La multiplication des attentats a incité les autorités libanaises à demander l'aide de la communauté internationale. L'attentat contre la journaliste May Chidiac, grièvement blessée dimanche dernier, -le quatorzième depuis l'assassinat de l'ancien Premier ministre, Rafic Hariri- a décidé le gouvernement libanais à appeler à la rescousse la communauté internationale, notamment les Etats-Unis et l'Union européenne pour aider le Liban à surmonter cette phase difficile de l'ère post-syrienne. Suite à la tentative d'assassinat de la journaliste de la chaîne de télévision LBC, le chef du gouvernement libanais, Fouad Siniora a tenu lundi une réunion avec les principaux responsables des forces de sécurité du pays. A l'issue de cette réunion, il a été fait appel aux Etats-Unis et à la France pour aider le Liban à contenir la vague terroriste qui s'est abattue sur le pays. Les Etats-Unis ont réagi immédiatement par l'envoi d'une équipe de la police fédérale (FBI) à Beyrouth, laquelle -arrivée mardi au Liban- s'est mise hier au travail en allant sur les lieux de l'attentat dont a été victime Mme Chidiac. De fait, dans une déclaration à la presse, l'ambassadeur des Etats-Unis au Liban, Jeffrey Feltman, a affirmé que son pays était « prêt à apporter au Liban toute demande d'aide », avec la précision que l'équipe d'experts du FBI, qui se trouve sur place, agirait sous l'autorité du gouvernement libanais. L'ambassadeur de France à Beyrouth, Bernard Emié, a indiqué pour sa part que son pays «se rangeait aux côtés des autorités libanaises pour satisfaire leurs demandes sur le plan de la sécurité» laissant entendre que Paris allait répondre positivement à la sollicitation libanaise. De fait, aucun des 14 attentats qui ont secoué la capitale libanaise ces derniers mois n'a été résolu alors que la commission d'enquête de l'ONU sur l'assassinat de Rafic Hariri doit remettre son rapport le 21 octobre prochain. La vague d'attentats qui a visé des hommes politiques comme George Hawi, ancien responsable du Parti communiste libanais, le journaliste vedette, Samir Kassir, outre les tentatives d'assassinats du député Marwan Hamadé et du ministre de la Défense, Elias Murr, a induit une psychose dans un pays encore marqué par la guerre civile des décennies 70 et 80. Face à la recrudescence de ces attaques, l'inquiétude est grande au Liban d'une répétition de la tragédie qui reste dans toutes les mémoires. En fait, le premier gouvernement de l'ère post-syrienne n'a pas les moyens de contenir la vague de violence qui a débuté avec la tentative d'assassinat du député Marwan Hamadé en octobre 2004. Toutefois, c'est le meurtre de Rafic Hariri le 14 février dernier qui a donné le signal de la série d'attentats qui allait secouer et endeuiller Beyrouth. Les victimes sont des hommes politiques et journalistes en vue, dont le dénominateur commun est le fait d'être, ou d'avoir été, catalogués d'anti-syriens, ou ont milité contre la présence syrienne au Liban. La tentative d'assassinat de May Chidiac a fait sortir le ministre de la Défense Elias Murr de son silence alléguant pour la première fois de «menaces» syriennes contre lui, indiquant: «la coupe est pleine depuis ce qui est arrivé à May Chidiac. Nous sommes tous dans la même barque», a clamé M.Murr, qui a échappé récemment à une tentative d'assassinat, lors d'une émission débat de la LBC, révélant qu'il a eu une altercation avec l'ancien chef des services de renseignement militaires syriens au Liban, le général Rustom Ghazalé. Il a ainsi affirmé: «Entre septembre et octobre 2004, j'ai eu un problème avec le représentant de la Syrie au Liban, Rustom Ghazalé, à cause de l'arrestation de membres d'un réseau (...) soupçonné de préparer un attentat contre l'ambassade d'Italie au Liban». A cette époque, M.Murr était alors ministre de l'Intérieur. Le général Rustom Ghazalé a quitté le Liban avec les forces syriennes le 26 avril sous la pression de la communauté internationale et de la rue libanaise. D'ailleurs, le général Ghazalé de même que six autres hauts gradés syriens, ont été interrogés dans le courant de la semaine dernière par la commission d'enquête de l'ONU. Damas a vivement réagi mardi aux déclarations de M.Murr par un responsable qui, s'exprimant sous le couvert de l'anonymat, a dénoncé «(...) ces déclarations pleines de contradictions et de mensonges» rejetant «en bloc toutes les accusations» de M.Murr, qui «sont contraires aux règles élémentaires de l'honnêteté». De fait, nombre de politiciens et médias libanais soupçonnent la Syrie, sinon d'être le commanditaire, du moins de n'être pas étrangère à cette série d'attentats qui frappent depuis près d'un an le Liban. Aussi, le Liban attend-il avec impatience le rapport que l'enquêteur onusien, M.Mehlis, rendra public le 21 octobre prochain.