L'attentat contre le siège de la commission électorale a fait 12 morts Ce groupe terroriste a démontré combien ses capacités de nuisance sont encore réelles avec l'attentat contre la commission électorale, à Tripoli même! Preuve que ses réseaux, dormants ou pas, sont bien présents et dangereusement actifs. Alger accueille aujourd'hui la réunion ministérielle tripartite sur la Libye à laquelle participent autour du ministre des Affaires étrangères, Abdelkader Messahel, ses homologues tunisien et égyptien, Sameh Chokri et Khomeis Jhenaoui, selon le communiqué de l'institution concernée. Cette nouvelle réunion s'inscrit, dit-on, dans le cadre «des concertations continues entre les trois pays sur la situation qui prévaut dans ce pays frère et voisin», et la même source ajoute que les ministres «passeront en revue les récents développements intervenus en Libye, notamment sur les plans politique et sécuritaire». Ils examineront «les voies et moyens d'approfondissement des efforts de leur pays tendant à contribuer à l'accélération du processus de règlement de la crise dans le cadre de l'accompagnement des Libyens sur la voie du dialogue et de réconciliation», conclut le communiqué du MAE. Vendredi dernier, à Istanbul, Messahel s'était déjà entretenu avec son homologue libyen, Mohamed-Tahar Syala, en marge de la réunion ministérielle préparatoire au sommet extraordinaire de l'Organisation de la coopération islamique (OCI) sur la Palestine. Cet entretien a également porté sur les derniers développements de la situation politique sécuritaire et économique en Libye. A cette occasion, le MAE libyen avait tenu à exprimer ses remerciements à l'Algérie pour l'aide humanitaire acheminée le 15 mai dernier aux populations libyennes des localités frontalières, à la veille du mois sacré de Ramadhan. Il a aussi exprimé sa gratitude pour le travail assidu de l'Algérie dans le cadre des efforts de règlement de la crise libyenne. Messahel a quant à lui réitéré l'engagement de l'Algérie aux côtés des acteurs libyens pour les accompagner dans la recherche d'une solution politique, basée sur le dialogue et la réconciliation et loin de toute ingérence étrangère. Selon une source autorisée, les deux ministres ont réaffirmé leur volonté de poursuivre la concertation entre les deux pays sur les plans régional, continental et international, afin de parvenir, dans les meilleurs délais, à un règlement définitif de la crise libyenne. Le contexte n'en demeure pas moins complexe et incertain, malgré l'embellie qui avait marqué la réconciliation entre les milices de Zintan et celles de Misrata, à la fin mars. Ces deux villes bastion de la rébellion prédominent dans la Tripolitaine et de leur entente dépend le contexte politico-militaire de la capitale et de sa région. A cela s'ajoute l'incertitude qui pèse encore sur la capacité de Khalifa Haftar à reprendre son bâton de maréchal, après des semaines d'hospitalisation en France. Même si son retour a été marqué par un défilé militaire opportun, il n'en demeure pas moins que des questions se posent au plan de la succession et des choix futurs que doivent faire les autorités de l'Est, à commencer par le Parlement de Tobrouk. Enfin, il a cette hantise de la menace réelle que représente Daesh. Ce groupe terroriste a démontré combien ses capacités de nuisance sont encore réelles avec l'attentat contre la commission électorale, à Tripoli même! Preuve que ses réseaux, dormants ou pas, sont bien présents et dangereusement actifs. Le gouvernement de Fayez al Serraj avait lancé en avril dernier une vaste offensive contre l'EI, baptisée «Tempête de la patrie» pour éradiquer les résidus du groupe terroriste en principe laminé par la perte de son fief à Syrte. Entre-temps, Daesh avait multiplié les coups contre l'Armée nationale libyenne du maréchal Haftar, comme à Ajdabia, distante de 450 km de Syrte. Tripoli cherchait, avec cette offensive, à montrer combien le danger du terrorisme reste présent quand Haftar et son état-major affirment qu'il est quasiment réduit. Sans doute, Daesh n'a plus les moyens de s'emparer d'imposantes localités mais son activisme à Fuqqaha et Sebha, la capitale du Fezzan, confirme qu'il est encore la menace terroriste la plus inquiétante dans le pays. Ce qui veut dire qu'il fera tout pour tenter de contrecarrer la tenue des élections envisagées par la feuille de route de la médiation onusienne, que soutiennent les trois pays de la tripartite réunie aujourd'hui à Alger. Les discussions seront ainsi consacrées à cet enjeu, comme il sera également question des moyens et des démarches nécessaires pour soutenir les efforts du GNA dans sa tentative de normaliser au plus vite la situation socio-politique et économique du pays. A ce titre, les élections constituent un défi crucial pour le gouvernement libyen qui sera, bien sûr, attentif aux recommandations que l'Algérie, la Tunisie et l'Egypte ne manqueront pas d'apporter, afin de progresser davantage vers la solution de la crise dans le cadre du dialogue strictement libyen et loin de toute ingérence extérieure.