Tout en accusant l'ANP d'avoir participé à la fraude électorale par le passé, Makri réitère son appel à l'institution militaire pour accompagner la transition politique. Ces derniers jours ont été marqués par une joute, par voie de presse interposée, entre le secrétaire du Front de Libération nationale (FLN), Djamel Ould Abbès, et le président du Mouvement de la société pour la paix (MSP), Abderezzak Makri. Les deux hommes se livrent à un échange à peine voilé de critiques. Le duel à distance entre les deux hommes, tournés vers l'échéance 2019, s'annonce des plus captivants. Ainsi et après l'appel étrange du président du MSP qui a sollicité l'institution militaire pour accompagner «la transition politique à travers un consensus national» et la réponse de Djamel Ould Abbès qui ne s'est pas fait attendre et où il a demandé à la classe politique de laisser l'ANP «loin du jeu et des calculs politiques», voilà qu'à nouveau le président du MSP réagit. Il répond dans une déclaration de presse, rendue publique hier, au FLN, mais étrangement, il refuse de l'admettre. Et pour preuve, Makri entame sa déclaration en soulignant que le vieux parti nie dans sa globalité la tenue par son secrétaire général des propos qui lui ont été prêtés sur feu Mahfoud Nahnah et qu'il s'est engagé à s'expliquer sur cette question, prochainement, lors d'une rencontre entre les deux formations politiques où l'initiative du MSP et la prochaine élection présidentielle, seront abordées. Tout en assurant donc que le FLN va s'expliquer sur les propos de Djamel Ould Abbès, le président du parti islamiste va répliquer aux dernières déclarations de ce dernier, mais en affirmant qu'il ne s'agit là que de «précisions adressées à qui de droit». Une façon de faire qui ne figure pas dans les us et coutumes des politiques. Makri, qui sera donc le premier homme politique à apporter des précisions à «qui de droit» a résumé en sept points la vision de son parti. Il commence par défendre la mémoire de feu Nahnah qui a «joué un rôle essentiel dans la sauvegarde du pays à un moment où beaucoup de ses pairs ne l'ont pas fait». Et d'ajouter que Cheikh Nahnah n'est pas un homme de surenchère. Il en veut pour preuve, le fait que feu Nahnah «a été élu en 1995 et a choisi d'abandonner son droit à la présidence». Afin de se défendre d'être de ceux qui appellent au changement par la force alors que l'invitation qu'il a adressée à l'institution militaire ne souffre d'aucune ambiguïté, Makri va affirmer que le MSP a, de tout temps, bataillé pour le caractère civil de l'action politique. Il va même jusqu'à dire que son parti a toujours été victime de l'interventionnisme de l'Etat qui, lors des échéances électorales, a recouru à ses institutions, dont l'ANP, pour «frauder et changer la volonté populaire». Après avoir donc accusé l'ANP de participer à la fraude électorale, Makri va laisser entendre que beaucoup qui font dans la surenchère en ce qui concerne l'appel à l'intervention militaire, ne cherchent en fait qu'à se maintenir au pouvoir grâce à la protection de cette même institution. L'allusion à Djamel Ould Abbès est à peine voilée. Très critique sur la situation politique et économique du pays, Makri qui considère que «la société est au bord de l'implosion et que la corruption a atteint des degrés inégalés dans une Algérie loin d'être un pays démocratique», affirme que la seule façon de sortir de cette crise multidimentionnelle est d'associer les efforts de l'ensemble des forces vives du pays. Makri, qui semble, enfin, tenir à l'appui de l'ANP, va encore se répéter en disant «il y a de multiples exemples de par le monde qui confirment que lorsque l'institution militaire ne s'inscrit pas en porte-à-faux des initiatives lancées par les forces vives d'une nation, elles peuvent réussir. C'est même l'armée qui a contribué dans cette réussite dans certains cas».