des Etats-Unis doit établir un record historique en 2018, plus de 10 millions de barils par jour, ce qui pourrait constituer un frein au rebond des prix du pétrole. La belle remontée des cours de l'or noir sera-t-elle stoppée? C'est une hypothèse qui doit être prise en compte. La probabilité ne relève pas d'une vue de l'esprit. La production américaine de brut augmentera de 1,35 million de baril par jour cette année, pour atteindre «un pic historique au-dessus de 10 mbj, dépassant l'Arabie saoudite et rivalisant avec la Russie», si ces deux derniers continuent de limiter leur propre production souligne l'AIE dans son rapport mensuel sur le pétrole, rendu publique hier. Le dernier record de la production américaine est vieux de près de 50 ans, il date de novembre 1970, il a précédé de trois ans le premier choc pétrolier. Elle avait atteint 9,9 millions de barils par jour en 2017, au coude-à-coude avec celle de l'Arabie saoudite et de la Russie qui contribuent largement à la diminution de l'offre des pays Opep-non-Opep de 1,8 million de barils par jour. Les efforts de l'Opep pour rééquilibrer le marché risquent d'être mis à mal par la montée en puissance de la production aux Etats-Unis, les pétroliers indépendants américains vont de surcroit profiter de la hausse des prix pour relancer de plus belle leurs coûteuses extractions de pétrole non conventionnel. Quels effets ont eu ces informations sur le marché? Hier vers 12h00 heure algérienne, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mars s'échangeait autour des 69,04 dollars sur l'Intercontinental Exchange de Londres. Soit une baisse de 27 cents par rapport à la clôture de jeudi. Dans les échanges électroniques sur le New York Mercantile Exchange, le baril de «light sweet crude» pour le contrat de février se négociait à 63,71 dollars pour céder 24 cents. Le baril tient bon malgré le rapport peu défavorable. De l'Agence internationale de l'énergie, bras armé énergétique des pays occidentaux notamment les gros consommateurs d'or noir. Qu'en pensent les spécialistes? «Pour résumer le rapport, l'AIE estime qu'il y aura une baisse marginale des réserves mondiales de pétrole en 2018 à condition que les limitations de production de l'Opep (Organisation des pays exportateurs de pétrole) soient maintenues», nous explique Olivier Jakob, analyste chez Petromatrix. Tel que c'est parti il n'y a aucun doute: l'Opep et ses 11 alliés dont la Russie qui ont décidé de prolonger leur accord de baisse de leur production (de près de 1,8 million de barils par jour) jusqu'à la fin de l'année 2018 ne renonceront pas à serrer davantage leurs vannes. «Nous constatons à présent que la stabilisation du marché est en train de s'effectuer. Nous constatons également une réduction du surplus (de la production), mais la stabilisation du marché n'est pas encore totale. Nous devons continuer à surveiller la situation afin d'atteindre l'objectif ultime à savoir équilibrer le marché», avait-il affirmé mardi dernier le ministre russe de l'Energie Alexander Novak qui a assuré que son pays ne se retirerait pas de l'accord de réduction signé fin 2016 entre l'Opep et 11 autres pays exportateurs de pétrole non membres. Les 24 n'entendent donc pas baisser la garde d'autant plus que leur démarche, qui a défié les pronostics d'experts qui n'ont cru en son efficacité, a donné des résultats notoires. «De nombreuses personnes ont dit que l'accord de réduction de la production de brut par l'Opep n'aurait pas d'impact sur le marché cette année, que la production de schiste (aux Etats-Unis) remplacerait ces coupes, que l'Opep tricherait, ou que la demande serait terne. Or, tout cela s'est révélé faux», a signalé Phil Flynn de Price Futures Group. Autre facteur qui indique que le baril n'est pas près de trébucher lourdement: Lors de la semaine achevée le 12 janvier, les stocks américains ont baissé de 6,9 millions de barils. «Tant que les réserves américaines de brut continueront de reculer nettement, les participants du marché estimeront que le rééquilibrage du marché est en cours, conduit par les baisses de production de l'Opep et la Russie», ont estimé les analystes de Commerzbank. Le suspense reste de mise.