L'armée a mis en pièces, avec l'appui d'une coalition internationale menée par les Etats-Unis, le «califat» de l'EI, à cheval sur l'Irak et la Syrie, et elle a repris aux Kurdes la riche province pétrolière de Kirkouk. Le Premier ministre sortant, son prédécesseur, écarté il y a quatre ans et, en embuscade, le chef des paramilitaires ayant vaincu les jihadistes, sont les favoris des premières élections irakiennes après la victoire sur le groupe Etat islamique (EI). Depuis la chute en 2003 de Saddam Hussein, la Constitution accorde le pouvoir au Premier ministre, un poste qui revient de fait aux chiites, majoritaires. Toutefois, en raison d'un système fragmenté établi pour éviter le retour à une autocratie, le vainqueur du prochain scrutin du 12 mai devra contracter des alliances avec d'autres listes chiites, sunnites ou kurdes, pour obtenir une majorité. Deux des favoris peuvent se targuer d'être les artisans de la victoire sur les jihadistes qui, en 2014, contrôlaient un tiers de l'Irak. L'actuel Premier ministre, Haider al-Abadi, 66 ans, est arrivé au pouvoir en septembre 2014. Ingénieur diplômé de Grande-Bretagne, issu du même parti religieux Daawa que son prédécesseur Nouri al-Maliki, il a obtenu son poste grâce à l'appui de la Marjaïya, la hiérarchie religieuse chiite, et à un consensus international. Artisan de la mobilisation de l'armée, il a mis en pièces, avec l'appui d'une coalition internationale menée par les Etats-Unis, le «califat» de l'EI, à cheval sur l'Irak et la Syrie, et il a repris aux Kurdes la riche province pétrolière de Kirkouk. Pour les experts, Abadi est favori, avec «une base populaire qui transcende les cadres confessionnels et ethniques» et il n'est pas éclaboussé par la corruption. Son principal concurrent est le chef de guerre Hadi al-Ameri, dirigeant au sein du Hachd al-Chaabi, supplétif crucial dans la victoire sur l'EI. Diplômé en statistiques de l'université de Baghdad, il s'était réfugié en Iran après l'exécution par Saddam Hussein de l'ayatollah Mohammad Baqr, en 1980. Agé de 64 ans, il est considéré comme l'homme de Téhéran. Il a combattu aux côtés des forces iraniennes dans la guerre avec l'Irak (1980-1988), au sein de l'organisation Badr, fondée en 1982. Député, ministre des Transports sous Maliki (2010-2014), il a échoué à devenir ministre de l'Intérieur dans le cabinet Abadi, en raison d'un veto américain. Après la percée de Daesh en 2014, il a retrouvé le front aux côtés de son ami Qassem Souleimani, chef de la brigade El Qods des Gardiens de la révolution iraniens. Outre sa victoire militaire, le Hachd peut se targuer aujourd'hui d'avoir mis ses bulldozers au service de la réhabilitation des infrastructures comme à Bassora ou à Sadr City face à l'impéritie de l'Etat. Le dernier concurrent, Nouri al-Maliki, 68 ans, ronge son frein depuis qu'il a été écarté de son poste en 2014. Chef du parti Daawa, il a dirigé le pays de 2006 jusqu'à la débandade de 2014, face à l'EI. Il lui est reproché d'avoir marginalisé les sunnites et favorisé la corruption. Il essaie de concentrer ses efforts sur les régions où le parti Daawa est fort et tente de se rapprocher des groupes armés chiites. Mais ses chances sont assez faibles.