«Non aux aventuriers et aux manipulateurs de l'ombre qui tentent d'entraîner notre jeunesse vers l'irréparable et le chaos», a averti le communiqué de la Fondation. La Fondation Matoub Lounès a appelé, hier, à la vigilance et à la lucidité à la veille de la commémoration du 20e anniversaire de l'assassinat de Matoub Lounès, qui s'annonce grandiose aujourd'hui 25 juin au village Taourit Moussa où des milliers de personnes sont attendues. Dans le communiqué en question, la fondation souligne que «notre jeunesse, admirable par sa détermination et son courage, marche sur les pas de Matoub Lounès, vers son émancipation dans la liberté et la dignité». Mais, ajoute la même fondation, «elle ne doit pas être sacrifiée dans des manoeuvres d'arrière-garde contraires à ses aspirations qui, derrière des slogans en apparence respectables, tentent de l'entraîner vers l'irréparable». La Fondation Matoub Lounès que préside Malika, la soeur du poète assassiné, a ajouté qu' «au moment où de graves menaces pèsent sur la Kabylie qui risque, une fois de plus, une fois de trop, d'être agressée pour faire diversion, la fondation appelle à la vigilance et à la lucidité. Trop de sang a coulé. Trop de larmes peinent à sécher». Elle a appelé à la poursuite de la lutte pacifique, dans la diversité «de nos convictions et le respect de notre éthique ancestrale, pour perpétuer le message du Rebelle, promouvoir notre langue et notre culture, défendre notre dignité, élargir les espaces de liberté menacés». Dans le même communiqué, diffusé, hier en fin de journée, la Fondation Matoub Lounès a rappelé que beaucoup de mères, pleurent encore les fruits de leurs entrailles, fauchés à la fleur de l'âge: «Avec toutes celles et tous ceux qui ont la Kabylie résistante chevillée au coeur, et qui n'ont pas renié l'espoir d'une Algérie plurielle, patrie de Abane Ramdane, Larbi Ben M'hidi, Tahar Dajout, Mouloud Mammeri, Kateb Yacine, Saïd Mekbel, Nabila Djahnine et de tant d'autres rebelles lumineux, nous disons: «Non à la répression qui menace notre liberté et aux agressions récurrentes contre son expression libre et pacifique, non à l'instrumentalisation de la Kabylie dans des luttes qui ne la concernent pas, non aux aventuriers et aux manipulateurs de l'ombre qui tentent d'entraïner notre jeunesse vers l'irréparable et le chaos.» Par ailleurs, la Fondation a exigé dans la même déclaration la vérité et la justice sur Matoub Lounès. «20 ans après l'attentat qui a coûté la vie au barde kabyle, algérien, amazigh, au chantre des lumières et de la liberté, la vérité est toujours occultée. Qui a tué Matoub Lounès? Qui sont les commanditaires? Pour quel objectif?», s'interroge la Fondation. Cette dernière déplore en outre le fait que des témoins clés n'ont jamais été convoqués par la justice. Et d'ajouter: «Pour la Fondation Matoub Lounès, pour la famille du Rebelle, pour l'opinion publique, la justice n'a pas été rendue.» «A la lumière des derniers rebondissements, notamment les déclarations d'un célèbre chanteur qui affirme être «arrivé sur les lieux du crime une dizaine de minutes après l'attentat», la justice, d'ordinaire si prompte à s'autosaisir dans des délits mineurs touchant les dignitaires du régime, est restée silencieuse. La réouverture du dossier dans la transparence et le respect des procédures légales s'impose comme une exigence du droit et de la morale», conclut la Fondation Matoub Lounès.