Comme en Irak, l'armée américaine est piégée en Afghanistan où elle essuie des pertes croissantes. Moins médiatisée que celle se déroulant en Irak, la guerre qui se mène en Afghanistan n'en enregistre pas moins son cortège de morts de GI's et de marines américains, de soldats afghans et de coalisés dans une guerre qui ne dit pas son nom. Les violences attribuées généralement aux rebelles antigouvernementaux et aux taliban ont connu une recrudescence certaine ces dernières semaines alors que les premières élections législatives -fixées au 18 septembre- organisées en Afghanistan, depuis trois décennies, se profilent à l'horizon. Chassés du pouvoir à la fin de 2001, -après les spectaculaires attentats antiaméricains de New York-, les taliban, qui donnent l'impression de s'être réorganisés, reviennent progressivement sur le chemin de la guerre, organisant guet-apens et attaques de plus en plus meurtriers contre les soldats US et afghans. Plusieurs militaires américains ont été tués ces dernières semaines dans des opérations contre les rebelles afghans dans le sud du pays, ancien fief des taliban et de leur chef charismatique le mollah Omar Mohammed Moudjahid, toujours introuvable, -ou porté disparu-, après la chute de Kandahar et du gouvernement taliban à la fin de décembre 2001. Dans cette guerre de l'ombre, les Etats-Unis essuient des pertes de plus en plus conséquentes, mettant en exergue la difficulté pour les militaires américains de pacifier le pays, la rébellion semblant même avoir retrouvé un regain de force, s'enhardissant à porter des attaques au coeur même des bastions érigés par l'armée US et les coalisés. Un bilan établi par le Pentagone montre que les pertes américaines ont sensiblement augmenté depuis 2001 et notamment depuis le lancement, à la mi-juillet, de l'opération « Enduring Freedom ». Selon les chiffres rendus publics par le Pentagone, il y aurait eu 12 morts (en deux mois) en 2001, 43 en 2002, 47 en 2003, 54 en 2004 et 74 (en près de huit mois) en 2005. Une progression quasi mathématique des pertes enregistrées par les USA en Afghanistan. Aussi, l'emballement des chiffres inquiètent-t-ils au plus haut point les stratèges de Washington qui voient les pertes s'accélérer depuis début juin avec près de 50 morts américains dans les diverses confrontations avec la rébellion. Certes, les autorités afghanes et les forces américaines annoncent régulièrement la mise hors d'état de nuire de dizaines de rebelles - au moins 105 rebelles taliban ont été tués lors d'opérations menées par les forces conjointes afghanes et américaines dans le sud et l'est de l'Afghanistan au cours des trois dernières semaines a annoncé hier l'armée américaine- mais sur le terrain la situation demeure très complexe au moment où les taliban redeviennent de plus en plus offensifs. De fait, les opérations engagées ces dernières semaines dans des régions réputées infestées par les rebelles avaient pour objectif premier de sécuriser le pays à la veille des importantes élections législatives qui doivent donner à l'Afghanistan son premier Parlement élu depuis une trentaine d'années. Toutefois, la ‘'pacification'' qui ne semble pas aussi aisée qu'ont pu le croire les autorités gouvernementales afghanes et les forces américaines, se heurte à une résistance de mieux en mieux organisée. A contrario, le nombre de morts américains en augmentation constante depuis le début de l'année et l'efficacité dont font montre les rebelles font craindre aux stratèges militaires et politiques américains un enlisement en Afghanistan, similaire à celui qu'ils connaissent en Irak. Hier encore, alors que deux diplomates américains ont été blessés dans une attaque de la rébellion, quatre militaires américains ont, eux, trouvé la mort dans un accrochage dans le sud de l'Afghanistan dans la province de Zeboul où la rébellion afghane est très agissante, portant à huit le nombre de soldats US tués depuis le début de la semaine. Mais ce ne sont pas seulement les soldats américains qui sont victimes des attaques des taliban et de la rébellion afghane, mais aussi les soldats de la coalition internationale (Espagnols, Italiens, Australiens, Français, Canadiens, Allemands notamment), cibles de l'opposition armée afghane. La coalition militaire ( forces de sécurité internationales en Afghanistan, Ifas) sous commandement américain, compte environ 20.000 hommes en Afghanistan dont 90% d'Américains. Ces derniers étaient arrivés quelques semaines après les attentats du 11 septembre à New York pour chasser du pays les taliban au pouvoir et leurs alliés du réseau Al Qaîda. Si l'Afghanistan semble avoir retrouvé aujourd'hui une certaine cohésion, la persistance de la violence risque de remettre cependant en cause le difficile équilibre ethnique et la stabilité dans un pays marqué par les oppositions traditionnelles (souvent armées) entre ses diverses ethnies. Ainsi, plus de 900 personnes ont été tuées cette année en Afghanistan dans des attaques ou attentats, contre 850 sur l'ensemble de l'année 2004. Ces violences interviennent au moment où le pays fonde de grands espoirs sur les prochaines législatives qui doivent créer la césure avec le passé et établir en Afghanistan un esprit nouveau. 5805 Afghans, dont 10% de , sont candidats aux élections parlementaires qui doivent redonner une légitimité à l'Afghanistan