Le parti au pouvoir au Zimbabwe depuis 1980, la Zanu-PF, a décroché la majorité absolue des sièges à l'assemblée nationale, selon des résultats officiels annoncés hier, alors que le décompte des voix pour la présidentielle se poursuit sur fond d'accusations de fraude lancées par l'opposition. Les observateurs de l'Union européenne (UE) doivent rendre public hier leur rapport préliminaire sur les élections présidentielle, législatives et municipales de lundi, les premières depuis la chute du président Robert Mugabe, tombé en novembre après près de quatre décennies au pouvoir. La mission de la Communauté de développement d'Afrique australe (SADC) a elle d'ores et déjà salué «l'environnement pacifique» qui a prévalu pendant la campagne pré-électorale et le jour du vote et «donné au peuple zimbabwéen la possibilité d'exercer son droit constitutionnel». Dans le cas où les résultats seraient contestés, la SADC a en outre «exhorté» les candidats «à s'abstenir de toute forme de violence». Les scrutins de l'ère Mugabe ont été régulièrement entachés de fraude et de violences. Son successeur et ancien bras droit Emmerson Mnangagwa, soucieux de se démarquer de son ex-mentor, a promis cette année des élections justes, pacifiques et transparentes. Pour preuve de sa bonne volonté, il a invité des observateurs occidentaux à observer le vote, une première en seize ans. Hier, la commission électorale (ZEC) a publié les premiers résultats partiels des législatives. Sur 153 des 210 circonscriptions du pays, «la Zanu-PF obtient 110 sièges, tandis que le MDC (Mouvement pour le changement démocratique) obtient 41 sièges», a annoncé le groupe audiovisuel public ZBC, citant les résultats de la commission. Selon ces chiffres, la Zanu-PF a donc obtenu la majorité absolue à la chambre basse. Ni la Zanu-PF ni le MDC n'ont immédiatement réagi à ces premiers résultats officiels des législatives, mais le patron du MDC, Nelson Chamisa, a affirmé que ceux de la présidentielle étaient en train d'être truqués.La commission électorale, critiquée pour sa partialité pendant les scrutins de l'ère Mugabe, «cherche à publier des résultats pour gagner du temps et inverser la victoire du peuple à l'élection présidentielle», a affirmé Nelson Chamisa sur son compte Twitter. Si personne n'obtient la majorité absolue au premier tour de la présidentielle, les deux candidats arrivés en tête s'affronteront lors d'un second tour prévu le 8 septembre. Hier matin, plusieurs centaines de partisans de l'opposition se sont rassemblés devant le siège du MDC à Harare, où étaient stationnés des camions équipés de canons à eau et du personnel anti-émeute.»On ne veut pas les soldats dans la rue. Ils ne vont pas nous faire taire avec leurs fusils», a prévenu Beridge Takaendesa, un ancien agent immobilier de 43 ans.»Les résultats sont biaisés, donnant l'impression que la Zanu-PF a gagné pour que nous préparions à la victoire de ED (Emmerson Mnangagwa)», a ajouté Lawrence Maguranyi, un étudiant de 21 ans. Un manifestant a succombé aux tirs des soldats sur les partisans de l'opposition pour les disperser. Les résultats des législatives annoncés hier par la ZEC contredisent les annonces la veille du MDC, qui avait revendiqué la victoire. Une proclamation qui a suscité la colère du gouvernement qui a menacé d'arrestations ceux qui annoncent des résultats alors que le décompte se poursuit. De son côté, le président Mnangagwa, patron de la Zanu-PF, s'était dit confiant mardi dans la victoire. «Les informations obtenues par mes représentants sur le terrain sont extrêmement positives», a-t-il assuré.