Les attentats à la voiture piégée sont une des armes de Daesh Le fait que la cible soit cette mosquée fréquentée par les groupes salafistes qui ont concouru à la libération de Benghazi tend à étayer la thèse d'une responsabilité de Daesh. Un des proches de Haftar, chargé des services de sécurité, Ahmad al Fitouri, figure parmi les victimes... Dans la nuit de mardi à mercredi, un double attentat à la voiture piégée a secoué la ville de Benghazi, dans l'est de la Libye. La cible était une mosquée connue pour être fréquentée par des salafistes alliés du maréchal Khalifa Haftar. Ce lieu de culte serait, selon plusieurs sources libyennes, un fief de ces groupes salafistes qui ont combattu les terroristes du groupe autoproclamé Etat islamique aux côtés des forces du maréchal Haftar. Le double attentat aurait fait, selon les autorités, au moins 41 morts et plusieurs dizaines de blessés, un bilan confirmé par les sources médicales de la ville et qui pourrait encore car plusieurs victimes se trouvaient hier dans un état grave, comme l'ont expliqué les responsables concernés. L'attentat n'a toujours pas été revendiqué, mais les regards se portent sur les éléments de Daesh qui auraient survécu à la chute de la ville de Syrte reprise l'été dernier par les milices de Misrata, favorables au gouvernement d'union nationale que conduit Fayez al Serraj. La première explosion s'est produite au moment où les fidèles sortaient de la mosquée après la prière, dans le quartier d'Al-Souleimani. C'est environ dix à quinze minutes plus tard, au moment où on notait l'arrivée sur les des secours et des forces de sécurité, que la deuxième explosion a eu lieu. Plus puissante, elle a endommagé une ambulance et provoqué un grand nombre de nouvelles victimes. Le fait que la cible soit cette mosquée fréquentée par les groupes salafistes qui ont concouru avec l'armée du maréchal Haftar à la libération de Benghazi tend à étayer la thèse d'une responsabilité de Daesh. Un des responsables les plus proches de Haftar, chargé des services de sécurité, Ahmad al Fitouri, figure parmi les victimes de l'attentat, preuve que les assaillants avaient sans doute une connaissance minutieuse des cibles visées. Benghazi, après avoir été un bastion de la révolte contre le régime de Mouamar al Gueddafi, se trouvait sous l'emprise des groupes terroristes dominés par Daesh et ce sont les forces loyales au maréchal Haftar qui sont parvenues en 2017 à leur arracher le contrôle de la ville toute entière, au terme de trois années de combats meurtriers. Proche des pays occidentaux et accusé par les milices de Misrata d'avoir été apporté en Libye par la CIA, le maréchal Khalifa Haftar a un rôle controversé, malgré quelques succès militaires contre l'EI et des milices de la région Sud qui convoitent certains puits de pétrole aux alentours de Tobrouk. Appuyé par l'Egypte et les Emirats arabes unis, il a également cherché le soutien de la Russie sans parvenir à son but latent qui est de se débarrasser du GNA et donc d'al Serraj. Après s'être précipité début janvier pour déclaré caduc l'accord de décembre 2015 donnant naissance au GNA, il a dû, contraint et forcé, faire amende honorable en acceptant la feuille de route du nouvel émissaire onusien en Libye, le Franco-Libanais Ghassan Salamé, tout en laissant qu'il pourrait la présidence libyenne lors des élections prévues au cours de cette année. Depuis plus de six ans, Benghazi qui est la seconde ville de Libye, a connu une violence extrême avec des attentats contre les représentations diplomatiques et les sièges des forces de sécurité. L'attentat de mardi soir constitue une première en ce qu'il frappe un lieu de culte fréquenté par des combattants salafistes et il porte ainsi la marque probable de Daesh qui, en Egypte, n'a pas hésité à frapper également des mosquées où se rendaient en nombre les soldats et les policiers chargés de le combattre. Minée par l'insécurité et la rivalité des factions qui y dictent leur loi, Benghazi n'en constitue pas moins le fief du maréchal Khalifa Haftar et le fait que le quartier d'al Souleimani ait été visé indique clairement que la cible première étaient bel et bien les forces de sécurité, plutôt que les civils. Ce double attentat intervient une semaine après les combats meurtriers qui ont affecté l'aéroport de Mitiga, près de Tripoli, dont une milice a tenté de s'emparer pour libérer certains de ses éléments emprisonnés avec 2500 autres détenus sous la surveillance de la Force al Radaâ, proche du GNA, faisant neuf morts. En proie à une lutte d'influence permanente entre diverses milices de la région, l'aéroport de Tripoli est régulièrement la cible d'attaques aussi meurtrières qu'imprévisibles malgré une surveillance soutenue de la Force de dissuasion Al Radaâ qui fait office de police dans la région.