En affirmant que la «colonisation va se poursuivre», Sharon a jeté un froid au moment où l'évacuation de Ghaza était en cours. Pour une fois, ce sont les Etats-Unis qui ont été les premiers à réagir à l'affirmation du Premier ministre israélien, Ariel Sharon, -selon lequel la «colonisation (de la Cisjordanie) va se poursuivre et se développer»-, rappelant que «d'autres mesures» doivent être prises, appelant Israël à «ne pas se limiter» au seul retrait de la bande de Ghaza. Dans un entretien au New York Time, publié jeudi, la chef de la diplomatie américaine, Mme Condoleezza Rice à demandé à Israël de «ne pas se limiter au retrait de Ghaza» et à poursuivre dans la «voie du processus de paix». En affirmant que le retrait israélien «ne peut se limiter à Ghaza» et en le plaçant clairement au début d'un processus de désengagement plus large, Mme Rice prend, implicitement, à contre-pied le chef du gouvernement israélien qui affirmait mercredi que «la colonisation a été un programme sérieux qui va se poursuivre et se développer». Mme Rice qui a indiqué que le retrait va nécessiter plusieurs semaines, a aussi dit qu'Israël, outre de se retirer d'autres villes palestiniennes (entendre les villes de Cisjordanie) doit également prendre des mesures dans l'optique de donner son sens à ce retrait par l'allégement, notamment, des restrictions imposées aux Palestiniens. Prenant le relais de sa responsable, le porte parole du département d'Etat, Sean McCormack, a, de son côté, rappelé, jeudi que les parties avaient «des obligations liées à la ‘'feuille de route'' et à l'accord de Charm El-Cheikh» de septembre 1999. Ce qui, en clair, veut dire que le retrait de Ghaza ne saurait être unique et rester isolé, mais doit faire partie de l'ensemble des accords, -conclus dans le cadre de la ‘'Feuille de route''- (qui stipule que ‘'les deux parties (Israël et les Palestiniens) s'engagent à ne prendre aucune mesure qui changerait la situation en Cisjordanie ou dans la bande de Ghaza''), qui engage les deux belligérants. M.McCormack, qui n'a pas manqué de relever la bonne coopération existant entre Palestiniens et Israéliens à Ghaza, indiquant: «Nous avons assisté jusque-là à une bonne coopération entre Israéliens et Palestiniens et je pense que les deux parties peuvent être fières de la façon dont ça se déroule jusqu'ici», a aussi déclaré: «Nous encourageons les deux parties à profiter de ce que nous espérons être un succès du retrait de Ghaza pour poursuivre les discussions et continuer à agir conformément à ces obligations». En fait, Washington veut que cette nouvelle dynamique ait une prolongation par la reprise de discussions sérieuses entre Israël et les Palestiniens pour amorcer d'autres étapes susceptibles de permettre la concrétisation du principe évoqué par le président américain George W.Bush de ‘'deux Etats'' (Israël et Palestine) cohabitant au Proche-Orient, conformément au plan de paix international connu sous le nom de ‘'Feuille de route''. La ‘'Feuille de route'' est le plan de paix au Proche-Orient du Quartette de médiateurs internationaux (Etats-Unis, ONU, Union européenne et Russie), qui prévoit la création d'un Etat palestinien. De fait, les ambassadeurs du Quartette dans la région vont se réunir «dans les prochains jours» pour évoquer l'après-Ghaza, a indiqué par ailleurs un responsable américain ayant requis l'anonymat. Aussi, la balle est dans le camp israélien et il dépend uniquement d'Israël que cette dynamique du retrait aboutisse à un véritable désengagement israélien des territoires occupés de Cisjordanie et de Jérusalem-Est (la partie arabe de la Ville Sainte). De fait, montrant tout l'intérêt qu'il portait au processus de retrait israélien de Ghaza, le président Bush, -en vacances dans son ranch de Crawford au Texas-, suit de près les opérations de désengagement selon sa porte-parole, Dana Perino, qui a indiqué lors d'un point de presse que «le président reçoit des rapports fréquents et réguliers de son équipe sur les développements» à Ghaza. «Le président continue d'apporter son soutien au Premier ministre (israélien) Ariel Sharon et à ce qu'il a qualifié d'initiative courageuse. Nous comprenons les sentiments exprimés et les difficultés qu'ont les gens à quitter leurs maisons», a ajouté Mme Perino. Selon elle, «nous sommes d'accord sur le fait que le retrait rendra Israël plus fort et le président a également dit que cela allait contribuer à rapprocher nos deux pays». Faut-il comprendre cela comme un message et que, par retrait, les Etats-Unis entendent l'ensemble des territoires officiellement considérés palestiniens par l'ONU et qui continuent d'être occupés par Israël malgré les résolutions 242 de 1967 et 338 de 1973 demandant à l'Etat hébreu de se retirer de ces territoires occupés en 1967 et en 1973. Sur le terrain à Ghaza, les habitants de 17 implantations juives sur 21 de la bande de Ghaza et de deux autres du nord de la Cisjordanie ont été évacués depuis le coup d'envoi de l'opération de retrait unilatéral lundi, selon des sources militaires israéliennes.