Après Alger et Laghouat, Chlef, Jijel et Constantine seront les prochaines étapes du périple de l'ancien chef de l'ex-AIS. L'ancien émir national de l'ex-Armée islamique du salut (AIS, branche armée de l'ex-FIS) est allé plus loin encore dans ses déclarations, faites, vendredi, à Laghouat, à l'occasion des meetings qu'il a entamés à travers le territoire national. A Laghouat, flanqué d'un patriote de la région de l'Est algérien, Ahmed Lakhdar Ben Saïdi, avec qui il avait guerroyé pendant de longues années (1994-1997) avant de concevoir une «paix des braves», Mezrag n'a pas usé de faux-fuyants ni de stratagèmes politiques pour se positionner: «Nous sommes face à une réconciliation historique, et quand je dis que je soutiens la paix qui se dessine, c'est parce que je sais que c'est là une station à ne pas rater, une opportunité historique de portée considérable.» Revenant sur l'historique de la paix en Algérie, Mezrag énumère un à un tous les pas faits par l'ex-AIS pour arriver à la trêve du 1er octobre 1997, annoncée de façon unilatérale et inconditionnelle dans un communiqué qui sera cosigné par Ahmed Benaïcha, responsable de la région ouest de l'ex-AIS. L'homme de guerre qu'était Mezrag affirme alors que le président affiche une réelle et véritable intention de pacifier les Algériens, et pour cette raison, «nous disons aujourd'hui que la paix sera une «paix à l'algérienne», que le problème sera réglé entre nous et que l'arrêt de l'effusion de sang sera notre priorité». Plus incisif: «Le président est sincère, et moi je crois en sa sincérité. L'arrêt de l'effusion de sang est notre priorité aujourd'hui. Et même si certains ont peur de se voir exclus de toute activité politique légale, moi, je dis que c'est là un détail discutable, qu'il est sans grande importance dans le contexte actuel. En fait, la politique n'est pas une priorité.» «Aujourd'hui, explique l'enfant de Kaous, nous ne sommes pas en train de solutionner la crise algérienne, mais les conséquences de la crise (...). Nous avons pris les armes et les maquis pour nous défendre. C'était un choix qui se posait à nous entre l'exil, la mort ou la prison (...). Mais je comprends les forces de l'ordre et les agents des services de sécurité qui ont pris les armes pour défendre le pays (...). Nous avons pris le maquis pour nous défendre, et eux ont pris les armes pour défendre le pays, ils méritent tout notre respect. Mais aujourd'hui, nous sommes face à cette impérieuse nécessité de ne plus reproduire les mêmes fautes qu'auparavant.» Pèlerin de la paix s'il en est, Madani Mezrag, ex-chef «mili-taire» de l'ex-FIS, prend le pas, comme à son habitude, sur la direction politique du parti dans un positionnement stratégique qui se veut aussi sincère et constellé de mea culpa théologiques. Depuis la conférence de presse d'Alger, qui avait été le coup d'envoi islamiste à la campagne pour la paix et la réconciliation nationale, Madani Mezrag n'a cure des positions ambiguës, floues ou hésitantes de ses anciens chefs de l'aile politique. Il juge que le projet actuel est un virage à négocier avec le maximum de réussite et que le temps des hésitations politiques a assez nui à l'ex-FIS. D'où toute sa débauche d'énergie aussi bien pro-Bouteflika que pro-réconciliation nationale.