La multiplication des propositions démontre que la classe politique n'est pas prête à céder sur ses intérêts étroits et d'oeuvrer réellement ensemble à une véritable sortie de crise. A chacun sa proposition. Les partis politiques s'agitent dans tous les sens. A neuf mois de la présidentielle, la scène politique assiste à une véritable foire des initiatives politiques. Consensus politique, Assemblée constituante, transition politique sont autant de projets proposés pour une sortie de crise. L'initiative du Mouvement de la société pour la paix MSP a remis au goût les manoeuvres et calculs politiques pour se repositionner sur l'échiquier national. Tout le personnel politique s'amuse à déployer ses cartes de jeu dans le but de tirer profit des prochaines joutes électorales. Qu'ils soient de l'opposition ou de la coalition, anciens ou nouveaux, les animateurs de la scène politique s'accordent tous sur la nécessité d'un consensus pour franchir la prochaine échéance. Or, ces derniers ne font pas preuve de tolérance. Les consultations lancées, ces derniers temps, entre les différents courants politiques, sont marquées par un dialogue de sourds. Chacun veut faire passer son initiative en priorité en rejetant celle des autres. C'est le cas du patron du MSP Abderezzak Makri qui subit des rejets et des réserves de l'ensemble des partis politiques, y compris ses anciens et nouveaux alliés. Même les partis de la mouvance islamiste ne l'ont pas soutenu. Le mouvement El-Binaa vient de relancer son initiative sur le consensus politique appelé «L'Algérie pour tous» qui plaide pour le renforcement du front interne et à la protection de l'unité nationale. Son président Abdelkader Bengrina qui a rencontré, dimanche dernier, le secrétaire général du FLN, Djamel Ould Abbès a développé les grandes lignes de son initiative tout en rappelant qu'elle a bien précédé celle du MSP. Une précision de taille qui démontre clairement que les partis se sont lancés dans une véritable compétition pour imposer, chacun à sa manière, son oeuvre. Le parti majoritaire du FLN oeuvre, de son côté, à brasser un large consensus autour de la candidature du président Bouteflika à la prochaine présidentielle. Bien que les partis de la coalition ont fini par rejoindre le train en marche, le vieux parti tente de ramener sous sa coupe même les petites formations pour garantir leur appui. Ould Abbès va rencontrer aujourd'hui le président du parti El Karama et demain le président de l'ANR pour discuter du projet d'adhésion. Il n'y a pas que ça. Le Parti des travailleurs s'attache à son projet d'Assemblée constituante. La formation de Louisa Hanoune qui a subi par le passé un rejet de la classe politique ne perd pas espoir. Sa direction a déployé tous les cadres et militants pour faire campagne auprès des citoyens en vue de collecter le maximum de signatures. «Nous sommes en train de poursuivre la campagne de collecte des signatures pour accompagner la lettre qui sera adressée au président de la République sur la nécessité de convoquer des élections pour élire une Assemblée constituante», a indiqué Djelloul Djoudi. Pour le PT, l'Assemblée constituante est la solution idoine pour sortir le pays de l'impasse. Le président du FNA n'est pas en reste. Moussa Touati plaide, de son côté, pour une période de transition de trois ans qui doit être confiée, selon lui, au président de la République. Il s'agira, toujours selon lui, d'une «période de transition étalée sur trois ans durant laquelle des élections libres et transparentes seront organisées. Une phase transitoire qui sera pilotée par le président en exercice dont le 4e mandat sera ainsi prolongé sans avoir à passer par une quelconque élection». Le président du FNA justifie notamment sa proposition par la nécessité de faire «l'économie de tout l'argent que pareille consultation électorale suppose en ces temps de vaches maigres». Le vieux parti de l'opposition n'abandonne pas son oeuvre. Le Front des forces socialistes (FFS) ne renonce pas à son projet et ce, malgré son rejet par la plupart des formations politiques. Idem pour le parti de Talaie El Houriat de Ali Benflis. L'appel de ce dernier à la création d'une instance indépendante pour l'organisation des élections et la formation d'un gouvernement de l'unité nationale n'a pas trouvé un écho favorable. La multiplication des propositions démontre tant bien que mal que la classe politique n'est pas prête à céder sur ses intérêts étroits et d'oeuvrer réellement ensemble à une véritable sortie de crise. Affolés par la course au pouvoir, les partis se démarquent même des vraies préoccupations des citoyens en ces temps de contestations.