Louisa Hanoune souhaite l'ouverture d'un débat national sur les responsabilités dans la crise nationale. Même Jules Vernes n'aurait pas fait mieux. Il a fallu à la première responsable du Parti des travailleurs (PT) de faire le tour du monde en un peu plus d'une heure et demie- sans ballon, faut-il préciser- pour situer le contexte dans lequel s'inscrit le référendum sur la charte pour la réconciliation nationale prévu pour le 29 septembre. Du Burundi à l'Irlande du Nord en passant par l'Irak, le Venezuela, l'Iran, la Mauritanie mais aussi Haïti, la Côte d'Ivoire... Louisa Hanoune a «atterri» en Algérie pour tenter, lors d'une conférence de presse qu'elle a animée hier à Alger, d'expliquer les raisons qui ont poussé sa formation à porter à bras-le-corps un texte dans lequel, pourtant, «subsistent certaines zones d'ombre» mais face auquel, prévient-elle, «nul ne saura s'y opposer ni même faire montre d'indifférence». Car, soutenir la charte présidentielle dans le lexique Ptéiste a pour synonyme «la préservation de l'unité de la nation», loin de «toute ambition politique partisane». Mais nuance. Louisa fait la part des choses et tient à marquer son propre territoire. Contrairement à certains partis politiques pour lesquels la charte prend l'allure d'un projet de société, la leader du PT, elle, récuse cette approche et pense que la future loi n'est ni plus ni moins qu'une série de propositions qui a pour but de faire sortir le pays de la crise au même titre, rappelle-t-elle, que le contrat de Rome (San't Egidio) en 1995 dont son parti a été signataire avec d'autres partis. Mme Hanoune ne manque pas au passage d'ailleurs d'égratigner, sans le citer, le président du MSP, Boudjerra Soltani, pour avoir suggéré récemment, au cours d'un metting populaire, des sanctions contre les opposants au projet présidentiel. Un projet en faveur duquel la direction du PT entend, en tout cas, mener une campagne nationale offensive de 16 meetings et de plusieurs conférences-débats qui seront animées à travers le territoire national. La porte-parole du PT a par ailleurs laissé penser la possibilité, «mais au moment opportun», d'ouvrir un débat national pour situer les responsabilités des uns et des autres dans la genèse de la crise qui a causé, selon elle, l'exode de deux millions de personnes, la fermeture de quelque 1500 entreprises et le licenciement de plus d'un million de travailleurs. Plaidant pour une solution politico-pacifiste, l'intervenante s'est dressée contre l'internationalisation de la crise et a, ipso facto, tiré à boulets rouges sur les ONG (organisations non gouvernementales) des droits de l'homme qui appellent à la mise sur pied de commissions d'enquête internationales sur les disparus. Un niet catégorique a été la réponse de celle-ci pour qui, seule une volonté politique nationale est à même de dégager une issue à cette question. La crise de Kabylie figure elle aussi dans cette optique et figure même, selon elle, dans le plan américain du Grand Moyen-Orient (GMO). Le PT, dont le comité central vient de se réunir durant deux jours, à Alger, entend d'autre part maintenir l'effervescence électorale pour se préparer aux élections partielles de Kabylie qui auront lieu le 24 novembre prochain. Bien que les moyens financiers lui feront éventuellement défaut, la formation menée par la «dame de fer» algérienne souhaite faire d'une pierre deux coups. Pour peu qu'il n'en fasse pas beaucoup car il serait curieux de louer un gouvernement qui a fait passer la très contestée loi sur les hydrocarbures à laquelle Louisa Hanoune and co se sont, avec acharnement, opposés.