L'enterrement des victimes à Souaïda «Tous les habitants de Raqqa et Deir Ezzor sont des syriens. Nous allons donc négocier et, si cela ne marche pas, alors nous mènerons une offensive pour reprendre le contrôle de ces parties intégrantes de la Syrie» a déclaré le président Bachar al Assad. La province de Souaïda, au sud de la Syrie, a enterré ses morts jeudi après le carnage commis par Daesh qui a assassiné plus de 250 personnes dans plusieurs attaques coordonnées, en vue de démontrer qu'il garde encore des capacités de nuisance réelles malgré les multiples défaites et son morcellement dans les parties désertiques de la Syrie et de l'Irak. C'est le bilan le plus tragique depuis plus d'un an et même, si l'on s'en tient à cette région du sud du pays, le plus meurtrier depuis 2011. Ce qui a fait dire aux autorités syriennes qu'il s'agit de la pire attaque lancée par Daesh dont les éléments pont profité d'une conjoncture particulière liée à l'offensive que mène l'armée arabe syrienne dans cette région de Souaïda. On sait que plus de la moitié des victimes est constituée de civils, assassinés dans les villages mais aussi dans le chef-lieu. Si les villageois ont été sauvagement exécutés chez eux, Daesh a par contre lancé plusieurs kamikazes dotés de ceintures explosives dans la ville elle-même tandis que certains groupuscules de l'organisation criminelle prenaient d'assaut des bourgades environnantes, avant d'être bloqués puis pourchassés et abattus par l'armée syrienne. Le bilan de cette journée macabre est de 252 personnes tuées dont 139 civils, les autres victimes étant réparties entre des soldats syriens et alliés ainsi que des habitants qui ont pris les armes pour protéger leurs villages. Plus de 60 terroristes ont ainsi été abattus dans les contre-attaques organisées à la suite de ces opérations kamikazes de Daesh. Dans une déclaration, le ministre syrien des AE parle d'un «crime barbare qui a fait des centaines de morts et de blessés» alors que la télévision syrienne a diffusé les cérémonies funèbres marquant l'enterrement des victimes en présence de foules nombreuses venues leur rendre hommage. Fidèle à sa tradition, le groupe autoproclamé Etat islamique a diffusé sur son réseau de propagande des images montrant quatre habitants de Souaïda au moment de leur décapitation, suscitant une vague d'indignation de la communauté druze qui constitue en majorité la population de cette province jusque-là épargnée par les horreurs de la guerre en Syrie. Ces attaques de Daesh ravivent la crainte d'une résurgence du groupe terroriste qui, après sa fulgurante expansion de 2014, a connu de multiples et brutaux revers aussi bien en Syrie qu'en Irak, perdant toutes les positions qu'il avait dans ces deux pays. Côté syrien, l'offensive contre Daesh a été globalement menée par l'armée régulière et ses alliés russe, iranien et libanais (Hezbollah) même si des forces arabo-kurdes ont prêté main forte à la coalition internationale conduite par les Etats-Unis pour combattre la horde terroriste dans le nord comme à Deir Ezzor. Les offensives contre les terroristes ont été menées par le régime. C'est précisément dans cette région que Daesh subsiste encore ainsi que dans une zone désertique du côté de Homs et au sud du pays, occupant encore 3% du terrirtoire si l'on compte également les cellules présentes à Idlib. La province de Souaïda est voisine de celles de Quneïtra et de Deraa dont l'armée syrienne vient à peine de reprendre le contrôle total après une offensive éclair et des accords de reddition avec les groupes rebelles présents dans ces zones. C'est ainsi que jeudi dernier, le drapeau syrien a été levé après quatre ans d'absence dans le point de passage vers la partie du Golan occupée par l'armée sioniste, dans la province de Quneïtra. Hier toujours, le président Bachar al Assad a confirmé à des agences de presse que la priorité de l'armée et des forces alliées est maintenant de reprendre la province d'Idlib encore sous contrôle des groupes extrémistes. «Idlib est désormais notre but, mais ce n'est pas le seul», a-t-il déclaré. «L'armée, et c'est à sa discrétion, décidera des priorités, et Idlib est l'une de ses priorités», a indiqué le président syrien. Hier, Damas a accueilli pour la première fois une délégation des FDS, les forces arabo-kurdes soutenues par la coalition internationale, pour des discussions sur l'avenir des régions sous contrôle kurde, au nord de la Syrie. La délégation du Conseil démocratique syrien, le bras politique des Forces démocratiques syriennes (FDS), répond ainsi à une invitation du gouvernement syrien pour des concertations sans conditions préalables et elle est composée de responsables tant politiques que militaires dont le but est de négocier une autonomie pour la ville et la région de Raqqa et de Deir Ezzor, après que le président Bachar al Assad a menacé fin mai de lancer une offensive pour reprendre ces deux provinces. «Tous les habitants de Raqqa et Deir Ezzor sont des Syriens. Nous allons donc négocier et si cela ne marche pas, alors nous mènerons une offensive pour reprendre le contrôle de ces parties intégrantes de la Syrie» a déclaré le chef de l'Etat syrien.