img src="http://www.lexpressiondz.com/img/article_medium/photos/P180712-10.jpg" alt=""L'Algérie a bercé ma jeunesse"" / Edwy Plenel, ancien directeur de la rédaction du Monde, créateur de Médiapart, auteur de plus d'une trentaine de livres entres autres «Pour les musulmans», «Le droit de savoir» et en dernier lieu «La valeur de l'information» suivi de «Combat pour une presse libre», est un journaliste d'investigation, mais aussi un penseur dont l'ambition est d'apporter des réponses nouvelles à la crise d'indépendance et de qualité de l'information. En dix ans, Médiapart, exclusivement diffusé sur le Net et qui ne vit que de ses abonnements, a connu un succès fulgurant. C'est désormais un média de référence de la presse quotidienne dont les révélations, fruit d'enquêtes approfondies, suscitent la crainte dans le monde politique et économique et dont la réussite inspire autant d'admiration que de curiosité et d'envie. Il s'est fait connaître en révélant des affaires d'Etat retentissantes: l'affaire Kadhafi-Sarkozy concernant le financement de la campagne présidentielle 2007, l'affaire Cahuzac qui a entraîné la démission du ministre des Finances à la suite de la révélation des comptes qu'il détenait à l'étranger. Le journal est devenu un modèle pour tous les jeunes attirés par la profession de journaliste. Ali Ghanem: Vous avez derrière vous une longue carrière pleine d'expériences diverses, qu'est-ce qui vous passionne encore dans le journaliste? Edwy Plenel: Ce qui continue de me passionner c'est l'intérêt public, la vitalité de la démocratie, le souci du droit de savoir des citoyens, le fait de découvrir des faits inédits, de rencontrer des personnes nouvelles, la curiosité et la générosité que suppose ce métier. La passion habite vos écrits, vos interventions, vous ne laissez jamais indifférent. Je ne sais pas, je vis le journalisme comme je suis et je ne suis pas quelqu'un d'indifférent. Je suis quelqu'un de curieux, j'aime découvrir, j'ai toujours fonctionné comme cela, c'est ma nature profonde. Quels conseils donneriez-vous à un jeune journaliste? D'abord être curieux, la curiosité n'est pas un vilain défaut, c'est au contraire une très grande qualité. Ensuite, avoir la curiosité généreuse, c'est-à-dire le souci de rencontrer les gens, de les écouter, de les faire parler, de gagner leur confiance et cela suppose de ne jamais se comporter comme un juge ou comme un policier. Et puis, enfin, de toujours être intéressé au-delà de l'information immédiate, de toujours chercher à comprendre le contexte car toute histoire a un environnement, tout présent a un passé. C'est comme quand on fait un puzzle, on tient l'une des pièces, mais il y a d'autres pièces du puzzle qu'il faut trouver. C'est pour cela que je dis souvent que les bons journalistes sont ceux qui sont un peu historiens, qui ont le sens du temps, qui comprennent que dans le présent, il y a une histoire aussi, il y a un passé. Et puis, il faut aussi être un peu sociologue, connaître les sociétés, leur démographie, leur culture, leurs particularités, voilà en vrac mes conseils. Ensuite, il y a des tours de main, pour le journalisme comme pour n'importe quel métier, il y a une habileté, il y a une technique, tout cela s'apprend en le faisant, comme pour nager, c'est en nageant qu'on apprend à nager. A quoi sert le métier de journaliste? Le métier de journaliste sert à apporter des informations d'intérêt public pour que les gens soient libres et autonomes. Je dis souvent que le droit de savoir, qui est le titre d'un de mes livres, je vois que vous l'avez apporté, est un droit plus fondamental que le droit de vote. On peut voter, mais si on n'est pas informé on va voter à l' aveugle. Si on est prisonnier des propagandes, des idéologies, des mensonges des fausses nouvelles etc., eh bien on risque de voter pour son pire ennemi, pour son pire malheur. Voter en étant un citoyen conscient, actif, cela nécessite de connaître tout ce qui est d'intérêt public et je considère que c'est la responsabilité des journalistes de contribuer à cela. Vous étiez directeur de la rédaction du Monde et quand vous l'avez quitté vous étiez en pleine gloire? Oui, j'ai quitté Le Monde au bout de 25 ans, mais sur une bataille que j'ai perdue. C'était la bataille pour l'indépendance économique de ce journal. Jusqu'à mon départ, il était la propriété de fait de ceux qui y travaillaient. Depuis, il a été vendu et il est devenu la propriété de financiers, de capitalistes extérieurs aux métiers de l'information. Ayant perdu cette bataille, j'en ai tiré les conséquences et j'ai continué mon chemin. Finalement, j'ai été amené sous la pression un peu des circonstances et de divers amis à relever le défi en créant Médiapart. A l'époque, l'histoire avec Pierre Péan et Philippe Cohen, les auteurs de «La face cachée du Monde» a fait grand bruit. De quoi s'agissait-il? Je vous dis mon point de vue, et c'est un point de vue personnel puisque j'étais leur première cible. Je considère que ce livre était un «attentat éditorial». C'est un livre plein de fausses informations, plein de rumeurs, d'agressivité et de violence qui était, derrière l'apparence d'une enquête, un règlement de comptes idéologique. Au fond, ce que me reprochaient les auteurs c'était d'être ce que je suis c'est-à-dire un journaliste totalement indépendant des pouvoirs, ce qui n'était pas leur cas, et un journaliste qui refusait aussi que tout ce qui est au coeur du malheur français depuis des décennies, le repli sur une identité française fermée, le refus de regarder en face notre passé colonial, le refus d'assumer la diversité de notre propre peuple. C'était une attaque assez déloyale parce qu'en fait, c'était une attaque idéologique, de parti pris, qui a essayé de se présenter comme une enquête alors que c'était rempli de calomnies et de choses très fausses. Vous avez écrit «Le droit de savoir» et «La valeur de l'information» (suivi de «Combat pour une presse libre»). Vous avez toujours beaucoup de choses à dire sur le journalisme... Dans mes livres, à partir de mon expérience, de ce que je fais comme journaliste, j'essaie de partager, d'expliquer, de rendre compte. Mes livres, ce sont des livres où je dis voilà ce que j'ai voulu faire. C'est d'ailleurs très intéressant de voir que dans les polémiques qui accompagnent le type de journalisme que je pratique- il dérange, donc il est évidemment l'objet de multiples campagnes- ceux qui m'attaquent ne me lisent pas, ils ne citent jamais mes livres, ils ne vont jamais voir ce que j'ai écrit et se contentent de rester en surface à tel point que souvent quand je vois ces attaques je me demande de qui ils parlent, j'ai l'impression qu'ils parlent de quelqu'un qui n'est pas moi. Vous avez des critiques attitrés comme Alain Finkielkraut ou Bernard-Henry Lévy, Gilles William, qu'en pensez- vous? Vous connaissez mon itinéraire, je suis un Breton d'outre-mer, j'ai passé mon enfance en Martinique le pays de Frantz Fanon, d'Edouard Glissant et d'Aimé Césaire, puis ma jeunesse en Algérie, après l'indépendance. Je suis donc un Français qui assume ce rapport au monde, le rapport de solidarité, d'internationalisme avec le monde. Je refuse la tentation des identités fermées, des identités xénophobes, racistes, qui désignent des boucs émissaires, les juifs - on sait bien que l'antisémitisme existe- ou les musulmans - l'islamophobie existe aussi. Parce que je considère que tous ces combats doivent être menés sans en oublier aucun, je dérange ceux qui sont du côté de l'ordre établi. Moi, je serais plutôt du côté du mouvement et de l'émancipation. Cependant s'ils m'attaquent à la loyale, en raisonnant à partir des idées, c'est bien, car ce n'est que l'expression du pluralisme d'une société. Là où c'est mal, c'est quand on doit faire face à des calomnies, à des campagnes qui visent à détruire au lieu de débattre. Considérez-vous que le rôle du journaliste c'est de dire la vérité peu importent les circonstances? Pas peu importe, il y a des limites. La vie privée est une limite, on ne doit pas blesser gratuitement les personnes. En revanche, je pense qu'on doit assumer de dire la vérité qui est d'intérêt public, même si elle dérange des intérêts étatiques ou des intérêts économiques. Parce que ça concerne le plus grand nombre, un journaliste est au service du public, pas du pouvoir politique, pas de celui qui l'emploie. Vous dites aussi que la raison d'être du journaliste c'est d'apporter au citoyen l'information dont il a besoin pour vivre. Oui, pour lui permettre de réfléchir, d'être indépendant, d'être libre. Les vérités de fait c'est la matière première du débat public. Lorsqu'il n'y a plus que des opinions, on risque la guerre de tous contre tous, mon opinion contre la tienne, ma croyance contre la tienne, mon préjugé contre le tien, mon origine, mon identité contre les tiennes. C'est cela qui est très dangereux. Pour qu'il y ait un débat rationnel il faut qu'il y ait au coeur du débat public la vérité des faits: que s'est-il passé vraiment au moment où l'on parle, que s'était-il passé auparavant? Il faut qu'il y ait un rapport rationnel à la réalité. Sans cela il n'y a plus que des idéologies et il y a des idéologies meurtrières, des idéologies de la haine de l'Autre, de la haine de l'humanité qui peuvent l'emporter et Dieu sait si notre époque est traversée aussi par ça. Albert Londres a dit «le journaliste n'est pas un enfant de coeur, notre métier n'est pas de faire plaisir et non plus de faire tort, il est de porter la plume dans la plaie». Oui c'est une très belle formule d'Albert Londres, que je cite souvent, et dont il est intéressant de rappeler qu'elle est née lors d'un reportage qu'il avait consacré aux colonies françaises de l'Afrique de l'Ouest dans les années 20. Lorsqu'il a écrit que le pays dit des droits de l'homme, qui prétendait amener une civilisation à d'autres peuples, trahissait en fait ces droits de l'homme, notamment par le travail forcé ou par la mentalité raciste de certains colons, tout le parti colonial lui est tombé dessus. Il leur répond: non, je ne fais que mon boulot, je vous mets sous les yeux ce que vous devez regarder en face, c'est pour cela qu'il dit: mon métier ce n'est pas de faire plaisir... Quand Aimé Césaire écrit «j'habite une blessure» qu'est-ce que ça évoque pour vous? Aimé Césaire, comme Frantz Fanon, comme Edouard Glissant, sont des penseurs du monde, de l'humanité qui sont issus d'un crime contre l'humanité, l'esclavage. Leur histoire, c'est l'esclavage, c'est cette immense traite négrière qui, sur plusieurs siècles, va déporter toutes sortes d'hommes, de femmes, d'enfants de tous âges sur le continent américain. C'est une histoire totalitaire qui est au coeur de ce qui a été l'accumulation primitive des richesses européennes. L'Europe s'est projetée sur le monde en accompagnant cela du crime de la déportation, du commerce triangulaire, du trafic négrier, de l'esclavage, du fait de considérer que l'humanité pouvait être tout simplement un objet, une marchandise. C'est de cette blessure que parle Césaire et la force d'Aimé Césaire comme de Frantz Fanon, l'auteur des «Damnés de la terre», va être de ne pas tourner cela en ressentiment, d'en tirer au contraire une humanité plus élevée, plus forte que l'on retrouve dans le «Discours sur le colonialisme de Césaire» où il dit que celui qui prétend qu'il apporte la civilisation à un barbare, et qui considère que l'Autre est un barbare, c'est lui-même qui est en train de devenir barbare par folie de puissance. Pour moi ce sont des pensées d'une humanité renouvelée, d'un humanisme profond qui ne prennent pas les blessures comme une aigreur, comme un poids écrasant, mais au contraire comme quelque chose qui vous oblige à dépasser cette blessure, à être au-dessus d'elle, à être plus fort. Une question qui va sans doute vous amuser: on vous taxe souvent d'être un islamo-gauchiste, que répondez-vous à cela? (Il rit) Quand on veut noyer son chien on l'accuse de la rage! Moi je suis radicalement démocratique, je suis d'une génération qui a combattu les dictatures et les totalitarismes qui se faisaient soi-disant au nom du peuple et au nom des idées de gauche. J'ai été plus démocrate que beaucoup de ceux qui s'en accommodaient et je ne suis évidemment pas du côté d'aucune idéologie politique, religieuse ou autre. Pourquoi on me qualifie de la sorte? C'est sans doute parce que je suis radicalement démocrate et que je suis profondément contre toutes les formes de discrimination. Je considère, dans nos temps actuels, que ce n'est pas parce qu'il y a des terroristes et une pensée totalitaire qui se revendique d'une des religions monothéistes, l'islam, que nous devons, nous, tomber dans le piège, dans le danger, dans la facilité d'essentialiser tous ceux qui ont à voir avec les mots islam ou musulman. Nos compatriotes musulmans, par leur histoire familiale, par leur pratique religieuse, par leur culture partagée, ne sont pas responsables des attentats qui sont commis par des gens qui se revendiquent d'une vision dévoyée et totalitaire de leur religion. En clair, je refuse que pour faire face à un désordre, à la peur, à des attentats, à des crimes, on commette de nouvelles injustices. Ça ne me plaît pas qu'on veuille se saisir de ces attentats pour nous mettre en guerre et nous entraîner dans un engrenage fatal. Pour un certain nombre de journalistes, Médiapart est devenu une sorte d'agence de presse, une des sources d'information. C'est normal et c'est bien, j'y vois la preuve de notre réussite. En 10 ans nous nous sommes effectivement imposés comme un nouveau journal de référence au coeur du débat public en profitant de la révolution numérique. Nous sommes un journal totalement indépendant, qui vit de ses abonnements, qu'on ne peut pas censurer, qui ne peut pas subir des pressions. Et du coup je crois que nous faisons librement notre métier, cela aide tout le monde et toute la profession en sort renforcée. Médiapart est le premier journal exclusivement sur le Net, qui vit sans publicité et c'est une belle réussite puisque vous n'étiez que trois journalistes au départ, aujourd'hui vous êtes 140. Bien sûr, nous sommes un journal sans publicité, qui est rentable et qui a créé des emplois. Au total, 140 c'est le nombre des collaborateurs, en fait nous sommes 85 salariés permanents et en effet on établit, pourrait-on dire, 140 feuilles de paie tous les mois. Sur 10 années d'existence, nous avons eu sept exercices bénéficiaires d'affilée, depuis 2011, et notre taux de profit est unique dans notre secteur puisque nous avons un résultat net de 16% du chiffre d'affaires. On a montré qu'il n'y a pas de fatalité à la crise de l'information, au fond si on se bat pour avoir la confiance du public on peut réussir. Au fond, la leçon de Médiapart, c'est qu'il faut se battre pour avoir la confiance du public. Pourquoi, en quittant Le Monde, avoir créé un journal numérique et non pas un journal papier? Parce que la révolution numérique nous rattrapait et je crois, Médiapart le montre, qu'on peut faire un meilleur journalisme avec un journal numérique que dans l'objet fermé qu'est un quotidien papier. On peut sortir du format page, on peut faire trois éditions par jour, on peut faire ce que nous appelons nos live, nos Médiapart live hebdomadaires, qui sont comme une université populaire, on peut avoir un journal participatif avec le club de Médiapart où nos lecteurs s'expriment, cela permet de créer une nouvelle relation de confiance avec le public. Je pense que nous faisons à Médiapart, selon la même tradition journalistique que je défendais au Monde, un journalisme plus approfondi, plus documenté plus riche qu'on ne pouvait le faire sur le format papier. On dit que Médiapart est visité par 4 millions de personnes par mois. 4,7 millions de visiteurs uniques en moyenne par mois l'année dernière. Aujourd'hui nous avons plus de 151.000 abonnés individuels. Les visiteurs uniques ne paient pas. Ils ont accès au club, ils peuvent voir le résumé des articles, ils regardent nos live. C'est ce stock de visiteurs uniques qui nous permet d'avoir beaucoup d'espoir pour nos futurs abonnés, nous convertissons les visiteurs uniques en abonnés. Médiapart sort souvent des informations qu'on ne trouve nullement ailleurs. Comment les obtenez-vous? On vous les apporte? L'investigation, l'enquête, c'est pour nous la base du métier. On va chercher les informations que les pouvoirs aussi bien politiques qu'économiques cachent. Chercher des informations, c'est un vrai travail. Personne ne vient jamais nous les donner comme ça en cadeau. C'est un carnet d'adresses, c'est trouver la bonne direction, frapper à la bonne porte, recouper les informations. C'est faire notre travail, tout simplement. Alors dans ce cas, comment avez-vous découvert l'affaire Sarkozy/Kadhafi, l'affaire Bettencourt ou l'affaire Cahuzac? A chaque fois en tirant un fil, par exemple l'affaire Kadhafi/ Sarkozy, nous étions sur l'affaire Karachi qui est un scandale de corruption autour de ventes d'armes au Pakistan et il y a un intermédiaire qui est M. Ziad Takieddine qui est au coeur de cette affaire. Par notre enquête-nous finissons par trouver les archives numériques de M.Takieddine et dans ces archives nous voyons des documents qui font état de visites confidentielles entre 2005 et 2007 en Libye, au temps du régime de Mouammar Kadhafi. M.Takieddine se rendait là-bas pour organiser des visites pour M.Sarkozy et pour son entourage dans le cadre de la campagne présidentielle de 2007 en vue de recueillir des financements complémentaires. C'est à partir de là qu'on a travaillé, on a cherché des éléments, des documents libyens, d'autres éléments de confirmation, d'autres éléments de preuve, des témoignages. C'est comme ça qu'on a mené l'enquête depuis 7 ans, une enquête qui, entre-temps, est devenue une enquête judiciaire et qui vaut aujourd'hui une triple mise en examen à M.Sarkozy pour des motifs très graves de corruption d'une démocratie par l'argent d'une dictature. Et l'affaire Tarik Ramadan, qu'en pensez-vous? C'est une affaire judiciaire grave qui concerne quelqu'un qui, dans sa vie privée, est soupçonné d'avoir commis des faits d'agression et de violence sexuelle. Les idées de Tariq Ramadan c'est autre chose, on peut connaître les idées de quelqu'un, les apprécier ou les critiquer et ne rien connaître de sa vie privée. En l'occurrence, dans le cas de Tariq Ramadan il y a plusieurs témoignages, plusieurs éléments qui légitiment cette enquête judiciaire. Médiapart a joué un rôle très important dans la prise de conscience de la prédation masculine envers les femmes et Tariq Ramadan doit faire face aux faits qui le concernent. Ceux qui voudraient en tirer des conclusions générales ont tort, l'affaire Strauss-Kahn ne concerne pas les socialistes français, elle concerne Dominique Strauss-Kahn, l'affaire Dominique Baupin, sortie par Médiapart, ne concerne pas les écologistes, elle concerne Dominique Baupin, eh bien l'affaire Tariq Ramadan, elle concerne l'individu Tariq Ramadan, elle ne concerne pas les musulmans français, il ne faut pas mêler les deux choses. En revanche, il ne faut pas du tout relativiser les faits dont il est accusé, sous prétexte qu'on aimerait les idées de Ramadan. Les idées de Ramadan c'est une chose, ce qu'il a fait c'est autre chose. Avez-vous quelque chose à dire sur l'Algérie? A part dire ma fraternité et mon amitié au peuple algérien, puisque l'Algérie est mon pays de jeunesse où j'ai appris énormément de choses, je ne peux que faire le voeu de l'épanouissement démocratique, de l'épanouissement social, de l'épanouissement dans la pluralité et la diversité de l'Algérie. Les indépendances sont un long chemin, une fois qu'on a conquis l'indépendance il faut consolider la liberté, la vitalité d'une démocratie, mais cela c'est l'affaire des Algériens et des Algériennes et je suis à leur côté dans ce combat. Ali Ghanem est un réalisateur, scénariste et écrivain algérien, né en 1943 à Constantine. Dans ses oeuvres on retrouve notamment les films Mektoub (1970), L'Autre France (1975), Une femme pour mon fils (1982) et enfin, Chacun sa vie (2007). Il a deux romans à son actif: Une femme pour mon fils, roman, éditions Syros, 1979, Le Serpent à sept têtes, roman, Flammarion, 1984. Dans cet entretien avec un monstre sacré du journalisme français Ali Ghanem nous fait voyager dans le monde abyssal des médias. Edwy Plenel, ancien directeur de la rédaction du journal Le Monde où il a travaillé pendant 25 ans a lancé en 2008 le site d'information Mediapart, qui deviendra l'un des premiers pure players français spécialisés dans l'investigation.