La marche à laquelle avait appelé la Cadc de Tizi Ouzou a eu un écho favorable au sein de la population kabyle. Celle-ci s'est donné rendez-vous, encore une fois, pour exiger la libération des détenus. La ville des Genêts était paralysée en ce froid jeudi de décembre suite à l'appel de la Cadc à une marche populaire et à une grève générale. Les magasins étaient fermés et les ruelles désertes à l'exception de la grande rue qui, elle, a constitué l'axe principal où affluait la nombreuse foule qui voulait rejoindre le carrefour du 20-Avril, point de départ de la marche qui s'est fixé un seul but. «La libération immédiate et inconditionnelle des détenus.» La marche s'est ébranlée aux environs de 11h30 dans une certaine sérénité. Les manifestants se sont organisés en carrés dont le premier était réservé aux familles des victimes du printemps noir. Celles-ci brandissaient une banderole sur laquelle on pouvait lire: «Pas de compromis avec le pouvoir assassin». Le deuxième carré renfermait notamment des délégués enchaînés et la mère du Rebelle (Matoub Lounes). D'autres personnalités étaient également présentes, lors de cette marche, notamment Ferhat Mhenni, fondateur du MAK, qui a déclaré: «Je suis satisfait de voir la Kabylie mobilisée autour de ses revendications, ceux qui parlent d'essoufflement du mouvement ont reçu une bonne leçon.» Devant le siège de la Gendarmerie, une minute de silence a été observée par les manifestants qui scandaient auparavant des slogans hostiles au pouvoir et à la gendarmerie. Les marcheurs se sont dirigés ensuite vers la wilaya en passant par la cour où une halte a été marquée pour dénoncer «l'injustice dont ont été victimes les jeunes détenus». Arrivés à la wilaya, les manifestants ont observé un sit-in et un délégué a fait lecture d'un communiqué où la Cadc de Tizi Ouzou a dénoncé «les faux délégués usurpateurs dont l'objectif est de nuire à la mémoire des martyrs». Par la même occasion, la Coordination réitère son «exigence d'une réponse publique et officielle à la plate-forme d'El-Kseur scellée et non négociable et la libération de tous les manifestants arrêtés depuis le 6 décembre 2001». La marche s'est dispersée aux environs de 14h30 dans une débandade générale puisque juste après, des affrontements entre jeunes manifestants et forces de l'ordre ont éclaté.