L'opération, qui démarre ce matin, a définitivement mis en veilleuse les divergences entre les frères ennemis. Désormais, conscient des enjeux en cours, le FLN a décidé de se diriger à un rythme soutenu vers le congrès dont la date semble maintenue pour les 26, 27 et 28 du mois courant. C'est, du moins, la tendance globale qui se dégage de la rencontre qu'a eue ce jeudi Abdelaziz Belkhadem avec les élus nationaux, députés et sénateurs, ainsi que ceux d'Alger, en présence de nombreux ministres et cadres du FLN, mais aussi d'Amar Saïdani, président de l'APN et Layachi Daâdoua, président du groupe parlementaire. Le ton, jeudi, était à l'apaisement et à l'aplanissement des divergences entre les frères ennemis d'hier. Pour reprendre des déclarations de Si Afif, venu toucher du doigt les véritables enjeux à venir, à savoir la future campagne référendaire, «il serait vain de chercher à défendre la réconciliation nationale si elle n'est pas d'abord rétablie dans nos propres rangs». C'est également l'idée maîtresse défendue par Belkhadem dans son discours. Pour lui, en effet, «il s'agit avant tout d'aller très vite dans la phase finale des préparatifs pour la tenue du 8e congrès». Les présents, ne se revendiquant plus d'aucune tendance politique précise, si ce n'est celle du soutien indéfectible à la démarche du président Bouteflika, ont ainsi été «instruits pour entamer dès aujourd'hui l'opération d'élection des délégués au congrès». Les instructions de Belkhadem, en ce sens, ont été très claires. «Aucune exclusion, de quelque nature qu'elle soit, ne saurait être tolérée». Il faudrait, au contraire, profiter de cette opération, qui devrait durer une semaine, sinon plus, et ne se ferait pas sans quelques accrocs, de l'avis de la plupart des personnes rencontrées sur place. Belkhadem, qui édulcore quelque peu les idées défendues par l'ancien mouvement de redressement, au risque de se mettre à dos les plus «ultras» d'entre eux, n'en maintient pas moins que «les délégués devront jouir de cinq années de militantisme au moins avant de pouvoir prétendre assister au congrès en tant que délégué et sept années avant de prétendre entrer au comité central». S'il ne fait aucun doute que les assemblées générales électives auront pour principale finalité de parachever la réunification des rangs entre les mouhafedhs et les coordinateurs, il n'en demeure pas moins qu'elles serviront également à raviver les anciens conflits qui sont trop profondément ancrés dans certaines wilayas qui risquent fort de se faire exclure de ce congrès. Le débat, en revanche, demeure loin d'être tranché concernant deux sujets au moins. Le premier a trait au désir toujours fermement brandi par les redresseurs de voir exclure l'ensemble des militants arrivés au parti après 2002, date du congrès annulé par la justice, qui avait vu l'arrivée de Benflis à la tête du parti avec un grand nombre de «nouveaux militants» venus prendre les véritables leviers de commande de ce parti. Le second point, pas moins important que le premier, a trait à la révision des statuts afin de créer le poste inédit de président du FLN, lequel jouira de bien plus de prérogatives et de pouvoirs que le secrétaire général puisqu'il sera élu par le congrès alors que le second ne le sera que par le comité central. Ce poste éminemment important, en effet, ne saurait être accordé à quelqu'un d'autre que le président de la République lui-même. Or, rien ne dit que celui qui se définit lui-même comme étant le président de tous les Algériens, acceptera de se laisser «emprisonner» dans le carcan d'un seul parti, aussi grand, large et important soit-il. Le débat est ouvert. Les paris aussi...