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Le terrorisme vit ses dernières heures à Bouira
BIEN AVANT LE REFERENDUM
Publié dans L'Expression le 30 - 08 - 2005

«Des repentis, des familles renouent le contact avec les maquisards pour les faire descendre...»
Le discours du président et les explications comprises dans ses interventions à Skikda, Alger et Sétif semblent avoir convaincu les dernières poches de la mouvance intégriste. Des contacts sont renoués avec des groupes pour une éventuelle reddition collective. Des familles de terroristes en contact avec les services de sécurité auraient pris attache avec des maquisards pour préparer leur retour. Comme lors de la promulgation de la loi sur la concorde, les ex-repentis, les familles sont directement impliqués pour prendre attache avec les derniers éléments des différentes phalanges en activité dans la wilaya de Bouira. Des sites réputés, telles les forêts de Chréa à l'est, Lalla Oumessad à l'ouest, la forêt d'Erabta au nord, sont ciblés par les forces de l'ordre qui, en parallèle avec ses tentatives pour convaincre, exercent un étau par des opérations de surveillance et de ratissage.
«La main tendue par le président est une dernière chance à ceux qui veulent réintégrer la société, cette main ne peut rester tendue éternellement...Voilà ce que doivent comprendre ceux qui n'ont aucun crime à se reprocher.»
Les intermédiaires préfèrent garder l'anonymat pour éviter des pressions de la part des plus radicaux de la mouvance intégriste. L'exemple de l'imam Bourguiba assassiné parce qu'il avait grandement participé aux redditions précédentes, est là pour dissuader les plus courageux. L'année dernière déjà et bien avant l'explication du contenu de la charte nationale pour la paix et la réconciliation nationale, des informations parlaient du regroupement d'une soixantaine de terroristes qui s'apprêteraient à se rendre.
Un premier contingent composé d'une quarantaine d'éléments qui écumaient les monts boisés de Lakhdaria au nord-ouest et un autre qui comprendrait vingt membres et dont le champ d'action était la région comprise entre Chréa et Bordj Okhris (sud-est de la wilaya), envisageraient de se rendre aux services de sécurité. Ces deux phalanges affiliées aux Gspc restent les seuls groupes en activité dans la wilaya de Bouira qui a connu un net regain de quiétude depuis maintenant des années. En effet, et depuis la mise en place de la loi sur la concorde, la wilaya n'a connu que quelques actes sans grande ampleur. Ces groupes qui opèrent dans les régions citées n'ont plus une force de frappe similaire à celle des années précédentes.
Pour la mémoire, signalons que Bouira, longtemps considérée comme la wilaya la plus meurtrière au summum du terrorisme, a connu une nette régression de la criminalité avec l'avènement de la concorde civile. Bouira a été aussi la première wilaya résistante. Comptabilisant plus de 840 assassinats et quelque 24 milliards de centimes de dégâts, la wilaya de Bouira a, depuis quelques années, et précisément depuis 1999, vécu une nette amélioration de la situation sécuritaire. Les deux phalanges les plus connues que sont la phalange El Houda à l'est et El Ghouraba à l'ouest, ont perdu la majorité de leurs têtes. Grâce à un travail minutieux, les réseaux de soutien allaient tomber l'un après l'autre réduisant sensiblement la force de frappe des plus radicaux qui ont continué à prêter allégeance au Gspc. Isolés du reste de la société, après le démantèlement en série des réseaux de soutien, le dernier étant celui de Chorfa qui a permis la mise sous mandat de dépôt de 25 personnes, ces groupes se sont retrouvés retranchés dans des zones enclavées dans des conditions de vie très difficiles.
Malgré leur mobilité et la difficulté naturelle rencontrée par les services de sécurité pour les traquer, ces groupes éprouvent les pires difficultés pour accomplir leur sale besogne. Cette remarque excepte la région d'Aomar au nord, qui a continué à défrayer la chronique.
Les raisons sont évidentes puisque la force du Gspc est concentrée dans la wilaya de Tizi Ouzou.
La majorité des actes signalés dans cette région sont commis par des groupes en provenance des wilayas voisines que sont Tizi et Boumerdès . Grâce aussi aux renseignements fournis par les repentis, plusieurs groupes seront repérés et décimés par les bombes. Ainsi, l'effectif avoisinant les 600 terroristes, natifs de la wilaya, se rétrécira pour atteindre la centaine en 1999.
Depuis, ce nombre a diminué dans le temps grâce à des coups précis des services de lutte contre le terrorisme.
«Le plus important dans ces chiffres reste le nombre de chefs qui, à tour de rôle tomberont... Selon des spécialistes, quand un émir tombe c'est l'instabilité et la désorganisation qui s'installent dans les rangs de la phalange. Cette situation avantage les services de lutte. Les citoyens, en bravant la peur, ont fini par décourager les terroristes qui ne trouvent plus où manger...» La concrétisation de cette hypothèse est confirmée par l'un des derniers succès de l'ANP à Lakhdaria où quatre terroristes ont été abattus en tombant dans les mailles d'une embuscade tendue par les forces de l'ordre dans la zone périphérique qui contourne le chef-lieu de daïra. Ce groupe qui venait de la forêt dense d'Oum Essad, voulait rallier la ville pour s'approvisionner en denrées, médicaments et effets vestimentaires.
Après un échange de coups de feu entendus à des kilomètres à la ronde, les forces militaires découvrent quatre cadavres déposés à la morgue de l'hôpital de la circonscription pour identification. Le bilan parle aussi de traces de sang qui laissent supposer des blessés dans les rangs des fuyards. Une vaste opération de ratissage a commencé hier très tôt. Les services de sécurité ont aussi récupéré plusieurs armes de guerre lors de cette embuscade. La loi sur la concorde civile, dont les effets ont été rappelés par le président, n'a pas suffi à mettre un terme à l'insécurité. Le banditisme s'est accentué à la faveur de cette situation. Le racket, les vols, les assassinats se sont multipliés et ont été mis sur le dos du terrorisme intégriste. Bouira aussi a connu cela. Le meurtre du jeune K.S. un mercredi du mois de février en est la preuve. En effet ce jour en début de soirée, au lieudit «Route des amandes» à la sortie nord-ouest du chef-lieu de wilaya, un jeune a été assassiné de trois balles. Le mobile de ce crime qui s'apparente plus à une affaire de banditisme qu'à un acte terroriste, reste indéfini. Ce crime qui a ému toute la ville est venu remettre sur la table l'existence d'un lien certain entre la mafia et les terroristes.
L'espoir est grand de voir les derniers maquisards rejoindre la société. Les raisons sont multiples. Nombreux sont ceux qui ont rejoint le maquis dernièrement non par conviction mais pour des raisons autres. Ces derniers qui pour la majorité n'ont pas commis de massacres, n'ont pas posé de bombes... sont amnistiés par le projet du président. Les plus réticents sont ceux qui ont rallié les rangs de l'Internationale intégriste d'Al Qaîda. Selon notre source, ces irréductibles n'opèrent ailleurs que sur le territoire de la wilaya. La sémantique utilisée dans la loi est favorable à un retour dans les rangs. Le président a sciemment évacué le terme terroriste au profit des induits en erreur de la tragédie nationale...
Les concernés, et d'après leurs parents, seront sensibles à cette terminologie. L'autre fait important qui laisse présager la fin du terrorisme dans la wilaya reste le nombre. En effet et selon une source proche des services de lutte, la phalange Al Houda anciennement aux mains des Hacène père, fils et neveu, ne compte plus qu'une dizaine de personnes. L'un des éléments les plus dangereux a été abattu récemment à Ouled Bouchia, sortie est du chef-lieu de wilaya. A l'ouest, c'est Kazouit qui continue à compter sur une dizaine d'éléments originaires en majorité de la commune d'Aomar. «La charte permettra d'isoler encore cet émir qui risque de se retrouver seul, à moins qu'il décide de se livrer. Maintenant que l'action intégriste née bien avant l'arrêt du processus électoral, n'oublions pas l'assassinat du jeune Amzal Kamel en 1982, est dénuée de tout fondement religieux, la charte est une dernière chance à ceux qui regrettent leurs gestes et faits. Les autres seront combattus farouchement en leur qualité de bandits...» conclura notre source. Bien avant la consultation du peuple, les repentis, des familles de terroristes renouent le contact pour faire descendre leurs enfants induits en erreur.


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