L'expérience initiée dans la wilaya de Tizi Ouzou fait des émules Si la motivation du citoyen autour de l'amélioration de l'environnement est une bonne initiative, cela ne devrait pas faire oublier l'impératif de concrétiser dans l'urgence tous les projets inscrits en la matière au profit de la wilaya. Afin de sensibiliser les citoyens sur l'impératif de sauvegarder l'environnement pour un cadre de vie propre et sain, l'Assemblée populaire de la wilaya de Béjaïa lance officiellement un concours du village le plus propre. L'expérience initiée dans la wilaya de Tizi Ouzou fait des émules de par ce qu'elle induit sur l'amélioration environnementale, notamment au niveau des villages où l'organisation ancestrale «Tadjmaâth» résiste au vent des changements que veulent imposer certains au prétexte de la modernité ou de la religion. L'annonce de ce concours a été faite lors du colloque placé sous le slogan «l'aspect scientifique dans la préservation de l'environnement» initié par l'association «Eco-verte Amizour» et ses partenaires par le président de l'APW de Béjaïa, Mehenni Haddadou, qui a profité de ce rendez-vous pour inviter les autorités, les élus et les acteurs à «apporter leur contribution à l'enrichissement des débats, et donner un éclairage sur la situation de notre environnement qui ne cesse de se dégrader, et qui menace la santé publique», soulignant que «la gestion des déchets et l'hygiène de nos villes et villages sont des questions qui nous préoccupent, en tant qu'élus et qui doivent trouver les réponses nécessaires pour éviter à notre wilaya une catastrophe écologique... C'est notre défi à tous». «L'APW de Béjaïa ne peut rester indifférente à cette situation. Elle met en priorité dans son action l'hygiène publique et apporte sa contribution financière pour l'acquisition de moyens matériels afin d'alléger la souffrance de nos concitoyens», a-t-il ajouté, avant d'annoncer officiellement «le concours du village le plus propre». Les modalités de participation et de candidature seront communiquées ultérieurement. Un appel a été lancé à l'occasion à l'endroit de toutes les associations, comités de villages et les collectifs citoyens pour y participer activement. Ce concours, qui reste une initiative louable de par ce qu'elle peut induire comme sensibilisation, ne doit cependant pas cacher la réalité de l'environnement qui est des plus dramatiques à Béjaïa. L'institution APW devrait et c'est un impératif, redoubler d'efforts pour concrétiser les nombreux projets alloués à la wilaya de Béjaïa en la matière, car c'est loin d'être faute de dotation, puisque les pouvoirs publics ont attribué pour la wilaya de Béjaïa plus de sept centres depuis l'année 2000. Le laxisme des autorités locales qui ne se sacrifient pas totalement s'est ajouté aux sempiternelles oppositions des citoyens pour aggraver une situation lourde à supporter. Si les déchets ne manquent pas à Béjaïa, leurs collecte et traitement laissent à désirer, même si tout le monde s'accorde à dire qu'il y a source d'enrichissement et de création d'emplois. C'est pourquoi d'ailleurs, à la wilaya, on encourage les initiatives privées, comme ce fut le cas lors du dernier déplacement du wali de Béjaïa, Hattab, à Akbou, où il a visité l'usine Revaplast spécialisée dans le recyclage et la valorisation des déchets plastiques. Une initiative privée qui a incité le premier responsable de la wilaya à donner des instructions au directeur de l'environnement à favoriser des opérations similaires qui n'ont de valeur que de protéger l'environnement et la santé publique dans une vision économique et environnementale. 21 millions de tonnes de déchets rejetés quotidiennement au niveau national. Le recyclage de ces déchets ménagers reste une source de richesse inestimable et peut rapporter quelque 38 milliards de DA de recettes. Dans la wilaya de Béjaïa, on en est au stade primaire. L'unité d'Akbou, en phase de lancement et celle de Delta Environnement, en voie de réalisation à Tazmalt, constituent les premiers pas vers une prise en charge réelle et efficace des déchets collectifs. Les sept centres d'enfouissement technique projetés pour la wilaya demeurent un rêve, tandis que les quatre décharges contrôlées sont soit gelées, comme c'est le cas à Akbou et à El Kseur soit non lancées à l'image de celles prévues à Béjaïa et à Aokas. Des projets qui auraient pu améliorer la situation environnementale qui règne désagréablement à Béjaïa. 47 décharges publiques non contrôlées sont recensées à travers le territoire de la wilaya. Autant de projets qui butent sur la contrainte des oppositions citoyennes et ce, malgré les mesures prises en matière de choix de terrains. Au niveau de la direction de l'environnement on ne fait que déplorer. Il en est de même au niveau des collectivités locales où, parfois, ce sont les maires et les élus qui se joignent aux oppositions des citoyens. «Je ne veux pas de vos déchets», semblent se dire mutuellement les maires, occultant de fait les bénéfices que l'on peut tirer en acceptant l'implantation sur leur territoire d'une décharge contrôlée ou d'un CET. L'équation est difficile à résoudre, mais le constat fait de la wilaya de Béjaïa une poubelle géante, du fait du peu d'efforts consentis face à la problématique des oppositions. L'option des autorités de la wilaya pour le lancement des unités de recyclage et autres déchetteries ultramodernes, dotées de moyens et d'équipements ultrasophistiqués, doit être soutenue par les collectivités locales avec un plan de communication bien réfléchi, afin d'en finir avec les décharges sauvages qui menacent la santé publique, la faune et la flore, en sus de l'image des plus laides de la région, à vocation touristique.