En attendant la décision du peuple, la couleur est d'ores et déjà annoncée. Tout le monde est convaincu. Le discours du premier magistrat du pays sur la réconciliation nationale est historique et important à plus d'un titre. C'est, en fait, un engagement clair qui ne cède au errain aux équivoques et aux situations laissant dans l'incertitude. Sa réflexion, mais surtout sa décision par rapport au référendum, longtemps attendu, sur la réconciliation nationale suscite d'ores et déjà des réactions positives de la part même des concernés par certaines questions, notamment celle des disparus. Mme Saida Benhabilès, membre de la Fédération internationale des victimes du terrorisme, avait déjà la conviction que seule la démarche du président pourrait venir à bout de la crise. Pour étayer sa théorie, Mme Benhabilès dira que son association travaillait depuis janvier dernier pour la concrétisation du projet de paix du président. «Nous faisions un travail de proximité avec les personnes et les familles touchées par le terrorisme.» S'agissant justement de cette frange victime de la tragédie nationale pour laquelle Bouteflika a rendu un grand hommage, Mme Benhabilès, contactée hier par nos soins, salua «le devoir de mémoire et de solidarité envers les familles victimes du terrorisme» prononcé par le chef de l'Etat. Notre interlocutrice, fidèle à sa position de soutien au programme du président, dira que Bouteflika a mis les points sur les «i» et sa démarche «ne souffre aucune ambiguïté». C'est un autre geste de sacrifice, a-t-elle élucidé, mettant en relief qu'aucun Algérien «n'a le droit d'hypothéquer l'avenir de l'Algérie». Pour sa part, Mme Kouidri, présidente de l'Association nationale des familles des disparus, n'est pas allée par quatre chemins pour dire que la réponse du président aux familles des disparus est «sincère» du fait qu'elle prône «le rétablissement moral et le devoir de mémoire». Le plus important encore, selon elle, c'est que le président n'a pas fermé le dossier des disparus, souhaitant dans son élan qu'il y ait «urgence de prendre en charge, sur le plan matériel, les familles des disparus». Allusion faite à la nécessité de dégager, dans l'immédiat, les indemnités promises. Puisque c'est à son niveau qu'a été materialisée la prise en charge du dossier des victimes de la tragédie nationale, Farouk Ksentini, président de la Commission nationale consultative pour la promotion et la protection des droits de l'Homme, a réitéré sa position de soutien indéfectible vis-à-vis de l'initiative présidentielle. «C'est un discours considérable et historique qui est venu concrétiser, à coup sûr, l'engagement du président à restaurer la paix et la sécurité», commente M.Ksentini dans une déclaration à l'Expression. Le premier responsable du mécanisme ad hoc, institué pour prendre en charge la question des disparitions, dira aussi qu'à la faveur d'un tel engagement du président, «nous évoluons vers le retour définitif à la normale et à la paix». En réponse à la même question, Ali Mrabet de l'association Somoud perçoit négativement l'idée de la réconciliation prônée par le président de la République. «La réconciliation ne pourra pas se faire sans passer par la justice», considère-t-il, soulignant que «les vrais concernés sont marginalisés». Entre les pour et les contre, les avis sont faits et la couleur déjà annoncée. Mais l'initiative n'est pas à ce stade, la balle est dans le camp du peuple et seule sa décision finale sera prise en compte à la suite du suffrage décidé pour le 29 septembre prochain.