Baptisé «la marche du retour», le mouvement de protestation palestinien a été lancé le 30 mars. Il prévoit des rassemblements et campements durant six semaines près de la frontière pour réclamer «le droit au retour» de quelque 700 000 Palestiniens chassés de leurs terres. Des heurts ont éclaté hier à la frontière entre Israël et la bande de Ghaza lors de protestations de milliers de Palestiniens pour le troisième vendredi consécutif, après des tirs de l'armée sioniste qui ont tué plus de 30 Palestiniens ces deux dernières semaines. Hier encore, ce sont plus de 30 Palestiniens qui ont été blessés par des tirs de soldats israéliens à balles réelles et de grenades lacrymogènes, selon le ministère de la Santé à Ghaza. L'un des blessés a été atteint à la tête. Lors des manifestations des deux derniers vendredis, des dizaines de milliers de Ghazaouis s'étaient rassemblés le long de la frontière. Vendredi à la mi-journée, le nombre de manifestants était moindre que celui des vendredis précédents. L'armée sioniste a affirmé dans un communiqué, pour justifier ses tirs meurtriers, que des manifestants avaient tenté «d'endommager ou de faire une brèche» dans la clôture le long de la frontière et avaient lancé des cocktails Molotov et un «engin explosif». Des dizaines de drapeaux israéliens ont été brûlés à Jabalia dans le nord de la bande de Ghaza. Dans le sud de l'enclave palestinienne, près de Khan Younès, les manifestants ont brûlé des photos du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, du président américain Donald Trump et du prince héritier saoudien Mohammed ben Salman, qu'ils considèrent comme proche d'Israël. Les protestations, commencées le 30 mars, posent un défi aux forces israéliennes, qui ont rejeté les critiques sur leur recours à des balles réelles, en expliquant que les consignes de tirs ne changeraient pas. Baptisé «la marche du retour», le mouvement de protestation palestinien a été lancé le 30 mars. Il prévoit des rassemblements et campements durant six semaines près de la frontière pour réclamer «le droit au retour» de quelque 700 000 Palestiniens chassés de leurs terres ou ayant fui lors de la guerre qui a suivi la création d'Israël le 14 mai 1948. Ce mouvement est censé être pacifique mais des groupes de jeunes Palestiniens s'approchent de la frontière où sont postés les soldats israéliens. Depuis le 30 mars, 33 Palestiniens ont été tués et des centaines blessés par l'armée israélienne, selon les secours à Ghaza. L'Etat hébreu a affirmé que les manifestations sont l'occasion de tentatives d'attaques, d'infiltration en Israël et de sabotage de la clôture et s'est engagé à stopper ces tentatives. Mais les Palestiniens disent que les manifestants sont abattus alors qu'ils ne posent aucune menace pour les soldats. Parmi les Palestiniens tués vendredi dernier figurent le journaliste Yasser Mourtaja qui, selon des témoins, portait un gilet l'identifiant comme journaliste quand les soldats lui ont tiré dessus. Israël a affirmé qu'il s'agissait d'un membre du Hamas, mouvement islamiste au pouvoir à Ghaza et ennemi juré de l'Etat hébreu, mais sans donner de preuve. Des groupes de défense des droits de l'homme ont vivement critiqué les forces israéliennes, en mettant en évidence les images, non vérifiées, de vidéos qui se sont propagées sur Internet montrant des soldats tirant sur des manifestants. Dans un communiqué publié vendredi, Amnesty International a exigé que les autorités israéliennes «mettent immédiatement fin à l'utilisation excessive et meurtrière de la force». Les responsables du Hamas ont indiqué qu'ils comptaient maintenir la mobilisation jusqu'au 14 mai, date prévue pour le transfert de l'ambassade des Etats-Unis à El Qods occupée. Cette relocalisation a profondément irrité les Palestiniens, qui considèrent la partie orientale de la ville occupée par Israël comme la capitale de l'Etat auquel ils aspirent. Les manifestations doivent officiellement prendre fin mi-mai, lorsque les Palestiniens célèbreront la Nakba, ou «catastrophe» que fut pour eux la création de l'Etat d'Israël. La bande de Ghaza est soumise à un blocus israélien depuis plus de 10 ans, tandis que sa frontière avec l'Egypte a été la plupart du temps fermée ces dernières années. Jeudi, l'Egypte a ouvert jusqu'à samedi son point de passage avec l'enclave palestinienne.