Le Zimbabwe est entré dans une lutte acharnée entre l'opposition et le parti du président Robert Mugabe, qui a retrouvé toute sa combativité en vue d'un second tour à la présidentielle, alors que les résultats du scrutin présidentiel ne sont toujours pas publiés ! Mugabe, octogénaire, qui dirige l'ex-Rhodésie britannique depuis son indépendance en 1980, n'a fait aucun commentaire depuis qu'il a glissé son bulletin de vote dans l'urne, il y a une semaine. Il n'a même pas réagi quand son parti, l'Union nationale africaine du Zimbabwe-Front patriotique (Zanu-PF) a perdu sa majorité de 28 ans à la Chambre des députés, alimentant les rumeurs sur un possible retrait du plus vieux chef d'Etat africain. Mais le week-end, Mugabe est sorti de son silence, apparaît à la télévision en forme, présidant une réunion du bureau politique de la Zanu-PF, qui a décidé de lancer une contre-offensive. Nous sommes affaiblis, mais pas hors jeu, ont tonné les responsables de son parti annonçant un second tour et prévoyant la victoire de leur cher vieux ! Le candidat Robert Gabriel Mugabe repassera sans contexte à leurs yeux. Qui d'autres pourra le vaincre, ont-ils clamé, oubliant la déculottée des élections générales. La Zanu entend également contester devant un tribunal électoral sa défaite aux législatives dans au moins 16 circonscriptions, arguant d'irrégularités. Si elle parvenait à obtenir gain de cause dans ces circonscriptions, le parti de Mugabe, qui, selon les résultats des législatives, dispose 97 sièges sur 210, pourrait retrouver le contrôle de la Chambre basse. Le réveil de la Zanu n'a pas d'autre explication que le soutien de l'armée et de la police, du moins de ses tendances lourdes attachées à Mugabe quel que soit le prix, y compris des affrontements. Le Mouvement pour le changement démocratique, l'opposition, a reconnu le droit démocratique de la Zanu à contester l'élection, tout en avançant ses propres pions. Toujours dans le noir concernant les scores des candidats à la présidentielle, le MDC a annoncé avoir saisi la justice pour obliger la commission électorale du Zimbabwe (ZEC) à publier le décompte des suffrages. Anticipant sur d'éventuelles manipulations des résultats, le MDC avait diffusé son propre décompte, revendiquant la victoire au premier tour pour son chef, Morgan Tsvangirai. Le MDC avait toutefois ajouté qu'il se plierait à un second tour si les résultats officiels différaient des siens. Dans cette atmosphère tendue, deux journalistes, un Américain et un Britannique, ont été inculpés vendredi par la police pour avoir couvert les élections sans accréditation et restaient en détention dans la soirée. Les populations du Zimbabwe se tiennent le ventre. Leur pays est guetté par le syndrome kényan ou la guerre post-électorale a fait 1500 morts, d'autan que Mugabe ne se représente certainement pas pour perdre de nouveau. D. B.