Cette collaboration algéro-française s'annonce donc déjà comme étant du «gagnant-gagnant» Cette usine de haute technologie sera la première du genre construite par le géant français du médicament hors de l'Hexagone. Elle doit permettre à l'Algérie de rentrer de plain-pied dans cette industrie de pointe. Des médicaments anticancer «made in bladi»: un pari fou qu'est en train de relever le géant mondial du médicament Ipsen! En effet, le laboratoire français qui a fêté ses dix ans de présence en Algérie a voulu marquer le coup en annonçant la mise sur orbite de son usine qui doit ouvrir en 2021. «Les études du projet ont été finalisées, tout comme l'aspect administratif où le bureau de liaison d'Ipsen s'est transformé en une entreprise mixte, algéro-française, qui porte le nom de Ipsen Pharma-Algérie», ont fièrement annoncé, jeudi dernier à Alger, les responsables de ce projet de partenariat qui donne rendez-vous en 2021 pour le lancement de la production de cet anticancer. «Les travaux de construction de la première usine de production de médicaments anticancéreux en Algérie seront lancés avant la fin de 2018 au niveau du pôle industriel de Sidi Abdellah. Les délais des travaux sont de trois ans, elle entrera donc en production en 2021», ont-ils souligné. «L'assiette foncière pour la construction de cette future usine de fabrication de médicaments d'oncologie a été validée par les services compétents, ce qui nous permettra de poser la première pierre de cette unité de production avant la fin de l'année», a indiqué le P-DG de la société Ipsen Pharma-Algérie Adlane Soudani, lors d'une conférence de presse tenue conjointement par les responsables du groupe français Ipsen et leur associé financier Isly Holding, une société algérienne présidée par Lyès Boudiaf qui intervient dans les partenariats industriels. Un projet qui semble être en béton, pour preuve, la maison mère a mobilisé son «top - management» pour cette annonce. À leur tête, Guillaume Freneuil vice-président Intercontinental Operations Consumer HealthCare division». L'exportation à moyen terme... Cette collaboration algéro-française s'annonce donc déjà comme étant du «gagnant-gagnant». Cette usine de haute technologie sera la première du genre construite par le géant français du médicament hors de l'Hexagone. «Ce médicament n'est pour le moment fabriqué que dans le site historique de Dreux (France). Ce sera une première qui entraînera un important transfert technologique», a précisé le même responsable non sans mettre en avant les économies importantes de devises que ferra l'Algérie. «Cela se situera entre 10 et 20 millions d'euros par an», a-t-il fait savoir. À moyen terme, ce projet sera aussi appelé à faire entrer des devises pour le pays puisque Ipsen envisage de passer à l'exportation après avoir satisfait la demande nationale. «Pour le moment, l'objectif primordial est l'ouverture de cette usine qui répondra aux besoins nationaux. Néanmoins, il n'est pas exclu qu'à moyen terme on passe à l'exportation», a révélé Guillaume Freneuil. L'usine Ipsen doit ainsi permettre à l'Algérie de rentrer de plain-pied dans cette industrie de pointe. Près d'une centaine de personnes vont être formés pour gérer ce pôle industriel. «Ce sont des compétences algériennes hautement qualifiées qui suivront durant les trois prochaines années des formations au niveau de l'usine française», a assuré, de son côté, le vice- président exécutif du groupe Ipsen, Benoît Hennion. «Il y a un engagement clair pour le transfert technologique déposé auprès du ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière. Il y a des compétences hautement qualifiées, des experts qui vont assurer le transfert de technologie en formant des ingénieurs, des pharmaciens, des chimistes et des microbiologistes», a-t-il poursuivi avec beaucoup d'optimisme. Une centaine d'emplois «hautement qualifiés» Il faut dire que ce projet d'envergure, qui coûtera la bagatelle de 20 millions d'euros, doit traiter un grave problème de santé publique. Cet investissement à forte valeur ajoutée porte sur la fabrication d'un médicament injectable, Decapeptyl (triptoreline), indiqué pour le traitement du cancer de la prostate, troisième type de cancers masculins en Algérie. «En plus du traitement du cancer de la prostate, ce même médicament d'autres indications comme le traitement de la puberté précoce et certaines maladies touchant les femmes telle l'endométriose, les fibromes utérins et l'infertilité féminine», ont mis en avant les responsables de ce projet de partenariat. Il faut dire que le jeune Lyès Boudiaf, responsable d'Isly Holding, est un homme qui a réussi à convaincre un géant! En 2017, Ipsen a réalisé un chiffre d'affaires de 1,9 milliard d'euros. C'est dire l'importance de ce laboratoire qui s'est mis en «made in bladi». On est donc en droit d'espérer de voir nos laboratoires sortir de la fabrication du paracétamol et autres antibiotiques qui sont en surproduction. Le rêve est désormais permis...